Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
d’empereur des Gaules ».
    Suchet fit tout de même savoir à Bonaparte, par l’intermédiaire de Soult, que lui et tous ses officiers étaient satisfaits de l’arrestation de « l’infâme Pichegru » ; mais, gardant toujours la même retenue, il ne souffla mot de ce qu’il pensait des accusations mensongères et, au demeurant, inventées de toutes pièces (tout le monde le savait) portées contre Moreau en qui Bonaparte continuait à voir un rival. Or, le gouvernement faisait le compte des officiers qui manifestaient un enthousiasme délirant. Bien des généraux, et parmi les meilleurs, tels Souham, Vandamme ou Lecourbe, allaient voir leur carrière stoppée, sinon brisée, en raison de leur prise de position à ce moment. Suchet n’était pas loin de faire partie du lot.
    À la fin de 1804, Suchet avait parfaitement compris qu’il n’était pas près de se voir accorder un avancement auquel il estimait pourtant avoir droit. Il se rendit en permission à Paris. Par contre, il ne semble pas qu’il ait fait l’effort d’avancer son voyage pour assister à la cérémonie du sacre. Étant donné la défaveur qui était la sienne, on comprend qu’il ait préféré bouder ce théâtre officiel.

V
    SIMPLE DIVISIONNAIRE
    (1805-1808)
    En février 1805, Joséphine, à présent impératrice mais toujours fidèle en amitié et dont l’influence avait tout de même des limites, écrivit à Suchet pour lui annoncer que, grâce à elle, il avait été nommé gouverneur du palais de Laeken, à proximité de Bruxelles. Sachant que son courrier était lu par le cabinet noir, elle ajoutait qu’il devait cette faveur « à son mérite et à son attachement bien connu pour l’empereur ». En fait, à côté des faveurs distribuées aux maréchaux et à d’autres généraux, c’était tout au plus un lot de consolation et le salaire qui y était attaché, quinze mille francs par an, semblait peu de chose, comparé à certains dons faits à ses camarades. Au demeurant, la charge était purement honorifique, car Napoléon ne séjourna qu’en de rares occasions dans ce palais et Suchet lui-même n’y alla jamais. Il devait en perdre le bénéfice en 1813, lorsque Bruxelles tomba aux mains des alliés.
    Il n’en remercia pas moins chaleureusement l’impératrice car, avec elle, il était assuré d’avoir au moins une alliée près du pouvoir. Pendant tout le premier trimestre 1805, il continua à entraîner sa division. Les exercices d’embarquement se succédaient mais il était de plus en plus évident qu’ils ne correspondaient pas à grand-chose. La grandissime manœuvre navale imaginée par Napoléon pour lui permettre de traverser le Pas de Calais ne se déroulait pas suivant ses plans. Certes, l’amiral Villeneuve, trompant facilement l’Anglais Nelson, était sorti de Toulon avec son escadre et avait fait voile vers les Antilles, alors que son adversaire courait le chercher en Égypte. Mais, arrivé à la Martinique, où, selon les projets de Napoléon, il aurait dû trouver la division de Rochefort et l’escadre de Brest, il avait constaté que le rendez-vous était manqué. L’amiral Missiessy, arrivé avant lui, ne l’avait pas attendu et il était reparti pour la France, seul. Ganteaume, craintif et pusillanime, n’avait pas osé sortir de Brest, invoquant les arguments les plus divers, depuis le manque de vent jusqu’à l’entraînement insuffisant de ses équipages, en passant par le fait qu’il était bloqué dans ce port. Mais, par-dessus tout, Napoléon aurait dû se rendre compte que les vieux loups de mer d’amiraux britanniques n’avaient pas donné dans le panneau et que, loin d’aller courir jusqu’aux Antilles, l’amiral anglais Cornwallis avait continué à monter la garde verrouillant l’entrée de la Manche. Et, pendant ce temps-là, la diplomatie britannique, loin de rester inactive, nouait une troisième coalition contre la France avec la Russie, l’Autriche, Naples et la Suède.
    À Wimereux, Suchet, assez mal informé comme ses camarades de l’évolution de la situation, continuait à surveiller l’entraînement de sa division. Au début de juillet, Berthier, qui cumulait les fonctions de ministre de la Guerre et de major général de l’armée dite « des côtes de l’océan », passa en revue la division et, comme il savait rendre justice malgré les préventions qu’il avait contre Suchet, félicita ce dernier de son bon état. Le 15 août, ce fut

Weitere Kostenlose Bücher