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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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commanderait
     les trois armées, soit cent vingt-deux mille hommes, serait en mesure d’écraser
     Wellington qui, en comptant ses alliés, n’avait plus pour l’heure que
     soixante mille combattants à leur opposer.
    La conférence du 3 octobre manqua avorter dès le début. Soult, assez théâtralement, donna
     l’accolade à Jourdan en arrivant. Celui-ci, très calme et qui,
     d’ailleurs, n’avait aucun grief majeur contre son camarade, se prêta au
     jeu ; après quoi il demeura silencieux, témoin sans titervenir dans la suite de la
     scène. Mais, lorsque le duc de Dalmatie voulut répéter son geste avec Suchet qui, de par son
     mariage, était devenu neveu du roi, le duc d’Albufera prononça à haute voix le mot
     de « fourberie ». Ce fut Joseph qui prit sur lui et titervtit pour calmer
     le jeu. Finalement, avec quelques réticences, Soult accepta le plan de Jourdan, se réservant
     d’y apporter des modifications, et se mit en route à la fin du mois
     d’octobre.
    Wellington, lorsqu’il avait décidé de marcher sur Burgos, n’avait
     laissé qu’une faible garnison à Madrid. Le général Hill qui la commandait se hâta
     d’évacuer la ville, la jugeant indéfendable à l’approche de la grande
     armée de Soult. Joseph rentra dans sa capitale le 2 novembre et, à son grand étonnement, y fut
     accueilli par une population enthousiaste. L’occupation anglaise avait été tellement
     insupportable que, par comparaison, celle des Français semblait presque légère.
    Le roi ne s’attarda pas en ville. Toujours accompagné de Jourdan, il rejoignit
     Soult qui avait fait sa jonction avec Clausel devant Salamanque. L’armée alliée
     occupait la rive sud de la rivière Tormés. Joseph suggéra de franchir cet obstacle guéable un
     peu partout et d’attaquer de front l’ennemi. Jourdan et Soult eurent
     beaucoup de mal à l’en dissuader. Ils préférèrent passer le cours d’eau
     plus à l’est et ainsi tenter d’encercler les forces ennemies. Wellington
     comprit assez rapidement la manoeuvre et décampa, poursuivi par l’armée
     française. Mais celle-ci, très fatiguée, ne parvtit pas à « accrocher »
     l’adversaire et le suivit jusqu’au Portugal où Soult, devant
     l’état de ses propres troupes, arrêta les frais. Tout au long de la route, il avait
     ramassé des prisonniers, traînards, malades et autres par centaines, et avait fait main basse
     sur les fourgons et une partie de l’artillerie anglaise abandonnés dans la
     poursuite. De plus, tout le bénéfice que Wellington avait tiré de sa victoire des Arapiles se
     trouvait perdu. Ainsi, grâce à la concentration préconisée par Jourdan, la situation militaire
     était redressée à la fin de l’année 1812, mais le problème posé par
     l’armée anglaise n’était pas résolu, puisque la tentative
     d’encerclement n’avait pas réussi.
    *
    Depuis longtemps on n’avait vu à Madrid de carnaval aussi joyeux et auquel se
     joignit sans arrière-pensée toute la population que celui de 1813. Pourtant, si le roi et la
     cour s’en réjouissaient ouvertement, le major général était inquiet et ne cherchait
     pas à dissimuler ses cratites, même si par son comportement il se faisait traiter de
     rabat-joie. Par son service de renseignements qui fonctionnait bien, il avait appris que
     l’armée anglaise avait reçu d’importants renforts de Grande-Bretagne et
     pouvait aligner à présent soixante mille hommes auxquels se joignaient environ vingt mille
     Portugais et un nombre fluctuant d’Espagnols.
    Or, à la suite de la désastreuse campagne de Russie, Napoléon, en prévision de la nouvelle
     guerre qui allait, dans un premier temps, l’opposer à la Russie, la Prusse et la
     Suède, levait une nouvelle grande armée et, pour l’étoffer avec des soldats
     expérimentés, retira, dès le début de l’année, d’importants contingents
     d’Espagne. Alors qu’en janvier, les troupes françaises alignaient encore
     près de deux cent mille hommes répartis, il est vrai, dans toute la péninsule, un mois plus
     tard, elles n’en comptaient plus que la moitié. Jourdan ne pouvait en concentrer que
     cinquante à soixante mille avec une cavalerie très réduite. En même temps, l’un des
     meilleurs chefs, Soult, fut rappelé pour prendre le commandement d’une partie de la
     Garde en Allemagne.
    Aussi, dès ce moment, l’empereur « conseilla »
     d’abandonner la capitale qui

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