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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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rébellion qui se rendit après un simulacre de résistance. Il semble – car les faits ne sont pas clairement établis – que Suchet ait cumulé les fonctions de chef d’état-major de la division et de commandant de la 18 e demi-brigade. C’était un travail énorme qui nécessitait d’être bien secondé. En tout cas, c’est en tant que chef de la 18 e qu’il l’entraîna à la prise des batteries de Gumine. Celles-ci avaient été positionnées par les Bernois pour barrer la route de leur capitale mais Suchet réussit à s’en emparer brillamment et Brune s’empressa de signaler ce fait d’armes du nouveau colonel au Directoire.
    L’affaire avait été rondement menée. En moins d’un mois, la révolte était écrasée. Enchanté du comportement de son chef d’état-major, Brune l’envoya à Paris, en compagnie d’un autre chef de brigade, le citoyen Ruby, porter au Directoire les drapeaux des milices suisses enlevés à profusion au cours de cette promenade militaire. Ils y arrivèrent le 18 mars. Le ministre de la Guerre les reçut chaleureusement et les présenta deux jours plus tard au Directoire. Mais, alors que Ruby intimidé restait muet, Suchet, dans le style emphatique de l’époque, adressa un véritable discours aux directeurs : « Tyrans aveugles, vous avez provoqué l’orage et la foudre vous a frappés ! Dans les champs de Morat où vous insultiez depuis si longtemps aux mânes des Français victimes d’un despote, où vous vous flattiez de nous exterminer, nous avons planté l’arbre de la liberté sur les ruines de votre orgueilleux monument… »
    Tout le reste était de la même veine. Suchet faisait allusion au monument élevé par les Suisses avec les ossements des soldats de Charles le Téméraire, tués à la bataille de Morat plus de trois siècles auparavant. La comparaison était d’autant plus hardie que les morts en question, mercenaires, comptaient fort peu de Français dans leurs rangs et que le duc Charles qui se voulait souverain indépendant goûtait peu qu’on lui rappelât les liens de vassalité qui le rattachaient à la France. Qu’importait ! Le discours plut d’autant que Suchet le conclut en annonçant que le monument avait été détruit.
    Les directeurs donnèrent force accolades aux deux envoyés et chacun reçut des armes d’honneur : pour Ruby ce fut un sabre et pour Suchet une paire de pistolets. Mais la générosité du gouvernement ne s’arrêta pas là. Schérer voulut profiter de la circonstance pour faire confirmer Suchet dans son grade de chef de brigade qu’il n’était toujours qu’à titre provisoire.
    Or les directeurs, férus d’Antiquité, avaient repris la coutume romaine qui voulait que désormais un porteur de bonnes nouvelles soit récompensé. Et, à leurs yeux, celui qui venait déposer à leurs pieds des drapeaux ennemis méritait automatiquement de l’avancement. Aussi, le même jour, le Directoire non seulement confirma Suchet mais encore le promut général de brigade à titre définitif. Il n’avait que vingt-huit ans ! Devant cette nomination, Suchet eut une réaction curieuse. Il remercia poliment, sans plus. Il ne semblait pas satisfait. C’est qu’il n’avait aucune envie de quitter sa chère 18 e demi-brigade où il se plaisait. Toutefois, il se trouva bientôt avoir à affronter un dilemme
    Ayant compris que l’escadre française de l’Atlantique était trop faible pour couvrir une descente en Grande-Bretagne, Bonaparte avait proposé au gouvernement d’attaquer ce pays en portant la guerre dans ses possessions d’Orient et d’Extrême-Orient, d’où l’expédition d’Égypte. Le Directoire s’était empressé d’accepter, ayant, croyait-il, trouvé là le moyen de se débarrasser d’un général devenu encombrant. La 18 e demi-brigade avait été désignée pour faire partie des troupes participant à cette campagne. Donc, s’il désirait rester encore à la tête de son régiment, Suchet devait obligatoirement en faire partie. Mais, dans le même temps, Brune, qui venait d’être nommé à la tête de l’armée d’Italie, très content de la manière dont Suchet avait rempli ses fonctions de chef d’état-major en Suisse, lui demanda de l’accompagner à Milan en tant que chef d’état-major général de l’armée. C’était là un poste assez considérable et, même si son titulaire se devait de demeurer dans l’ombre de son patron, il tenait en main tous les leviers de

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