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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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alliées en 1813-1814. Sa position d’ancien maréchal de France le gênait dans la circonstance et sa demande passa à peu près inaperçue. Il est certain que Wellington, s’il l’avait voulu, en tant que récent adversaire de Ney et surtout comme signataire de la convention de Paris, aurait été à même de tout faire arrêter. Mais dans son rôle de commandant en chef des armées alliées, il n’était pas à l’aise, et ne s’est-il pas défini lui-même comme un coeur sec ? Il ne bougea pas.
    L’instruction avançait avec une sage lenteur, d’autant qu’elle sentait parfaitement la faiblesse de ses arguments. De la cage de fer, il n’était plus question depuis que Ney, sur le conseil de ses avocats, avait déclaré que « si Napoléon était pris, il aurait mérité d’être enfermé dans une cage de fer ». Et cette nouvelle version avait été acceptée.
    En réalité, le pouvoir se sentait gêné de devoir étaler sur la place publique ce que tout le monde connaissait : l’état d’esprit épouvantable de l’armée un an après le retour du roi. Le général Grûndler, rapporteur au conseil de guerre, avait beaucoup de mal à rédiger des conclusions qui pourraient servir de base au réquisitoire.
    On ne sait pas exactement de qui vint l’idée de récuser le tribunal. Les proches du maréchal semblent avoir d’abord accepté le principe de compétence de cette juridiction puis, sous l’influence de Gamot, ils auraient changé d’idée. Les avocats, rompus aux subtilités des prétoires, balancèrent longtemps, brandissant tour à tour des arguments juridiques, psychologiques et politiques, encore que Berryer déclarera plus tard qu’il n’avait jamais été partisan de la récusation. Selon lui, on quittait le certain pour aller vers l’incertain. Ney lui-même était comme souvent perplexe et changeait d’avis suivant les recommandations des uns et des autres. Il était évident que les sept juges faisaient l’objet de fortes pressions de la part des pouvoirs publics. Mais c’étaient tous des caractères bien trempés, professant un certain mépris pour les « pékins », et doués d’un solide esprit de contradiction. Cette contrainte exercée sur eux pouvait les amener à prendre le contre-pied de ce que l’on attendait de leur part.
    Ils savaient d’ailleurs qu’ils n’avaient aucune faveur à attendre du pouvoir. Ils n’aimaient certes pas Ney. Au cours de leur carrière, ils s’étaient tous heurtés plus ou moins à lui. S’ils admiraient sa conduite au feu, ils avaient tous eu à souffrir de son caractère imprévisible, de ses jalousies et de ses fantaisies. C’était sans doute le meilleur atout pour le prince de la Moskowa, qui ne le comprit pas. Il finit par se persuader, comme il le dit à ses avocats, « que ces bougres-là m’auraient fait tuer comme un lapin » ! Il insista donc, malgré leurs réticences (surtout celles de Berryer), pour qu’ils récusent le conseil de guerre.
    Il est difficile aujourd’hui d’affirmer des certitudes sur ce point, mais il est probable qu’il n’aurait condamné Ney (à supposer qu’il ne l’ait pas acquitté) qu’à une peine de détention dans une enceinte fortifiée ou à l’exil. Les trois généraux en furent toujours intimement persuadés. Claparède confia plus tard à un ami : « Je puis vous affirmer que sans cette incompréhensible idée d’incompétence qui lève toute indécision, la majorité du conseil était pour l’acquittement... » Mortier soutint la même thèse et, quelques mois plus tard, sur son lit de mort, Augereau confia à ses intimes : « Nous avons été des lâches. Nous devions nous déclarer compétents, le juger malgré ses avocats, malgré lui, il vivrait, au moins. » D’aucuns ont même soutenu que Louis XVIII avait accepté le conseil de guerre avec le secret espoir de sauver ainsi la tête de Ney.
    Ce ne fut que le 10 novembre 1815 que s’ouvrit le procès dans la salle des assises du palais de justice de Paris. Il y avait à présent près de trois mois que le maréchal était incarcéré. L’audience était publique, le huis clos n’ayant pas été demandé, et l’enceinte était noire de monde. Des figures illustres : Metternich et le prince Auguste de Prusse, des militaires de tous grades français et étrangers, et bien entendu des civils royalistes composaient l’assistance.
    Une scène passablement comique précéda l’ouverture des débats. Deux

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