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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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réflexions laissant entendre qu’il y avait bien peu de chances pour que le roi
     revienne un jour, fut accueillie avec enthousiasme par tout ce que le Piémont comptait de
     républicains. Les royalistes se résignèrent avec une certaine facilité, d’autant que
     la personnalité de Charles-Emmanuel avait assez peu marqué les esprits. Et puis, après tout,
     cette république bonapartiste semblait amener un régime d’ordre et de calme. Jourdan
     organisa de grandes fêtes populaires pour souligner l’événement et
     l’ensemble de la population, par la voix du Conseil des Six, pria Jourdan
     d’exprimer sa reconnaissance au gouvernement consulaire.
    La transition semblait donc devoir s’accomplir sans
     difficultés majeures lorsque monsieur de Satit-Marsan essaya de rouvrir la discussion. Il
     s’attardait à Paris car, s’il souhaitait faire traîner les négociations,
     il n’entendait pas les clore, espérant trouver une ouverture pour rendre son trône à
     son souverain. Il fut toutefois prié de plier bagage et quitta Paris, le
     3 juillet 1801, pour rejoindre son maître. Lorsque, quelques mois plus tard,
     il écrivit au premier consul en demandant une nouvelle entrevue, il lui fut répondu
     qu’il était trop tard et que les jeux étaient faits.
    Dans les mois qui suivirent, Jourdan s’appliqua à administrer la province en
     ménageant les susceptibilités, tout en favorisant ouvertement les titérêts français. Il voyagea
     beaucoup et eut de nombreux entretiens avec Brune sur le comportement de ses troupes. Il
     trouvait qu’elles se conduisaient un peu trop comme en pays conquis. Jourdan savait
     parfaitement que cette attitude était due, pour une bonne part, au fait que la solde
     n’était pas payée ou qu’elle l’était avec plusieurs mois de
     retard. Brune, aussi bien que lui, déplorait cette situation mais obtenait difficilement que
     Paris débloquât des fonds, car Bonaparte estimait qu’une armée détachée à
     l’étranger, ou à peu près, devait vivre sur le pays. Or, de son potit de vue, le
     Piémont, même annexé, restait un territoire occupé. Autrement dit, celui-ci avait tous les
     inconvénients des départements nationaux et quelques autres en plus, par-dessus le
     marché !
    En juin 1802, le premier consul officialisa le rattachement sans
     consultation préalable. Il se contenta de promulguer un décret d’amnistie pour les
     délits politiques en général et la révolte de janvier 1801 en particulier. Les
     Piémontais, qui avaient émigré, étaient invités à regagner le pays avant le
     23 septembre, sous peine de voir tous leurs biens confisqués. Bien peu répondirent à
     cette invite ; ils préférèrent servir l’Autriche ou le royaume de Naples.
     Dans la foulée, le gouvernement français abolit le régime féodal qui régissait encore le statut
     de la propriété territoriale et toutes les contratites économiques qu’il entraînait.
     Puis, il invita les jeunes gens, attirés par le métier des armes, à s’inscrire dans
     une école militaire française. Là encore, bien peu d’entre eux répondirent à la
     proposition.
    Le Conseil des Six fut ensuite dissous et les Piémontais envoyèrent vingt députés, élus au
     suffrage censitaire, siéger au Corps législatif à Paris.
    Cette absorption de la moitié de l’Italie du Nord par la France se fit sans
     entraîner de réactions particulières sur le plan européen. L’Autriche
     n’était pas, pour l’heure, en mesure de la contester et la
     Grande-Bretagne, toute à son désir d’entracte dans sa lutte contre la France, ferma
     les yeux. Du reste, le nord de l’Italie l’titéressait
     peu !
    Du fait de son rattachement, le Piémont n’avait plus besoin
     d’un administrateur général et la mission de Jourdan perdait sa raison
     d’être. Il prépara donc son retour en France mais en prenant son temps. Madame
     Jourdan était venue rejoindre son mari depuis plusieurs mois. Cette bourgeoise simple,
     mère de famille nombreuse (sa cinquième fille était née en 1800), avait été bien accueillie
     dans la société turinoise que fréquentait le général. Elle s’était surtout
     titéressée à tout ce qui constituait l’assistance publique et avait obtenu de son
     mari des fonds pour les hospices et les orphelinats qui en avaient particulièrement besoin,
     s’attirant ainsi la reconnaissance de ce clergé que son mari ignorait !
     Aussi fut-elle

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