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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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du général Reynier tenait garnison. Il
     n’hésita pas, sans consulter quiconque, à attaquer cet adversaire sans tenir compte
     de la chaleur qui accablait ses troupes. De plus, celles-ci, composées de Français, de
     Polonais, d’Allemands et de Suisses, manquaient d’homogénéité. Les
     Siciliens, gens prudents, ne participèrent pas à la bataille. Mais les Anglais du général
     Stuart, bien qu’ils vissent le feu pour la première fois, résistèrent magnifiquement
     par des tirs puissants et précis aux assauts des Français. Reynier dut battre en retraite. Il
     laissait sur le terrain mille cinq cents tués et deux mille huit cents prisonniers aux mains de
     son adversaire. Faute de cavalerie, les Anglais ne purent le poursuivre. Stuart, qui attendait
     pour marcher sur Naples un soulèvement général de la population, promis par les souverains
     napolitains, dut constater qu’il ne se produisait pas. En même temps, un
     débarquement au nord de Naples, comprenant plusieurs milliers d’hommes sous les
     ordres du colonel Pizza (c’était Fra Diavolo), se réduisit à moins de cinq cents
     hommes qui se dispersèrent aussitôt dans la nature. Aussi l’armée alliée ne se
     mit-elle en marche qu’avec une certaine prudence. Le général Reynier, qui
     s’était replié jusqu’à Cosenza, voulut un peu plus tard, ayant peu à peu
     reconstitué sa division, reprendre son offensive contre les Anglais. Il fut arrêté par un ordre
     du roi (en fait, de Jourdan) qui lui ordonna de rester là où il était, de s’y
     fortifier et de n’en pas bouger, car il constituait par sa seule présence une
     sérieuse menace contre toute tentative de progression des alliés.
    La nouvelle de la défaite de la baie de Sant’Eufemia avait provoqué un
     commencement de panique à Naples, dans la colonie française. Joseph ne perdit pas la tête mais
     ne savait quelles mesures prendre. Jourdan comprit tout de suite que dans une agglomération de
     500 000 habitants à la topographie chaotique (trop de ruelles), une
     insurrection serait difficile à réprimer avec les moyens militaires dont il disposait et
     qu’en restant sur place, même dans son palais, le roi risquait fort de se retrouver
     prisonnier des insurgés. Il lui conseilla donc de quitter Naples et d’aller
     s’installer dans le camp retranché de Capodimonte, au nord de la capitale. Il était
     un peu délabré mais Jourdan assura qu’en peu de temps les troupes dont il disposait
     le remettraient en état, ce qui fut d’ailleurs le cas. Joseph se montrait hésitant.
     Il était fort habilement en train de se créer une popularité auprès des Napolitains, en se
     gardant d’appliquer les recommandations de son frère. Celui-ci trouvait ce
     comportement ridicule et conseillait au nouveau roi de lever des contributions de guerre au
     lieu de verser dans la démagogie.
    Joseph craignait qu’en adoptant une attitude qui ressemblerait
     à une fuite, il ne ruine l’oeuvre qu’il avait entreprise.
     Pourtant, il finit par se rendre à l’avis de Jourdan et sortit presque
     clandestinement de l’agglomération, prétendant qu’il
     n’agissait ainsi que pour complaire à son entourage et qu’il avait
     toujours été en sûreté dans son palais.
    En tant que chef d’état-major, Jourdan confia à Masséna le soin de régler le
     problème de l’armée anglaise. Le maréchal était à son affaire, très satisfait de ne
     plus dépendre directement du roi et d’avoir comme titerlocuteur un autre maréchal.
     Prenant son temps, car il estimait qu’il n’y avait aucune raison de se
     hâter, Masséna concentra trois divisions auxquelles il joignit celle de Reynier. Il se porta
     alors sur l’armée anglaise et lui infligea une sévère défaite à Sinopoli, non loin
     de Cosenza, mais ne put l’exploiter à fond et la transformer en déroute chez
     l’ennemi, par manque, lui aussi, de cavalerie. Sans insister, Sir John Stuart se
     replia sur sa base de Sant’Eufemia et y rembarqua ses unités britanniques,
     abandonnant à leur sort ses alliés siciliens. La population de Calabre s’était
     montrée particulièrement sanguinaire vis-à-vis des Français après la défaite de Reynier. Aussi
     la répression qui suivit leur retour fut-elle féroce. Désireux de rétablir l’ordre à
     tout prix, Masséna fut sans pitié. Ayant constaté que de voir les leurs fusillés impressionnait
     peu les Calabrais, il décréta qu’ils

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