Le Maréchal Jourdan
d’Austerlitz. À ce moment, âgé de quarante-trois ans, il confia
à un ami : « Je suis vieux à présent ! » et il
pouvait penser que sa carrière était bel et bien terminée.
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Du même auteur, même éditeur : Le Général Moreau .
VIII
NAPLES, UNE EXPÉRIENCE
(1806-1808)
Depuis le milieu du xviii e siècle, les deux royaumes de Naples
et de Sicile, jusqu’alors indépendants, étaient gouvernés par un même souverain,
chef d’une branche de la famille des Bourbons. L’ensemble prendra plus
tard le nom de royaume des Deux-Siciles. Il offrait un curieux mélange de traditions dépassées
datant du Moyen Âge et d’organisation moderne. Ainsi, l’économie, le
commerce et l’agriculture étaient régis par des règles encore féodales. Malgré la
vétusté du système, certaines régions présentaient une agriculture prospère, de petites
propriétés et d’autres restaient arides et constituaient de grands domaines à peine
exploités. Pour sa part, la ville de Naples pouvait s’enorgueillir
d’avoir une des plus modernes universités d’Europe où avait été créée la
première chaire d’économie politique.
Les Bourbons de Naples avaient toujours entretenu de bons rapports avec
leurs cousins français. En 1789, le roi Ferdinand IV ainsi que sa femme, la reine
Marie-Caroline, soeur de Marie-Antoinette, prirent violemment
position contre la Révolution, entraînant dans leur sillage le clergé et la plus grande partie
de la noblesse. Par contre, la bourgeoisie peu nombreuse et sans influence se montra plutôt
favorable aux idées prônées par les constituants. Quant au peuple, illettré, superstitieux,
plutôt paresseux et sous l’influence du clergé, il n’était pas censé
avoir d’opinions.
Mettant en pratique leurs sentiments, les souverains napolitains se joignirent aux deux
coalitions qui dressèrent une partie de l’Europe contre la France. Leur
participation, faute de moyens, fut toujours plus ou moins symbolique. Sur mer, leur flotte
lutta aux côtés des Anglais mais, sur terre, ils se contentèrent d’envoyer plusieurs
régiments de cavalerie combattre aux côtés des Autrichiens et d’occuper pendant
quelques mois la Toscane. La plus importante de leurs contributions consista à ouvrir largement
à l’escadre anglaise leurs ports d’Italie et de Sicile, ainsi que leurs
arsenaux, leur permettant de bénéficier ainsi de toute une série de potits d’appuis
dans cette portion de la Méditerranée.
Déjà une première fois, à la fin de 1798, une armée française avait envahi le royaume où son
général, Championnet, avait créé contre l’avis du Directoire une république
parthénopéenne. Les souverains et la cour s’étaient enfuis en Sicile. Quelques mois
plus tard, ils récupéraient leur royaume (juin 1799) et ce retour fut confirmé par la
paix de Florence (mars 1801), grâce au tsar qui était titervenu en leur faveur.
La leçon ne leur avait servi à rien. Dès que se constitua la troisième coalition, ils se
hâtèrent de la rejoindre. Aussi, après sa victoire d’Austerlitz, Napoléon
décida-t-il de se débarrasser des Bourbons d’Italie. Le
27 décembre 1805, il décrétait : « La dynastie de
Naples a cessé de régner ! »
Une nouvelle armée française, commandée par Masséna, pénétra dans le royaume. Ce fut une
promenade militaire, les troupes napolitaines n’opposant aucune résistance. Mais le
maréchal, vexé de se trouver sous les ordres du frère de l’empereur, Joseph
Bonaparte, conduisit les opérations avec mollesse et déstitérêt. En particulier, il laissa
traîner en longueur le siège de la forteresse de Gaète qui, ravitaillée par mer par les
Anglais, allait résister six mois. Le roi et la reine regagnèrent Palerme où, sous la
protection d’une flotte et d’une armée anglaises, ils étaient à peu près
invulnérables. Mais, ne renonçant pas à faire valoir leurs droits, ils décidèrent de se
préoccuper de la manière dont ils pourraient récupérer leur royaume, les armes à la main.
Joseph, frère aîné de l’empereur, parti sans grand enthousiasme pour
l’Italie, en janvier 1806, avec le titre de lieutenant général, fut proclamé roi de
Naples, le 30 mars, après une période d’incertitude de deux mois au cours
de laquelle il ne sut pas très bien lui-même quelle était sa position. Mais,
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