Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
tout compte fait,
     ce royaume lui convenait assez bien car la vie, malgré la misère profonde du pays, lui semblait
     facile et douce ; les femmes y avaient la réputation de ne pas être trop farouches.
     Cette fois, il avait réussi à préserver ses droits éventuels à la couronne impériale. Il
     comptait bien employer une partie de l’administration locale demeurée sur place,
     mais son frère lui fournit une équipe de Français très compétents. Détail curieux, Napoléon
     avait systématiquement formé celle-ci d’opposants à l’Empire
     qu’il désirait employer à condition que ce fût loin de Paris :
     c’étaient Mathieu Dumas, Roederer, Saliceti, Barrère, le très ancien et fidèle ami
     de Jourdan, Macdonald, en disgrâce depuis 1800, et Jourdan lui-même.
    Si Masséna commandait l’armée et Gouvion-Satit-Cyr l’ensemble des
     garnisons (ce fut une source de frictions entre eux), tous deux souffraient visiblement de se
     voir subordonnés à un homme qui – il le reconnaissait
     lui-même – avait peu de compétences militaires. Napoléon s’en
     avisa et décida de lui envoyer un conseiller. Il choisit Jourdan, toujours animé par le même
     désir de l’employer à distance, et il eut la main heureuse car les deux hommes, qui
     se connaissaient, devinrent vite des amis et s’entendirent bien, presque trop aux
     yeux de Napoléon, toujours suspicieux. Jourdan partit en mars 1806 avec le
     titre de gouverneur militaire de Naples, qui était une des nouvelles divisions du royaume et
     sans doute la plus importante. Les attributions et pouvoirs de ce poste demeuraient des plus
     vagues, de même que celui de conseiller ; et Joseph, qui le sentait mieux que
     personne, nomma au bout de quelques mois le maréchal chef d’état-major de toutes les
     forces armées du royaume.
    *
    La situation générale du royaume de Naples, telle que la trouva Joseph et la découvrit un peu
     plus tard Jourdan, était loin d’être excellente. La noblesse dans sa grande majorité
     boudait et le peuple restait dans l’expectative. L’état désastreux de
     l’économie était dû pour une part au fait qu’en fuyant le roi avait
     emmené non seulement le trésor public, mais tout l’argent qui se trouvait dans les
     banques privées, même si ce n’était pas le sien. De plus, l’état
     lamentable des routes rendait difficile la circulation des denrées. Jusqu’à
     l’arrivée des Français, elles avaient été essentiellement acheminées par mer. Mais
     celle-ci, tenue par les Anglais, rendait à présent le cabotage périlleux voire impossible.
    Les affaires militaires se révélèrent également préoccupantes. Les troupes constituant
     l’armée d’occupation étaient de qualité médiocre et souvent pauvrement
     équipées. Capables de matitenir l’ordre face à des civils désarmés, elles semblaient
     moins fiables s’il fallait les mener au combat. Ce fut du moins ce que Masséna
     laissa entendre à Jourdan, avec qui il avait toujours entretenu de bons rapports, peu après son
     arrivée.
    Or, le roi et la reine des Deux-Siciles, toujours à Palerme, ne demeuraient pas inactifs. Ils
     soutenaient moralement et matériellement les mouvements de résistance aux Français qui
     s’étaient spontanément créés sur le continent. Ils rencontrèrent d’autant
     plus de succès dans le petit peuple que celui-ci confondit facilement patriotisme et
     brigandage. Le droit de tuer et de piller au nom du roi, quelle aubaine ! Dans les
     Pouilles et en Calabre, régions pauvres, des bandes s’organisèrent et se donnèrent
     des chefs. Certains devaient devenir célèbres, tel Fra Diavolo. Ils n’hésitaient pas
     à s’attaquer à de petits groupes de soldats, aux voitures publiques et privées et à
     tous ceux qui semblaient vouloir se rallier aux Français.
    Mais il y eut plus grave. Gaète capitula le 18 juillet 1806. Il était
     temps ! Déjà, comme un coup de semonce, les Anglais avaient occupé le
     11 mai, le jour même où Joseph faisait une entrée officielle dans sa capitale,
     l’île de Capri, à l’entrée du golfe de Naples. Puis, les premiers jours
     de juillet, une armée anglo-sicilienne comprenant cinq mille Anglais et huit mille Siciliens
     débarqua dans la baie de Sant’Eufemia, au nord de Reggio. Ne doutant de rien, les
     Siciliens avaient inclus dans leurs bagages une potence destinée à Joseph ! Non loin
     du potit de débarquement, la division

Weitere Kostenlose Bücher