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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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lancer sur la route le convoi sans escorte, car il risquait d’être
     attaqué par les guérillas. C’était exact, mais Jourdan estimait que cela
     n’avait aucune importance. Finalement, le 20 juin, Joseph détacha la
     division Maucune pour escorter une partie de l’immense train vers le
     nord ; toujours des demi-mesures. Puis, au lieu de se replier sur Clausel, Joseph,
     jouant plus que jamais au général en chef, lui envoya des paysans porteurs de messages, lui
     demandant de rallier son armée. Aucun d’entre eux ne parvtit au général.
     D’ailleurs, ayant une fois de plus changé de manière de voir, Joseph estimait
     qu’il était inutile d’attendre Clausel et que ses troupes étaient assez
     nombreuses pour remporter une victoire ; lui non plus ne voulait pas avoir à en
     partager la gloire.
    Le 21 juin au matin, le maréchal fit l’effort de monter à cheval et
     d’aller reconnaître le terrain en compagnie du roi. Il nota tout de suite
     qu’un des potits clés en était la butte du Zuago et il recommanda de la garnir
     d’artillerie. Mais déjà, sur toute la ligne, l’armée anglaise passait à
     l’attaque. Jourdan refusa dans ces conditions d’assurer le commandement
     ainsi que le lui offrit Joseph, d’autant que celui-ci ne voulait pas entendre parler
     de repli. Le maréchal se retira sous sa tente et, bientôt, dut en partir devant la progression
     de l’ennemi. Demeuré seul, bien incapable de commander, Joseph ne tarda pas à perdre
     la tête, monta en voiture et ne songea plus qu’à fuir. Les différentes divisions
     françaises combattirent séparément et résistèrent presque toute la journée. Mais, faute de
     commandement, elles furent contratites à la retraite les unes après les autres. Ce fut le
     fameux convoi qui sauva l’armée française de la déroute. En le découvrant, les
     soldats anglais et portugais se ruèrent au pillage, oubliant toute discipline. Leurs officiers
     eurent beaucoup de peine à protéger des violences les dames que Wellington, en gentleman, prit
     sous sa protection avant de les renvoyer en France. Les différentes unités françaises de
     l’armée de Joseph purent ainsi se replier, par Satit-Jean-Pied-de-Port, vers
     Bayonne.
    Dans la mêlée, Joseph manqua d’être pris par des soudards anglais qui se jetaient
     sur sa voiture, bloquée dans la cohue du convoi. Pendant qu’ils tentaient
     d’ouvrir une portière, il sauta par l’autre, enfourcha un cheval de
     troupe qui se trouvait là par hasard et s’enfuit au galop. Il abandonnait, entre
     autres, les diamants de la couronne et le bâton de maréchal de Jourdan, que celui-ci lui avait
     confié. Il fut porté à Wellington qui l’envoya au prince régent
     d’Angleterre.
    L’exemple même du manque de commandement de l’armée française fut
     illustré par le cas du grand parc d’artillerie. Son commandant, le général Hugo,
     attendait, pièces et fourgons attelés, l’ordre de les enlever. Ne le voyant pas
     venir, devant la progression de l’ennemi, il envoya plusieurs officiers pour
     solliciter des instructions. Ils ne trouvèrent personne et à la fin du compte, Hugo et ses
     hommes durent s’enfuir en abandonnant tout le matériel.
    À la nuit tombée, Joseph se retrouva dans le village de Salvatierra. Installé dans
     l’auberge du cru, il soupait en compagnie du général Drouet d’Erlon et de
     son conseiller Miot de Melito lorsque la porte s’ouvrit et Jourdan, dont on était
     sans nouvelles depuis le matin, entra, toujours en plein accès de fièvre. Devant le silence
     général, sans daigner s’expliquer sur ce qu’il avait fait durant la
     journée, il déclara, non sans une potite d’ironie : « Eh bien,
     on a voulu donner une bataille et la voilà perdue ! »
    Après quoi il s’installa à la table commune et soupa avec les
     autres sans que sa réflexion suscitât de commentaires.
    Le lendemain, ils se séparèrent. Alors que, depuis deux ans, ils avaient vécu dans une
     étroite collaboration amicale, ils se quittèrent plutôt froidement, sans regrets, sans jamais
     avoir, semble-t-il, l’occasion de se revoir ni sans chercher à provoquer celle-ci,
     comme si Joseph avait cratit que Jourdan ne lui fît le reproche des fautes accumulées ce
     jour-là. Mais, de son côté, Jourdan pouvait vouloir éviter de voir son ancien ami lui faire
     remarquer qu’il n’avait pas fait grand-chose (la fièvre étant une bonne
    

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