Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
transmission de l’armée. En cas de réussite, il serait assuré à brève échéance d’une nouvelle promotion.
    Devant cette double offre, quelle allait être la réaction de Suchet ? Il n’a laissé aucun document pour justifier ou expliquer son choix. Toutefois, il est permis de penser qu’il était assez cultivé pour se faire peu d’illusions sur les trésors de l’Orient que l’entourage de Bonaparte faisait miroiter aux yeux des futurs membres de l’expédition. Suchet savait que l’Égypte était à cette époque un pays très pauvre, tenu en main par une milice turque, les mameluks, ne comprenant en dehors de la vallée du Nil que des déserts, et qu’il était quelque peu illusoire de la considérer comme une base de départ pour la conquête des Indes. Du reste, un esprit pondéré ne pouvait que se demander quand et comment une armée jetée sur ce rivage hostile regagnerait la France.
    Ce fut sans doute après avoir raisonné de la sorte qu’il se décida à rejoindre Brune à Milan, en mai 1798. En principe, les fonctions de chef d’état-major d’une armée en temps de paix étaient purement administratives. Toutefois, Suchet eut l’amère surprise, à sa prise de commandement, de constater que les services en général et le sien en particulier étaient totalement désorganisés. En effet, Bonaparte, pour les besoins de son aventure égyptienne, avait fait main basse sur la fine fleur du corps des officiers de l’armée d’Italie car, dans les autres armées de la République, il n’avait trouvé aucun volontaire, ou presque, pour le suivre.
    C’est parce qu’il avait fait lui-même une constatation identique que Brune s’était dépêché de faire appel à Suchet, tout en demandant d’autres officiers et des divisions pour remplacer les quarante mille hommes prélevés par Bonaparte.
    Le premier travail (et non le plus facile) du nouveau chef d’état-major général fut donc de reconstituer l’armée en place. En même temps, se conformant aux directives de son patron, il demandait à Paris de lui envoyer des renforts. Ceux-ci furent bien expédiés par le ministre mais, à leur arrivée, Suchet constata qu’ils manquaient de tout et se dépêcha d’en avertir Brune. En juillet, le général Leclerc, ancien chef d’état-major général qui venait de se marier avec une sœur de Bonaparte, revint à Milan pour occuper son ancien poste. Avant de s’embarquer pour l’Égypte, son futur beau-frère lui avait demandé de reprendre ses anciennes fonctions pour avoir un œil sur l’armée d’Italie.
    De ce fait, Suchet, s’il resta attaché à l’état-major général, n’eut plus aucune fonction particulière. Il portait le titre d’adjudant général et essaya de s’occuper comme il le pouvait. Cependant, Brune voyait chaque jour la situation de son armée se dégrader et Leclerc se montrait peu efficace. Elle manquait d’artillerie, de munitions, de chevaux. En bref, cette force que d’aucuns décrivaient comme imposante était un trompe-l’œil. Et bien que tout semblât calme, la situation diplomatique ne cessait de se détériorer. La politique étrangère agressive du Directoire y était pour beaucoup. Une seconde coalition contre la France, comprenant cette fois l’Angleterre, la Russie, la Prusse, Naples, la Turquie et l’Autriche, allait se nouer avant la fin de l’année. Les diplomates de ces pays y travaillaient activement tout en s’efforçant d’essayer de rassurer leurs collègues français par de bonnes paroles.
    Ses demandes réitérées demeurant sans réponse, Brune décida de se rendre lui-même à Paris, estimant que, sur place, il lui serait plus facile de se faire entendre. Il partit avec une équipe réduite, mais comme il avait besoin d’un second à la hauteur, il emmena Suchet.
    Pour l’essentiel, il allait obtenir satisfaction, mais comme il savait qu’entre promesses et réalisations il peut y avoir un gouffre, en repartant en août, Brune laissa Suchet sur place pour veiller à ce que lui fût envoyé ce qui lui avait été promis. Son séjour qui était prévu pour durer plusieurs mois fut en réalité assez bref. En effet, le Directoire s’avisant que, de par son mariage, Leclerc était un peu trop proche de Bonaparte vis-à-vis de qui il continuait à faire preuve de méfiance, le muta au poste de chef d’état-major de l’armée d’Angleterre située à Rennes et qui, pour l’heure, se consacrait à finir de pacifier

Weitere Kostenlose Bücher