Le Maréchal Jourdan
était suffisante pour remplir
une telle mission. Or, l’archiduc Charles, qui se trouvait avec une partie de son
armée plus au sud, ne sachant exactement s’il devait affronter en premier Jourdan ou
Moreau, en apprenant la nouvelle de la défaite d’Altenkirchen, se hâta de remonter
au nord au secours de son lieutenant. Avec leurs forces combinées, il se jeta sur Lefebvre et
lui infligea, le 7 juin, une défaite à Wetzlar. La gauche du dispositif français était
« en l’air ». Du coup, la situation de Jourdan devenait
périlleuse. titerrompant sa marche en avant, il retraita avec méthode sur sa base de départ à
Neuwied et l’archiduc, s’il le suivit à distance jugea qu’il
n’avait pas des forces suffisantes pour l’affronter. L’avance
de l’armée de Sambre et Meuse se trouvait donc momentanément annulée. Toutefois, ce
mouvement d’aller et retour n’avait pas été inutile, car pendant que
l’archiduc Charles battait Lefebvre, Moreau, qui n’avait plus devant lui
qu’un rideau de troupes, avait traversé le Rhin à Kehl sans rencontrer
d’opposition. À présent, les Autrichiens avaient à combattre
alternativement deux armées françaises. Estimant que Jourdan était hors jeu pour un certain
temps, l’archiduc qui avait l’avantage de manoeuvrer sur des
lignes titérieures décida de concentrer ses efforts contre Moreau.
Celui-ci eut un comportement identique à celui de Jourdan, appliquant de la même manière les
ordres du Directoire. Au lieu de se débarrasser des différentes unités autrichiennes
disséminées sur le terrain autour de lui, il commença à remonter la vallée du Neckar,
bousculant tout de même au passage les dix mille Autrichiens de Renchen. Il négligea par contre
le corps de Latour et laissa à celui-ci l’opportunité de faire sa jonction avec les
forces de Charles. L’archiduc ayant concentré toutes ses troupes décida
d’agir vis-à-vis de Moreau comme il l’avait fait avec Jourdan. Mais ce
dernier, dont les qualités de manoeuvrier valaient bien celles de
l’archiduc, était sur ses gardes. Les Autrichiens furent donc contratits de livrer
une bataille dans des conditions où les forces s’équilibraient. Elle se déroula le
9 juillet à Rothensol et fut indécise. Chacun se proclama victorieux. Au soir de ce
jour, l’archiduc entama une retraite, laissant Moreau maître du terrain. Il avait de
bonnes raisons pour cela.
Dans les derniers jours de juin, Jourdan, constatant qu’il n’avait plus
en face de lui que le corps de Wartensleben, avait repris sa marche en avant, bien décidé à en
finir avec cet Autrichien. Mais, sans se laisser accrocher, Wartensleben retraita en toute hâte
conformément aux instructions qu’il avait reçues, se dérobant habilement devant les
Français. Seulement, dès ce moment, le gros de l’armée autrichienne risquait
d’être pris en tenailles entre les deux armées ennemies, ce qui explique le repli de
Charles après la bataille de Rothensol. Alors que Jourdan avançait rapidement, occupant
successivement Francfort, Würzburg, Bamberg et Amberg, l’archiduc dont le gros des
troupes faisait toujours face à Moreau décida d’affronter une nouvelle fois ce
dernier. Le choc eut lieu le 11 août à Neresheim. Un instant, les Autrichiens se
crurent vainqueurs car leur cavalerie, toujours supérieure à la nôtre, débordait des deux ailes
de l’armée du Rhin. Mais Moreau, toujours brillant tacticien, sans perdre son
sang-froid, réussit à enfoncer le centre de son adversaire et contraignit celui-ci à entamer un
mouvement rétrograde, traversant même le Danube dont il fut contratit de détruire les
ponts.
À ce moment, la situation personnelle de l’archiduc était assez critique. Une
partie des membres du conseil aulique, qui ne comprenaient pas qu’il cédât autant de
terrain sans le disputer sérieusement à ses adversaires, demandait avec insistance
qu’il fût relevé de son commandement. Par chance pour lui, il fut à même de
surmonter cette crise, en partie parce que le conseil ne parvenait pas à désigner un général
susceptible de le remplacer.
Cependant, le plan de l’archiduc pour stopper l’invasion semblait
pouvoir se concrétiser car au fur et à mesure qu’elles avançaient en territoire
ennemi, les deux armées françaises s’éloignaient l’une de
l’autre et
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