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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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surlendemain, au cimetière du Père-Lachaise. Il se passa dans le calme et la dignité. Contrairement à ce qu’avait craint le gouvernement, aucune manifestation n’eut lieu.
    *
    Aussitôt après avoir quitté son mari, Eglé, toujours accompagnée de sa soeur, s’était précipitée aux Tuileries pour essayer de forcer la porte du roi. Les officiers de service tentèrent de la refouler, en arguant qu’à cette heure on ne pouvait déranger Sa Majesté. Elle demanda alors à être reçue par la duchesse d’Angoulême, et se vit opposer un refus identique. Voyant à ce moment passer Clarke, duc de Feltre, nouveau ministre de la Guerre, qu’elle connaissait, elle tenta de le fléchir pour qu’il l’aidât à franchir le barrage. Il la repoussa brutalement. C’était un soudard !
    En définitive, quelqu’un, on ne sait qui, prit sur lui d’aller prévenir le duc de Duras, premier gentilhomme de la chambre. Pris de pitié, il la reçut et l’écouta. Elle le supplia de la mener au souverain chez qui il avait ses entrées permanentes. Mais Duras connaissait les consignes et, tout en essayant de gagner du temps, cet homme bon, mais indécis ne savait à quel saint se vouer. Cette comédie tragique dura près d’une heure. Peut-être, dit le duc par la suite, allait-il enfin céder lorsqu’on vint l’avertir, pour qu’il en informât le roi, que tout était terminé. Il dit alors tout bas à Mme Gamot : « Il n’est plus temps. » Celle-ci voulut emmener sa soeur, qui comprit et s’évanouit.
    Deux jours après, elle menait le deuil de son mari.
    Le gouvernement eut le mauvais goût de lui faire payer les frais du procès et même les repas servis aux gardes ! Elle s’en acquitta sans un mot, bien que sa situation financière fût devenue difficile. Peu après, elle vendit les Coudreaux et dut même pendant quelque temps se cacher pour échapper à la vindicte de certains qui la poursuivaient de leur haine.
    Quant au père de Michel Ney, qui vivait toujours, il mourut l’année suivante à soixante-dix-huit ans, ayant perdu l’esprit, sans avoir connu le sort tragique de son fils.

ÉPILOGUE
    La maréchale Ney survécut longtemps à son époux. Elle mourut du choléra en 1853, âgée de soixante et onze ans, ayant toujours refusé de se remarier. Elle se consacra à l’éducation de ses fils et à tenter d’obtenir la révision du procès de 1815. En 1819, elle dut s’exiler quelque temps en Italie, mais put assez rapidement revenir en France. Tant que dura la Restauration, et malgré les remords tardifs de la duchesse d’Angoulême, toute action juridique en faveur de Ney fut impossible. Mais après 1830, elle se reprit à espérer. Ses deux fils aînés, devenus soldats, avaient commencé leur carrière en Suède où Bernadotte les avait accueillis avec bonté, et le plus âgé, devenu pair de France en 1831, refusa de siéger tant que justice n’aurait pas été rendue à son père.
    Mais même sous la monarchie de Juillet, où le roi et son fils aîné le duc d’Orléans souhaitaient que la procédure de révision fût mise en branle, le problème n’était pas simple. Un certain nombre de ceux qui avaient condamné le prince de la Moskowa siégeaient toujours à la Chambre des pairs et n’entendaient pas se déjuger. La première tentative, en 1834, échoua devant le chantage de pairs menaçant de démissionner. La seconde, en 1846, n’eut pas davantage de succès.
    La II e République s’intéressa au malheureux maréchal et décida de faire élever une statue à l’endroit même où il avait été fusillé, qui était devenu une sorte de lieu de pèlerinage et de vénération. Ce ne fut pourtant pas elle qui mena cette sorte de réhabilitation à son terme, mais Napoléon III. Les enfants de Ney, très tôt partisans du prince-président, l’avaient bien servi et avaient participé activement au coup d’État. L’empereur avait pour eux plus que de l’affection. Il n’eût fait aucune difficulté pour engager et mener à son terme une procédure d’annulation de celle de 1815. Hélas, la Chambre des pairs n’existait plus et aucune autre juridiction ne pouvait être saisie.
    Toute l’attention du pouvoir se porta donc sur la fameuse statue commandée à Rude. Celui-ci avait pris son temps pour l’exécuter et il la réussit parfaitement. Il campa un Ney à pied, sabre haut, criant à pleine voix et entraînant ses hommes vers la gloire. Eglé, morte dans le courant de

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