Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
n’avait perdu
     aucune bataille et s’était conformé strictement à ses ordres. C’était
     exact. Mais il avait eu le tort, en septembre, de poursuivre une progression sans objet au lieu
     de manoeuvrer pour se porter au secours de son camarade. Heureusement pour Jourdan, on
     n’était plus à l’époque de la Convention où les généraux malheureux
     devaient venir essayer de se justifier devant le tribunal révolutionnaire. Il fut
     officiellement relevé de son commandement, le 9 septembre, et
     remplacé par Beurnonville, le 23. C’était un des plus médiocres
     généraux dont disposait la République, qui non seulement n’entreprit rien mais
     laissa le désordre s’installer dans l’armée de Sambre et Meuse. Plein
     d’illusions, le Directoire aurait voulu qu’il reprît
     l’offensive pour soulager Moreau. Ce furent Kléber et surtout Bernadotte qui en
     dissuadèrent Carnot. Ce fut donc le seul Moreau qui allait porter le poids d’une
     nouvelle campagne pour 1797.
    Se sentant tout de même mauvaise conscience, le gouvernement nomma Jourdan commandant en chef
     de l’armée du Nord à titre provisoire, le 8 octobre. Mais celui-ci avait
     quitté le théâtre des opérations depuis près de quinze jours. Il était retourné à Limoges,
     s’était installé dans sa mercerie et avait une fois de plus accroché son uniforme de
     général en chef dans sa vitrine. Refusant cette promotion de raccroc, il boudait ouvertement
     les directeurs.
    Seulement, sur place, sa popularité de général victorieux demeurait titacte auprès de ses
     compatriotes. À leurs yeux, il restait le plus illustre enfant du pays. Ils allaient bientôt le
     lui prouver. Cet état de fait qu’il découvrit avec ravissement et étonnement, et qui
     ne fut pas pour rien dans son comportement vis-à-vis de Paris, le décida à changer son fusil
     d’épaule. Il allait se lancer dans la politique.
    1 -
    Du même auteur, même éditeur : Le Général Moreau .

V
    DÉBUTS EN POLITIQUE
    (1797-1799)
    Lorsqu’on a commandé en chef une armée de plus de cent mille hommes et que
     l’on a remporté avec elle plusieurs grandes batailles, il peut paraître frustrant de
     retourner derrière un comptoir dans une petite ville de province pour y vendre des boutons ou
     des aiguilles à tricoter. Ce fut pourtant ce que fit Jourdan, se donnant ainsi la stature de
     l’un de ces généraux romains qui élevaient l’abnégation à la valeur
     d’une vertu. Il espérait bien que ses compatriotes auprès de qui sa popularité
     demeurait immense ne l’abandonneraient pas à ce sort misérable et son calcul allait
     se révéler juste. Certes, même si le Jacobinisme n’était plus de mode, il
     n’avait rien renié de ses convictions alors qu’à Limoges la tendance
     modérée était redevenue le Credo des autorités municipales et départementales. Mais les
     citoyens ne s’arrêtèrent pas à de tels détails. Jourdan était devenu et demeurait
     leur grand homme. Ils décidèrent de lui ouvrir la carrière politique, ce qui correspondait
     exactement à ses désirs titimes.
    En cette fin d’année 1796, la France, régie par la constitution de
     l’an III, était gouvernée par un pouvoir exécutif : le
     Directoire, et un pouvoir législatif composé de deux assemblées : le Conseil des
     Anciens, chambre haute comparable à notre Sénat et le Conseil des Cinq-Cents qu’il
     est possible d’assimiler à notre Assemblée nationale. Assez curieusement, ces deux
     chambres étaient renouvelables par tiers tirés au sort chaque année, ce qui aura pour
     conséquence l’impossibilité d’y avoir une majorité stable et du même bord
     pendant plus d’un an. En 1797, un seul membre du Conseil des Anciens représentant la
     Haute-Vienne eut à se présenter devant les électeurs et, d’ailleurs, pour faire
     partie de cet aréopage il fallait être âgé d’au moins quarante ans, ce qui
     n’était pas le cas de Jourdan. Mais, un des députés aux Cinq-Cents perdit son siège
     et ne se représenta pas. Des élections devaient donc avoir lieu dans ce département. Elles se
     tinrent en avril 1797. Le 10 de ce mois, il fut procédé à l’élection
     préalable du bureau de l’assemblée électorale chargée de surveiller le déroulement
     du scrutin et d’en contrôler les résultats. Le suffrage universel
     n’existait pas. Les élections se tenaient au suffrage censitaire et seuls les
     contribuables

Weitere Kostenlose Bücher