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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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transformerait ce royaume en république (une de plus). L’opération se révéla payante car l’armée récupéra un armement considérable stocké dans les arsenaux par les Piémontais en vue de leur participation à la coalition qui se nouait.
    Joubert était de plus en plus satisfait de la manière dont le secondait son chef d’état-major. C’est alors qu’un incident tout à fait inattendu vint mettre un terme à leur collaboration. Une lettre anonyme curieusement signée par « un ami de l’ordre qui hait les dénonciations », rédigée en français, fut envoyée de Milan au ministre de la Guerre. Il est fort probable que l’auteur qui ne fut jamais identifié était un des représentants du pouvoir civil qui estimait que Suchet l’empêchait de faire ses petits tripotages. La lettre accusait Suchet de se livrer à des abus de pouvoir et d’outrepasser son autorité. Le ministre, au lieu de la jeter à la corbeille, la transmit au Directoire. Celui-ci se savait suffisamment accusé de corruption pour saisir toutes les occasions de faire montre de vertu. Il fit faire une enquête qui n’aboutit à rien mais, dans son souci d’équité, il releva Suchet de ses fonctions et le remplaça par le général Montrichard, un artilleur un peu falot.
    Or, lorsque la nouvelle de ce changement lui parvint, Joubert commença par donner sa démission. Sa seconde réaction l’amena à annoncer à Suchet que, très satisfait de ses services, il le gardait comme chef d’état-major général et se moquait des directives de Paris. La situation de Suchet devenait inconfortable. Dans sa lettre au gouvernement, Joubert précisait : « Si vous voulez que je puisse conserver le commandement, il faut que j’aie des hommes au courant des affaires et qui ont su gagner la confiance de l’armée et la mienne… »
    L’arrêté qui relevait Suchet de son poste, puisqu’il était accusé d’abus de pouvoir, au lieu de le sanctionner, le mutait au poste de chef d’état-major de l’armée d’Helvétie (2 décembre 1798). Or, il ne pouvait y obéir puisque Joubert refusait de le laisser partir. Mais, à Paris, le ministère ne voyait qu’une chose : Suchet s’était rendu coupable d’un refus d’obéissance. Négligeant de tenir compte de la lettre de protestation de Joubert, Schérer, toujours ministre de la Guerre en poste, signa le 27 décembre un arrêté qui destituait purement et simplement Suchet et l’invitait à venir se justifier de sa conduite à Paris.
    Suchet, qui ignorait encore la sanction qui le frappait, continuait à occuper son poste et écrivait de son côté au ministre qu’il allait faire attaquer, conformément aux ordres de son patron, la ville de Lucques « repaire d’Anglais et de Napolitains » et haut lieu de la contrebande. Enfin touché le 14 janvier 1799 (25 nivôse an VII) par la note du ministre, le même jour, il reprit sa plume et écrivit à Salicetti, membre du conseil des Cinq-Cents, qu’il connaissait bien, lui demandant d’intervenir en sa faveur. Il expliquait : « Je suis prévenu d’aristocratie et j’ai dit activement concourut [ sic ] aux événements d’Italie… Il n’est pas donné à celui qui comme moi a constamment travaillé quinze à seize heures par jour de mêler à ces occupations les abstraites combinaisons politiques, si loin de notre métier et si peu conformes à mes goûts. L’on me dit que le président du Directoire est particulièrement irrité contre moi. Je ne le connais pas. Peut-être avec un mot de vous, pourrais-je dissiper les [ ?] qui l’occupent… »
    Après quoi, le 20 janvier 1799, ayant mis en ordre les affaires de l’état-major et prévenu les différentes divisions qu’il serait provisoirement remplacé dans ses fonctions par le général Musnier, Suchet prit congé de son chef et partit pour Paris.
    **
    Parvenu assez rapidement dans la capitale, Suchet ne perdit pas de temps. Il entreprit de se justifier. Il ignorait d’ailleurs que, dans le même temps, Masséna, qui venait d’être nommé au commandement de l’armée d’Helvétie, avait demandé au ministère si Suchet y serait affecté. La situation en Suisse n’était pas simple. Les Cantons s’agitaient de nouveau. Profitant de la circonstance, les Autrichiens débouchant de l’Arlberg s’étaient avancés jusqu’à Coire sur le Rhin supérieur avec l’intention d’envahir la plaine suisse et de l’utiliser comme base

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