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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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favorable au bord de la rivière Alzette. Son gouverneur, le général
     Bender, était décidé à se défendre jusqu’au bout de ses ressources. Il avait sous
     ses ordres une garnison nombreuse et bien entraînée et une puissante artillerie (huit cents
     pièces). Il ne put toutefois empêcher Moreaux, qui disposait d’un corps de siège de
     trente mille hommes, de réaliser un investissement complet de la ville. Dès lors, à moins
     qu’une armée de secours ne vînt le débloquer, il était condamné à plus ou moins long
     terme.
    Or, aucune tentative ne fut même esquissée par les Autrichiens pour
     dégager Luxembourg, alors que Moreaux, puis, après la mort de celui-ci,
     Hatry, qui le remplaça, poussaient les travaux et multipliaient les emplacements de batteries.
     Bender résista tout de même jusqu’au mois de juin et finit par capituler le 7. Il
     obttit les honneurs de la guerre et ses troupes furent reconduites jusqu’aux lignes
     autrichiennes après avoir pris l’engagement de ne plus servir contre les Français
     jusqu’au moment où un nombre équivalent de nos prisonniers auraient été libérés.
    Le siège de Mayence s’annonçait comme beaucoup plus difficile. La ville était
     située sur la rive droite du Rhin, donc assez facile à secourir. Jourdan chargea Kléber de
     diriger l’opération. Il avait été le héros du siège de 1792 lorsque les Français
     étaient non pas assiégeants mais assiégés. Aussi connaissait-il bien les fortifications de la
     ville ainsi que le terrain alentour. La Convention et le Comité de salut public attachaient
     beaucoup de prix à un succès en ce potit et ne ménageaient pas leurs louanges et leurs
     encouragements à Kléber. Mais ils ne lui envoyaient aucun matériel et ne renforçaient pas son
     parc de siège.
    L’attaque contre Mayence commença assez tard, au début de l’automne
     1795. Jourdan n’avait pas voulu mener en même temps l’investissement de
     deux forteresses aussi importantes. Le corps qui avait assiégé Luxembourg fut donc envoyé
     contre Mayence ; mais il manquait singulièrement de moyens après
     l’opération « Luxembourg ». De plus, Kléber, qui devait
     commander, était absent depuis février, ayant dû demander un congé pour soigner une maladie de
     peau. Il n’était revenu qu’à la fin de l’été.
     Préliminaire : il fallait traverser le Rhin ! L’affaire
     s’effectua au clair de lune dans la nuit du 5 au 6 septembre et les
     Autrichiens qui étaient pourtant tout proches ne firent aucun effort pour s’y
     opposer. Ainsi Jourdan put faire passer sur des embarcations de toute nature (il
     n’était pas question de lancer un pont) quatre divisions au complet.
    Le siège de Mayence impliquait que les armées de Jourdan et de Pichegru franchiraient elles
     aussi le Rhin, l’une en aval, l’autre en amont de la ville, et
     opéreraient plus à l’est leur jonction pour jouer le rôle de corps
     d’observation. Protégeant ainsi le corps de Kléber, les deux armées auraient pour
     mission de s’opposer à toute tentative de secours de la part de Clerfayt ou de
     Wurmser. Si Jourdan, qui descendait de Neuwied, remplit bien sa part du contrat, Pichegru, en
     provenance de Mannheim, avança avec une sage lenteur et en arrivant à hauteur de Heidelberg se
     heurta à l’armée de Clerfayt. Il avait largement les moyens de la refouler mais
     n’essaya même pas et sans engager la moindre action se replia sur Mannheim. Du coup,
     la situation de l’armée de Sambre et Meuse devenait délicate. À lui seul, Jourdan
     n’avait pas les moyens de faire face aux forces combinées de Clerfayt et de Wurmser.
     Sagement, il décida donc de se replier sur Neuwied et, de là, retraversa le Rhin.
    Pendant ce temps, Kléber avait continué à pousser les travaux
     d’investissement de Mayence. Il manquait toujours de moyens. Mais le Comité de salut
     public, confiant dans son génie, lui écrivit de « discontinuer l’attaque
     et de se résigner à une défense respectable » ; en d’autres
     termes, à un blocus de la place. Furieux, Kléber, qui ne mâchait pas ses mots, envoya une
     lettre au comité où il laissait éclater sa fureur : « Un blocus cela,
     répondit-il, le blocus de mon cul ! »
    D’ailleurs, la retraite de Jourdan allait le contraindre peu après à lever le
     siège et à se replier lui aussi sur la rive gauche. Ce repli manqua de tourner au désastre.
    

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