Le Maréchal Jourdan
guerre avec ses divisionnaires, à
peu près les mêmes qu’à Fleurus ; mais il leur fit comprendre que cette
fois, étant donné le côté réduit du front, il entendait diriger lui-même l’ensemble
de la manoeuvre.
La base de départ de l’armée française était assez éloignée des lignes adverses,
ce qui fit que la marche d’approche dura toute la matinée du 2 octobre et
que le combat ne débuta qu’au milieu de l’après-midi. Or, à cette époque
de l’année, les journées sont assez courtes. Ernouf le fit remarquer à Jourdan,
suggérant de reporter l’attaque au lendemain. Mais ce dernier, imaginant mal son
armée immobile en étant si proche de l’adversaire et ne voulant pas prendre le
risque d’un combat de nuit dans des conditions défavorables, s’y refusa.
Il tablait du reste sur l’état de découragement de l’armée autrichienne
pour mener rapidement son affaire. Si on lui a reproché d’avoir attaqué aussi
tardivement, c’est que ses détracteurs n’ont pas compris les raisons qui
l’avaient poussé à prendre une telle décision.
Contrairement aux pronostics de Clerfayt qui jugeait le plateau d’Aldenhoven
imprenable, l’infanterie de Championnet, appuyée par la cavalerie de Merlot,
l’enleva assez facilement puis ensemble elles résistèrent à toutes les
contre-attaques autrichiennes qui manquaient d’ailleurs de conviction. Dès ce
moment, l’armée ennemie était pratiquement coupée en deux et à gauche Kléber
n’eut aucune peine à déloger la droite de l’adversaire. Mais, sur
l’aile droite française, la bataille demeura longtemps incertaine. Schérer qui la
commandait avait divisé ses forces en deux colonnes, l’une aux ordres de Lorges et
de Marceau et l’autre à ceux de Hacquin. Malheureusement, celui-ci, qui devait
franchir la Roër en amont puis esquisser un mouvement tournant contre l’aile gauche
autrichienne, s’égara au cours de sa marche d’approche. De ce fait,
Schérer l’attendit un long moment et démarra son mouvement offensif encore plus tard
que Jourdan, bien que ce dernier l’en pressât. Il enleva le village de Düren malgré
une résistance furieuse des Autrichiens. Ceux-ci contre-attaquèrent alors et faillirent
reprendre le bourg. Schérer avait lancé toutes les unités qu’il avait sous la main
dans la mêlée, et Jourdan n’avait plus de réserves à lui envoyer, voulant conserver
toutes ses forces à matitenir les autres positions conquises. Le soir commençait à tomber et la
situation des Français demeurait incertaine sur leur droite, lorsque Hacquin, qui, comprenant
son erreur, avait fait demi-tour et marché au canon, déboucha sur le champ de bataille. Au lieu
de soutenir simplement Schérer, il commença à envelopper toute la gauche autrichienne. À des
soldats épuisés par plusieurs heures de combat, il opposait des troupes fraîches même si elles
avaient marché une bonne partie de la journée. Clerfayt comprit immédiatement le danger et
ordonna un décrochage général qui lui permit une fois encore de sauver son armée de la
destruction totale. Mais l’addition était lourde. Il laissait plus de quatre mille
morts sur le terrain et mille cinq cents à deux mille prisonniers aux mains des Français. Cette
bataille, nommée d’Aldenhoven ou de la Roër, était un nouveau succès à porter à
l’actif de Jourdan. Elle n’eut toutefois pas, sans que l’on
sache pourquoi, le même retentissement que Fleurus.
Comprenant qu’il n’avait pas les moyens pour tenir la ligne du fleuve,
le général en chef autrichien, après avoir traversé le Rhin et détruit les ponts, renonça à la
défendre et continua à retraiter vers l’est. Successivement, et sans véritable
résistance, Cologne, Bonn et Coblence tombèrent aux mains des Français durant le mois
d’octobre.
Pendant que Jourdan marchait en direction du Rhin, raflant chaque jour des prisonniers à
Clerfayt, Pichegru, qui manquait visiblement d’allant, avait envahi la Hollande afin
de faire disparaître la menace qui pouvait peser sur la gauche de l’armée de Sambre
et Meuse. Carnot le harcelait de lettres le pressant de se hâter, mais Pichegru prenait son
temps. Dès cette époque, sans que l’on sache exactement depuis quand, il était entré
en rapport avec des agents de Louis XVIII. Il trahissait donc le gouvernement qui
l’employait
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