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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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récemment « une prime » de cent mille francs pour sa brillante conduite en Italie et touchait sa solde de général de division à laquelle viendrait bientôt s’ajouter le salaire de son frère qui allait avancer rapidement dans la fonction publique.
    Les frères étaient donc plus qu’à leur aise et le matérialisèrent bientôt en se rendant acquéreurs au début de 1802 d’un hôtel particulier, de son jardin, et de ses dépendances, situés au 18 de la rue de La-Ville-l’Évêque, en plein centre de Paris. Louis-Gabriel en était propriétaire pour les deux tiers et Gabriel-Catherine pour un tiers. Il devait revendre sa part à son frère aîné en 1806 sans que la raison de cette cession nous soit connue. En tous les cas, ce ne fut pas pour une cause de mésentente. Assez rapidement, ils l’agrandirent en acquérant l’immeuble du 20 de la même rue.
    Ayant fait connaissance, lorsqu’ils étaient en Italie, d’un très bon architecte nommé Bonnaud, ils firent appel à ses services dès son retour en France pour procéder à l’aménagement de leur propriété. Les étages furent réservés aux appartements particuliers et le rez-de-chaussée fut agencé pour y donner des réceptions, ce qui devenait fort à la mode, même si les maîtres des lieux étaient célibataires. Le goût venait d’en être relancé par Murat et sa femme. Tout ce qui subsistait en France des anciennes noblesse et bourgeoisie ne demandait qu’à se divertir. Et il est certain que les frères Suchet savaient recevoir. Bonaparte, qui voulait que Paris se donnât un air de gaîté et de joie, ne put que les féliciter de leur comportement.
    **
    Le Premier consul accueillit aimablement Suchet lorsqu’il se présenta aux Tuileries, en juin 1801. La politesse ne lui coûtait pas cher. Du reste, il appréciait la discrétion et la retenue dont il avait fait preuve lors du mouvement de fronde des généraux contre Brune. Et puis, il venait de l’armée d’Italie qui s’était toujours montrée fidèle vis-à-vis de lui. Suchet fut à plusieurs reprises invité aux Tuileries, et pour se l’attacher encore davantage, Bonaparte le nomma le 24 juillet inspecteur général de l’infanterie, à une époque où les promotions devenaient fort rares.
    Ce fut à ce titre qu’il accompagna Bonaparte dans le voyage que celui-ci effectua à Lyon en janvier 1802 pour y recevoir les députés des républiques italiennes. Les autorités de Lyon se montrèrent particulièrement chaleureuses vis-à-vis de Suchet qu’elles considéraient comme un illustre enfant de la ville qui lui avait fait honneur et il est fort possible que cet accueil ait porté ombrage au Premier consul, encore qu’il n’ait pas marqué d’humeur vis-à-vis de Suchet, bien au contraire.
    Celui-ci profita de ce qu’il était en contact étroit avec « le patron » pour intercéder en faveur d’un camarade, faisant preuve une fois de plus de son grand sens de l’amitié. Il s’agit de l’affaire Lannes. Le Premier consul avait vivement poussé Lannes à louer à Paris un hôtel particulier de bonne facture « et de le meubler avec magnificence » car, en tant que commandant de la garde consulaire, il se devait de représenter. Mais Lannes, qui était le seul des généraux qui continuât à tutoyer Bonaparte, ce qui agaçait prodigieusement celui-ci, lui déclara qu’il n’avait pas d’argent. Le Premier consul lui conseilla verbalement de puiser dans la caisse de la garde, puis que tout s’arrangerait. Ainsi fit Lannes, et, dans les jours qui suivirent, Bonaparte lui ordonna de présenter les comptes de ses unités en bon ordre, faute de quoi il le ferait traduire en conseil de guerre. Ce fut Lefebvre à qui Lannes s’adressa, en désespoir de cause, qui sauva la situation en lui remettant à fonds perdu la somme nécessaire et en ajoutant : « Pourquoi vas-tu devoir quelque chose à ce bougre-là ! Porte-lui l’argent et envoie-le faire foutre ! »
    Il y eut bien sûr un froid entre Lannes et Bonaparte à la suite de cette comédie et Suchet, voyant celui-ci de bonne humeur, crut habile et loyal de prononcer quelques paroles en faveur de son camarade qui, entre autres exploits, avait par la fermeté de son comportement au feu permis la victoire de Marengo.
    Au cours de ce même voyage, Suchet présenta une requête, non pas à Bonaparte, mais à sa femme Joséphine. Celle-ci, qui appréciait beaucoup les petits cadeaux, était toujours

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