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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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était fort mal logée, n’avait ni baraquements ni paille pour faire coucher les hommes. Suchet s’attela à la tâche et en quelques semaines réussit à obtenir des matériaux pour construire des abris qui protégeraient les soldats contre le froid et les intempéries. En 1804, il devait même parvenir à faire remplacer la paille par des lits.
    Ce fut, au départ, l’occasion d’un des premiers heurts entre Suchet et Soult, car Louis-Gabriel estimait que dans la répartition des fournitures sa division était moins bien traitée que les autres.
    Dans l’esprit de Napoléon, la traversée de la Manche devait s’effectuer pour les cent cinquante mille hommes, les chevaux et l’artillerie, à bord d’une flottille comprenant trois types de bâtiments. Il était planifié que ces bateaux seraient ancrés principalement dans les ports de Boulogne, Ambleteuse, Étaples et Wimereux. Ce dernier, entre autres, était notoirement trop petit pour y accueillir le nombre d’embarcations qui y était prévu. Des travaux d’agrandissement furent donc entrepris. La main-d’œuvre, composée principalement de soldats, ne manquait pas et, pendant plusieurs mois, ils troquèrent le fusil contre la pelle et la pioche. Ce labeur fut effectué sous la direction d’officiers du génie, mais Soult chargea Suchet de superviser l’ensemble. Il se pencha sur cette nouvelle activité avec sa méticulosité et sa précision habituelles. Il fit également construire des bâtiments en pierre pour loger les troupes et transformer des chemins, devenus impraticables avec les lourds charrois, en routes empierrées.
    En revanche, les exercices d’embarquement et de manœuvre des embarcations par des soldats inexpérimentés montrèrent à quel point toute l’opération manquait de préparation. Les hommes avaient le mal de mer et se montraient très maladroits dans la manœuvre des péniches. La sortie de toute la flottille, que Napoléon avait décrété devoir s’effectuer en une seule marée, prendrait en réalité plusieurs jours, ce qui risquait d’entraîner un échec général, car il faudrait être et surtout rester maître du détroit beaucoup plus de vingt-quatre heures.
    Tout ce travail n’empêcha pas Suchet de venir à plusieurs reprises, en 1804, en permission à Paris. En ces occasions, son frère aurait bien esquissé des négociations pour le marier, mais c’était prématuré. Le général se trouvait fort bien en son état.
    **
    En 1802, Bonaparte avait créé la Légion d’honneur. Par un curieux retour vers le passé, il lui avait en un sens donné la forme d’un ordre de chevalerie. Mais la première promotion ne comprenant que les soldats et officiers ayant obtenu des armes d’honneur ne fut publiée qu’en novembre 1803. Suchet en fit donc partie. Au départ, tous les promus furent de simples légionnaires. La première remise de décorations eut lieu à Paris aux Invalides, le 15 juillet 1804. Suchet et Soult y assistèrent. Très vite, Suchet se vit élevé au grade de commandeur ; mais, lorsque Napoléon créa celui de Grand Aigle en février 1805, il l’accorda automatiquement aux maréchaux et à un certain nombre de généraux. Suchet, qui, pour sa part, dut attendre jusqu’en février 1806, y vit une marque constante de défaveur. Les légionnaires étaient regroupés en seize cohortes, chacune correspondant à une zone géographique. Chacun devait choisir celle dans laquelle il serait inscrit. Suchet hésita. Il pouvait désigner Lyon, sa ville natale, avec laquelle il avait encore des attaches et la 7 e cohorte. Mais le chef en était Ney avec lequel il n’avait aucun lien ; la 9 e , comprenant l’Ardèche, berceau de sa famille, et dont le chef était Lannes, son ami, correspondait davantage à ses goûts, mais c’était bien loin. Il choisit finalement la 14 e en Normandie, commandée par Masséna avec qui il était réconcilié. La raison de cette préférence était à la fois simple et logique. Au même moment, son frère négociait pour eux deux l’achat d’un château à proximité de Vernon, dans l’Eure.
    Il s’était prononcé en faveur de l’Empire lors de sa proclamation au début de 1804. Mais il ne l’avait fait qu’avec une certaine réserve, n’approuvant pas les palinodies auxquelles s’était livré Soult qui, dès le mois de mars, écrivait à Bonaparte que « ses généraux et colonels étaient prêts à donner au Premier consul le titre

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