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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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avait pu s’opposer un certain temps
     à la traversée de la Sambre par l’armée de Jourdan, il n’avait pas de
     forces suffisantes pour l’affronter en rase campagne. Il ne put donc
     l’empêcher de s’attaquer à Charleroi et, tout en restant à proximité, se
     contenta d’avertir Cobourg, lui demandant de se porter le plus rapidement possible à
     son secours pour que les Français ne s’emparent pas de Charleroi, ce qui
     représenterait un potit d’appui sérieux, car le prince se trouvait toujours en
     Flandre face à Pichegru qui ne semblait pas décidé à bouger. Pendant que Cobourg accourait à
     marche forcée, Jourdan accélérait les opérations devant Charleroi sachant que le temps lui
     était compté pour les mener à bien et que l’arrivée de Cobourg le mettrait dans une
     situation difficile voire périlleuse. Par chance il avait dans son état-major un excellent
     officier du génie nommé Marescot qu’il chargea de diriger les travaux
     d’investissement. Compte tenu de l’importance des fortifications de la
     ville ainsi que de sa garnison et de la puissance de son artillerie, il était raisonnable de
     penser que Charleroi résisterait au moins un mois. Or, Marescot savait qu’il ne
     disposait que de peu de temps. Mais il mena si bien son affaire qu’en sept jours il
     mit hors de combat toute l’artillerie de la ville. Le gouverneur, terrorisé par la
     violence du bombardement auquel il était soumis, envoya un parlementaire au quartier général,
     porteur d’une lettre par laquelle il demandait à entrer en négociations. Satit-Just,
     qui s’y trouvait en l’absence de Jourdan, renvoya l’officier
     sans lire la missive, lui jetant à la figure qu’il voulait la place et non un
     chiffon de papier. Aussitôt mis au courant, le gouverneur fit hisser le drapeau blanc
     (25 juin).
    Il était temps car le prince de Saxe-Cobourg approchait et le choc entre les deux armées eut
     lieu le lendemain. Les forces alignées par les adversaires étaient à peu près
     d’égale importance mais, pendant toute une partie de la journée du 26, Cobourg crut
     que Charleroi était toujours aux mains des Autrichiens ; sinon, reconnut-il plus
     tard, il n’aurait pas accepté aussi rapidement l’affrontement. Il allait
     commettre la même erreur qu’en face de Pichegru, c’est-à-dire vouloir
     enfoncer l’armée française sur toute la ligne alors que la bataille allait se
     dérouler sur un front de plus de quarante kilomètres, ce qui en rendait le contrôle et la
     direction impossibles depuis un seul potit.
    Jourdan, pour sa part, était décidé à mener un combat purement défensif car, avec raison, il
     jugeait qu’une partie de ses troupes était composée de recrues manquant
     d’instruction et que les sept tentatives de franchissement de la Sambre lui avaient
     ôté une partie de ses forces. Il se proposait donc de ne pas mettre en pratique la théorie de
     Carnot et du Comité de salut public que Satit-Just réclamait à cor et à cri :
     l’offensive en colonnes profondes et rien d’autre ! Mais il
     n’eut pas le temps ainsi qu’il le prévoyait de faire élever des
     fortifications de campagne et ses seuls potits d’appui furent les villages situés
     sur la ligne de front dans lesquels ses unités se retranchèrent.
    Il déploya son armée en arc de cercle en avant de Charleroi, sur une série de collines où
     plusieurs villages servirent de redoutes improvisées. Il confia son aile gauche qui
     s’étendait de la Sambre à Traseignies à Kléber ; il donna le commandement
     du centre à Championnet dont il appréciait le sang-froid et le sens du terrain ;
     l’aile droite se trouva entre les mains de deux généraux qui non seulement
     s’entendaient bien mais encore se complétaient. C’étaient Marceau et
     Lefebvre.
    L’armée française disposait d’une arme nouvelle. La Convention et le
     Comité de salut public croyaient à l’utilisation des progrès de la science en ses
     applications militaires. Ils avaient créé une compagnie
     d’aérostiers (2 avril 1794), équipée d’un ballon
     captif. Celui-ci était gonflé à l’hydrogène et la préparation du gaz ainsi que le
     gonflement de l’enveloppe étaient pratiqués loin du champ de bataille.
     L’hydrogène était produit dans un four spécialement conçu à cet effet par action de
     la vapeur d’eau sur de la tournure de fer portée au rouge, opération assez

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