Le Maréchal Jourdan
stratégiquement ne présentait aucun titérêt et de
rétrograder tout le dispositif sur l’Èbre qui constituait une barrière de défense
naturelle avec comme avantage supplémentaire un raccourcissement des lignes de communication
avec la France. Sans l’annoncer à son frère, il prévoyait déjà le retour de
Ferdinand VII dans son royaume, espérant quelque peu naïvement qu’une fois remis sur
son trône, ce prince se déclarerait neutre et inviterait les Anglais à évacuer son royaume, à
rentrer chez eux et chercher ailleurs un champ de bataille.
En attendant ce moment, le repli général préconisé par Napoléon correspondait aux vues de
Jourdan qui fit pression sur le roi pour qu’il le mît rapidement en application.
Joseph, qui n’était potit sot, comprit que s’il abandonnait sa
capitale, cela risquait fort d’être d’une manière définitive. Napoléon
avait beau lui avoir assuré qu’une fois sa situation rétablie en Allemagne il
viendrait en personne l’aider à régler le problème espagnol, le roi n’y
croyait guère. Avec une étrange lucidité il voyait bien l’édifice impérial se
fissurer de partout et menacer de s’écrouler.
Mais son entourage et surtout Jourdan firent pression sur lui, montrant qu’avec
les moyens dont à présent il disposait il lui serait impossible de résister sur place à une
offensive de Wellington. À regret, Joseph finit par se rendre et partit de Madrid le
17 mars, emmenant un énorme convoi dans lequel il avait fait placer nombre de tableaux
et objets d’art ainsi que les bijoux de la couronne. S’y trouvaient
inclus tous les Français résidant à Madrid ainsi que les Espagnols qui s’étaient par
trop compromis avec le roi.
Le 23 mars, après une semaine de voyage sans incidents, on atteignit Valladolid.
Jourdan, tout au long de la route, avait eu à faire face à des difficultés inouïes pour
matitenir la cohésion des troupes, car le convoi encombrait les routes et ralentissait la
progression. Le maréchal proposa à plusieurs reprises au roi d’abandonner une bonne
partie des voitures, mais celui-ci ne voulut rien entendre, ne se rendant pas compte du danger
qu’il représentait. Alors que Joseph, pour sauver les apparences, aurait voulu
installer son gouvernement à Valladolid, il fallut en partir assez précipitamment. En effet,
Wellington était à nouveau entré en Espagne et remontait vers le nord, cherchant de toute
évidence « à accrocher » l’armée française du roi qui comptait
à peine cinquante mille hommes, tandis que lui-même en alignait
quatre-vingt-dix mille. De Valladolid le roi gagna Burgos, ne s’y
arrêtant que quelques jours et en partit le 9 juin pour se replier sur Vitoria où il
parvtit le 19. Jourdan aurait voulu au contraire que l’on prît la direction de la
côte pour se joindre à Clausel ; mais Joseph s’y refusa car,
déclara-t-il, ce mouvement était contraire aux dernières instructions reçues de Clarke, comme
si celles-ci, qui étaient déjà périmées, avaient eu une valeur quelconque.
Au lieu de poursuivre la retraite, le roi, à peine arrivé à Vitoria, décida de laisser
reposer l’armée deux jours. Dès ce moment, Jourdan, malade, pris d’une
forte fièvre, cessa de jouer le moindre rôle. Il craignait que cette halte ne fût génératrice
d’un désastre mais ne se sentit pas la force de s’y opposer.
D’ailleurs, Joseph, qui se croyait inspiré, trouvait que le
« cirque » de Vitoria était un excellent terrain pour livrer une bataille
défensive qu’il croyait être en mesure de gagner, car il estimait qu’il
ne pouvait abandonner « son » royaume sans avoir tenté dans une rencontre
de donner un coup d’arrêt à la progression de ses adversaires ! Un tel
potit de vue, aberrant en soi, était contraire aux ordres de Napoléon qui avait demandé de
ramener l’armée titacte en France. Jourdan tout en n’y étant pas très
favorable admettait qu’il était possible de tenter de stopper l’avance
alliée. Mais alors, insistait-il, fallait-il attendre l’arrivée des renforts de
Clausel pour que les forces en présence soient à peu près égales. De plus, selon le maréchal,
il serait nécessaire de se débarrasser du convoi de civils en l’expédiant vers
Bayonne. Obstiné, Joseph ne voulut suivre aucun de ces conseils. Il déclara que l’on
ne pouvait
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