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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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s’ajourna jusqu’au 21. Mais la pression des royalistes les plus zélés ne diminuait pas. Afin de rendre la défense du maréchal plus faible et plus incertaine, ils commencèrent, par l’intermédiaire de certains de ses confrères du barreau, à tenter d’intimider Berryer. Ses sentiments royalistes connus de longue date le rendaient inattaquable. Mais on savait que ce n’était pas un modèle de courage. Lorsqu’il se fit jeter à la face, par des avocats qui avaient une singulière conception de leur honneur professionnel, que « le barreau tout entier lui interdisait au nom de l’honneur de défendre un pareil criminel », il prit peur. Seulement, cet homme d’honneur réagit d’une manière que ses détracteurs n’avaient pas prévue. Il écrivit au roi et, pour être certain que sa lettre lui parviendrait, la fit porter par son fils.
    Celui-ci la remit en mains propres au souverain sur le grand escalier des Tuileries. Louis XVIII s’arrêta, l’ouvrit et la lut tranquillement puis déclara à haute voix au milieu des courtisans : « Dites à votre père d’être bien tranquille et de faire son devoir. »
    Dès lors, l’avocat se consacra entièrement à la préparation de la défense. Lui et Dupin eurent de longs entretiens avec Ney, mais les subtilités juridiques, auxquelles il ne comprenait pas grand-chose, l’ennuyaient. Il suivait mal le cheminement de ses conseils.
    Comme on l’a vu, la salle des séances de la Chambre des pairs était impropre à la tenue d’un procès. On installa un fauteuil pour le maréchal et des chaises pour ses avocats. Ils ne disposaient pas même d’une table pour déposer leurs papiers. De plus, Ney était obligé de tourner le dos soit au président, soit à une partie de l’Assemblée. L’acte d’accusation, rédigé par Bellard, portait sur les points suivants. Il était reproché au maréchal :
    — D’avoir entretenu avec Bonaparte des relations pour faciliter son retour (c’était une idée fixe du procureur) ;
    — De s’être mis à la tête de troupes pour faciliter son retour (on sait qu’à ce moment-là, l’empereur était déjà fort avancé sur la route de Paris) ;
    — D’être passé à « l’ennemi » et d’y avoir poussé ses camarades ;
    — D’avoir trahi le roi.
    Considérer Napoléon comme un ennemi au même titre que des Autrichiens ou des Anglais était tellement gros que les avocats de la défense se reprirent contre toute raison à espérer sauver leur client. Mais ils désiraient compléter leurs dossiers et demandèrent un nouveau renvoi qu’à leur surprise la Chambre accorda facilement en s’ajournant au 4 décembre.
    Ce fut à ce moment qu’une tentative pour faire évader Ney fut entreprise. La pièce située au-dessous de la sienne fut louée par un groupe d’officiers, dont certains avaient été proches du maréchal. Nul n’y trouva à redire. Il était facile d’en percer le plafond qui servait de plancher à la chambre du duc. La police, qui était bien faite, découvrit tout de suite les préparatifs et avertit son ministre qui, depuis le renvoi de Fouché, n’était autre que Decazes. Ce dernier se dépêcha de prévenir le roi. C’était une opportunité à saisir. Louis XVIII se garda d’y manquer. Il ordonna donc verbalement de laisser l’opération se poursuivre. Que Ney s’évadât et s’enfuît au diable ! Cette action enlèverait une épine du pied du gouvernement.
    Afin de tout mettre en oeuvre pour que la fuite réussît, Decazes alla jusqu’à déployer autour du Luxembourg des agents dont il était sûr, afin qu’aucun imprévu ne vînt contrarier l’entreprise. Ce fut Ney qui fit tout échouer ! Il se voyait mal en proscrit contraint de se cacher. Avisé de se tenir prêt, il refusa net et expliqua, encore qu’il n’est pas certain qu’il y crût, qu’il pensait que sa cause était désormais plaidable et qu’il serait probablement acquitté. Dans ces conditions, la fuite devenait un aveu. Comme on ne pouvait l’enlever de force, l’affaire en resta là.
    En attendant le 4 décembre, les passions se déchaînèrent une fois de plus. Les royalistes, qui avaient eu peur en mars, réclamaient du sang. Ils n’avaient plus sous leurs griffes que Ney et La Valette. Encore celui-ci allait-il réussir une rocambolesque évasion.
    Les témoins cités par l’accusation et la défense se trouvaient à présent tous à Paris. Un seul allait manquer : Lecourbe, qui

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