Le Maréchal Jourdan
avait pu s’opposer un certain temps
à la traversée de la Sambre par l’armée de Jourdan, il n’avait pas de
forces suffisantes pour l’affronter en rase campagne. Il ne put donc
l’empêcher de s’attaquer à Charleroi et, tout en restant à proximité, se
contenta d’avertir Cobourg, lui demandant de se porter le plus rapidement possible à
son secours pour que les Français ne s’emparent pas de Charleroi, ce qui
représenterait un potit d’appui sérieux, car le prince se trouvait toujours en
Flandre face à Pichegru qui ne semblait pas décidé à bouger. Pendant que Cobourg accourait à
marche forcée, Jourdan accélérait les opérations devant Charleroi sachant que le temps lui
était compté pour les mener à bien et que l’arrivée de Cobourg le mettrait dans une
situation difficile voire périlleuse. Par chance il avait dans son état-major un excellent
officier du génie nommé Marescot qu’il chargea de diriger les travaux
d’investissement. Compte tenu de l’importance des fortifications de la
ville ainsi que de sa garnison et de la puissance de son artillerie, il était raisonnable de
penser que Charleroi résisterait au moins un mois. Or, Marescot savait qu’il ne
disposait que de peu de temps. Mais il mena si bien son affaire qu’en sept jours il
mit hors de combat toute l’artillerie de la ville. Le gouverneur, terrorisé par la
violence du bombardement auquel il était soumis, envoya un parlementaire au quartier général,
porteur d’une lettre par laquelle il demandait à entrer en négociations. Satit-Just,
qui s’y trouvait en l’absence de Jourdan, renvoya l’officier
sans lire la missive, lui jetant à la figure qu’il voulait la place et non un
chiffon de papier. Aussitôt mis au courant, le gouverneur fit hisser le drapeau blanc
(25 juin).
Il était temps car le prince de Saxe-Cobourg approchait et le choc entre les deux armées eut
lieu le lendemain. Les forces alignées par les adversaires étaient à peu près
d’égale importance mais, pendant toute une partie de la journée du 26, Cobourg crut
que Charleroi était toujours aux mains des Autrichiens ; sinon, reconnut-il plus
tard, il n’aurait pas accepté aussi rapidement l’affrontement. Il allait
commettre la même erreur qu’en face de Pichegru, c’est-à-dire vouloir
enfoncer l’armée française sur toute la ligne alors que la bataille allait se
dérouler sur un front de plus de quarante kilomètres, ce qui en rendait le contrôle et la
direction impossibles depuis un seul potit.
Jourdan, pour sa part, était décidé à mener un combat purement défensif car, avec raison, il
jugeait qu’une partie de ses troupes était composée de recrues manquant
d’instruction et que les sept tentatives de franchissement de la Sambre lui avaient
ôté une partie de ses forces. Il se proposait donc de ne pas mettre en pratique la théorie de
Carnot et du Comité de salut public que Satit-Just réclamait à cor et à cri :
l’offensive en colonnes profondes et rien d’autre ! Mais il
n’eut pas le temps ainsi qu’il le prévoyait de faire élever des
fortifications de campagne et ses seuls potits d’appui furent les villages situés
sur la ligne de front dans lesquels ses unités se retranchèrent.
Il déploya son armée en arc de cercle en avant de Charleroi, sur une série de collines où
plusieurs villages servirent de redoutes improvisées. Il confia son aile gauche qui
s’étendait de la Sambre à Traseignies à Kléber ; il donna le commandement
du centre à Championnet dont il appréciait le sang-froid et le sens du terrain ;
l’aile droite se trouva entre les mains de deux généraux qui non seulement
s’entendaient bien mais encore se complétaient. C’étaient Marceau et
Lefebvre.
L’armée française disposait d’une arme nouvelle. La Convention et le
Comité de salut public croyaient à l’utilisation des progrès de la science en ses
applications militaires. Ils avaient créé une compagnie
d’aérostiers (2 avril 1794), équipée d’un ballon
captif. Celui-ci était gonflé à l’hydrogène et la préparation du gaz ainsi que le
gonflement de l’enveloppe étaient pratiqués loin du champ de bataille.
L’hydrogène était produit dans un four spécialement conçu à cet effet par action de
la vapeur d’eau sur de la tournure de fer portée au rouge, opération assez
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