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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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poste à l’étranger de faire preuve
     de magnificence, avait mené grand train. S’étant logé dans un des plus
     beaux palais de la ville, il avait multiplié les réceptions, les fêtes, les parades, y
     déployant un luxe insolent afin d’éblouir les Milanais. Mais c’étaient
     eux qui, à la fin du compte, avaient payé tant de faste et ils en conservaient un souvenir
     plutôt amer.
    Nullement porté à ce genre de démonstrations, Jourdan en prit exactement le contre-pied. Il
     s’installa au palais Bouara, beaucoup plus modeste, mit un terme à toutes les
     extravagances de Murat et réduisit son personnel à un état-major. Les contribuables lui en
     surent gré, ce qui allait d’autant plus aboutir à d’excellentes relations
     que, pour se le concilier, les Milanais lui firent quelques petits cadeaux.
    En principe, en temps de paix, le commandant en chef d’une armée avait un rôle
     purement administratif, se contentant de surveiller ses régiments et l’état
     des équipements. Il s’titéressait aussi à
     l’organisation de manoeuvres et au degré de préparation de ses divisions.
     Certes, ce n’était plus la paix puisque celle d’Amiens était rompue
     depuis le 16 mai 1803 ; mais, pour l’heure, le conflit
     se limitait à la France et la Grande-Bretagne et n’titéressait en rien
     l’Italie.
    Toutefois, Jourdan ne devait pas perdre de vue que, malgré la création des républiques
     « soeurs » en Lombardie (qui seraient bientôt transformées en
     royaumes), l’armée d’Italie étaient une armée d’occupation, ce
     qui entraînait pour son commandant en chef des obligations supplémentaires, sans compter le
     fait qu’en contact avec les unités autrichiennes sur l’Adige, il était
     astretit à une vigilance constante, même s’il n’y avait aucun signe
     d’hostilité. Des contestations sur le tracé de la frontière mal définie et des
     heurts de patrouilles étaient monnaie courante, ce qui donnait lieu à
     d’titerminables discussions avec les officiers autrichiens.
    Quoique son commandement ait été centré sur l’Italie, Jourdan
     s’titéressait à titre personnel aux autres théâtres d’opérations
     éventuels. C’est ainsi qu’en correspondance avec plusieurs généraux, il
     se renseigna sur le camp de Boulogne. Créé par Bonaparte en juin 1803, ce vaste
     ensemble, étalé le long de la côte du pas de Calais, était destiné à la formation
     d’une armée dont l’objectif était un débarquement en Angleterre. Jourdan
     fut d’autant plus titéressé par ce projet qu’il comprit presque
     immédiatement que personne n’avait la moindre idée sur la manière dont se menait ce
     genre d’opération. On savait mettre à terre sur un territoire hostile une grande
     unité appuyée par une flotte, à condition qu’elle ne rencontrât pas
     d’opposition. Mais faire prendre pied à une armée de plus de cent mille hommes en
     ordre de bataille, sur un terrain fortement tenu par l’ennemi, était un problème
     d’une tout autre ampleur et qui n’avait jamais été réalisé.
    En revanche, il évita systématiquement, et dans la mesure du possible, de toucher aux
     difficultés posées par l’administration civile. Elle était placée entre les mains
     d’un gentilhomme piémontais, Melzi d’Eril, vice-président de la
     République, parfaitement compétent et loyal. Mais, en pratique, celui-ci ne pouvait prendre
     aucune décision sans avoir reçu au préalable l’accord du commandant en chef de
     l’armée. Jourdan, fidèle à la ligne de conduite qu’il s’était
     tracée, approuva donc tous les choix de Melzi d’Eril et signa sans les lire tous ses
     décrets. Cette manière de procéder ajouta encore, si besoin était, à sa popularité.
    Lorsque le premier consul commença à laisser entendre qu’il comptait, dans un
     proche avenir, transformer la république italienne en un royaume dont il
     s’attribuerait la couronne, Jourdan se garda comme de la peste de se mêler à ces
     titrigues et fit la sourde oreille à tous les appels du pied lancés par Bonaparte en ce sens.
     Mais, bien entendu, il ne fit rien non plus pour contrecarrer les desseins du premier
     consul.
    *
    Prenant comme prétexte la tentative d’assassinat de Cadoudal, Bonaparte, dans son
     désir d’assurer la stabilité et la continuité du pouvoir, décida de transformer la
     république consulaire en une monarchie héréditaire à son

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