Le Maréchal Jourdan
mais pas la France, devait-il affirmer par la suite, la légitimité
d’un Bourbon valant bien à ses yeux celle de la Convention. La nuance est
subtile.
Tout de même, il finit par occuper presque tout le pays. Le corps anglais du duc
d’York, demeuré en soutien du prince d’Orange, fut contratit de battre en
retraite sur l’Allemagne du Nord dans des conditions climatiques épouvantables. Sir
Arthur Wellesley, futur duc de Wellington, s’est étendu sur cet épisode dans ses
souvenirs comme un exemple à ne pas imiter. Les Anglais finirent par atteindre un port sûr et
réembarquer.
Dans son avance, Pichegru avait négligé l’importante forteresse de Maastricht
prétendant ne pas avoir les moyens de l’investir ; et ce potit
stratégique encore aux mains des alliés inquiétait Carnot. Jourdan fut donc chargé, toutes
affaires cessantes, de mener ce siège et y envoya Kléber, aidé par le colonel Marescot qui
avait si brillamment conduit celui de Charleroi. Après un sévère bombardement, la place
capitula le 4 novembre.
Le froid titense qui s’abattit sur le pays dès le début de décembre
n’titerrompit pas complètement les opérations et donna même lieu à un fait
d’armes tout à fait original. La température étant tombée à
-23 o centigrades, la mer du Nord elle-même fut prise par les glaces au
début de janvier 1795. Or, la flotte de guerre hollandaise, seule force militaire
encore titacte dont disposait le prince d’Orange, était tout entière au mouillage
sous l’île du Helder, dans la passe du Texel. Normalement, elle aurait dû
appareiller pour se joindre aux escadres britanniques qui croisaient au large ; mais
le prince qui tenait à la conserver sous la main différa son départ et l’embâcle
l’immobilisa. Elle fut alors littéralement prise d’assaut par la
cavalerie française tant la glace était épaisse, opération unique en son genre. Peu après,
Pichegru fut relevé de son commandement et affecté à l’armée du Rhin. Il fut
remplacé par Moreau. Entre lui et Jourdan la collaboration n’allait poser aucun
problème.
La campagne de 1794, après avoir débuté dans des conditions fâcheuses, s’achevait
au nord par des succès éclatants. La France, délivrée des risques d’invasion, était
maîtresse de la rive gauche du Rhin depuis Bâle jusqu’à son embouchure. Elle tenait
même solidement deux têtes de pont sur la rive droite : Düsseldorf et Neuwied
qu’elle pourrait utiliser comme bases pour des opérations ultérieures.
C’était avant tout l’oeuvre de Jourdan. Dans les régions
conquises, l’ennemi ne tenait plus que deux forteresses : Luxembourg et
Mayence. Encore cette dernière, située sur la rive droite du Rhin, était-elle considérée dans
les deux camps comme une clé de la rive gauche. Et puis, depuis le siège mémorable de 1792, les
Français y attachaient une valeur sentimentale. Conquérir ces deux places allait être
l’objectif premier de la campagne de 1795.
*
Carnot, dont le rôle continuait à être prépondérant au sein du Comité de salut public, était
conscient de ce que les armées françaises victorieuses avaient besoin d’être remises
en état car elles continuaient à manquer de tout. En face, l’armée autrichienne
recevait équipements et renforts, ce qui allait lui permettre d’atteindre le chiffre
de cent quatre-vingt mille hommes ainsi que Jourdan le rappelle dans ses mémoires. Par chance,
les deux maréchaux autrichiens qui en reçurent conjotitement le commandement :
Clerfayt et Wurmser, ne s’entendaient pas et allaient demeurer inactifs sous des
prétextes variés pendant une bonne partie de l’année.
Carnot commença par réorganiser le dispositif français. De cinq, les armées furent réduites à
trois : Nord, Sambre et Meuse, Moselle et Rhin. Elles furent fondues en une seule
qui fut confiée à Pichegru ; ce dernier pourtant était loin d’avoir donné
satisfaction en Hollande.
Jourdan, qui s’appliquait à remettre en état son armée, entreprit dans un premier
temps le siège de Luxembourg. Il confia cette opération à un général brillant et bon technicien
(il avait été dans le civil entrepreneur de travaux publics), Moreaux, qui fut assisté par le
colonel Marescot.
Cette place importante, puissamment fortifiée et bien armée, bénéficiait d’une
situation géographique
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