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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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s’empêcher de prononcer quelques paroles de mépris vis-à-vis du gouvernement. Un peu plus tard, il eut une ultime entrevue avec sa femme et ses enfants et lorsqu’Eglé lui dit qu’elle allait se jeter aux pieds du roi, il acquiesça, soucieux de l’éloigner.
    Le cérémonial de l’exécution avait été confié au général comte de Rochechouart, commandant la place de Paris. C’était un ancien émigré, qui avait servi dans l’armée russe. Il professait la plus grande admiration pour le condamné et avait déclaré plusieurs fois en public que le maréchal n’était pas plus coupable que bien d’autres. Il offrit à Ney l’aide d’un prêtre, mais le soldat de la Révolution se réveilla en lui et il déclara qu’il « n’avait nul besoin de la prêtraille ». Un de ses gardes, vétéran des guerres de l’empire, lui fit remarquer qu’il n’était jamais allé au feu sans avoir prié. Cet argument de soldat frappa le maréchal et il accepta alors que l’on fît venir le curé de Saint-Sulpice. Leur conversation dura une heure, après quoi Ney demanda qu’on le laissât seul. Il se recoucha et se rendormit. Ce sang-froid frappa tous les témoins, le général de Rochechouart, le curé et les gardes, qui ne purent fermer l’oeil.
    Il avait été prévu que l’exécution se ferait non pas dans la plaine de Grenelle selon la coutume, mais entre l’Observatoire et le Luxembourg. Certains membres du gouvernement craignaient qu’une ultime tentative d’enlèvement ne fût organisée. D’anciens soldats et officiers de régiments récemment dissous étaient très montés contre le procès.
    Le curé réveilla Ney à huit heures trente et tout se déroula très vite. Vêtu en civil, le maréchal monta en voiture. Le trajet fut bref. Prévenue on ne sait comment, car le lieu de l’exécution était en principe secret, une foule assez nombreuse patientait silencieuse, sans manifester de sympathie ou d’hostilité. Le peloton de douze hommes attendait l’arme au pied, commandé par un adjudant de place piémontais. Par une sorte de délicatesse, Rochechouart avait désigné un étranger, ne voulant ni infliger au maréchal la peine ni à un Français la honte d’être dans l’obligation de commander le feu.
    De lui-même, Ney vint se placer devant les soldats, demanda quelle attitude il devait prendre, mais refusa de se mettre à genoux ou de se laisser bander les yeux, puis ôta son chapeau. Deux versions ont été données de ses dernières paroles. Pour les uns, il aurait dit aux hommes du peloton : « Mes amis, visez droit au coeur. » Mais pour d’autres, il aurait crié : « Français, je proteste contre mon jugement... Mon honneur. »
    Lorsqu’on connaît le caractère de Ney, la première paraît plus probable. Troublé, l’adjudant de place, nommé Saint-Bias, au lieu de faire le signe réglementaire consistant à lever puis baisser son épée, commanda précipitamment : « En joue... Feu ! »
    La salve retentit. Ney s’écroula en arrière, foudroyé, et non pas face contre terre, comme Gérôme l’a peint dans son célèbre tableau Sept décembre 1815, neuf heures du matin, qu’il peindra en 1868.
    Saint-Bias vit que le coup de grâce était inutile. Les troupes présentes défilèrent en criant sur ordre « Vive le Roi ! », et Rochechouart dit à un de ses amis : « Voilà une grande leçon pour apprendre à bien mourir. »
    Mais tandis que la foule, toutes opinions confondues, conservait un silence digne, une scène déplaisante se produisit : un général russe fit caracoler son cheval devant le cadavre et un officier anglais fit sauter le sien par-dessus.
    Lorsqu’il apprit l’incident, Alexandre, qui à présent pouvait faire preuve de grandeur d’âme à peu de frais, fit comparaître le général, l’accabla de reproches et lui annonça que puisqu’il était étranger quoiqu’à son service, il le chassait de son armée. S’il avait été russe, ajouta-t-il, il l’aurait rétrogradé au rang de simple soldat. De son côté, Wellington fit rechercher l’officier anglais et, lorsqu’on l’eut trouvé, il le renvoya en Grande-Bretagne.
    Le cadavre du maréchal, laissé sur place un instant, fut transporté à un hôpital voisin où l’abbé de Pierre le veilla. Quantité de gens, sans exprimer le mobile de leur action ni leurs sentiments vis-à-vis de la victime, vinrent défiler devant la dépouille. L’enterrement eut lieu le

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