Le Maréchal Suchet
qu’il arma avec des pièces lourdes capables de tirer des boulets rouges pour incendier les vaisseaux en bois. Naturellement, la garnison tenta plusieurs sorties pour les détruire, mais sans succès.
Dans un premier temps, sur terre, Suchet s’attaqua au fort Olivo, construit sur le plateau du même nom, et dont la seule présence le gênait beaucoup. Le 29 mai, il tomba entre ses mains et, dès ce moment, le général put concentrer son attention sur la ville elle-même. Les travaux d’approche contre celle-ci étaient commencés depuis le 2 juin et la première parallèle fort avancée.
Pendant ce temps, la garnison se voyait renforcée par deux mille hommes transportés par la flotte anglaise. Mais malgré ce soutien, elle ne réussit pas à empêcher les travaux des assaillants de progresser rapidement. La seconde parallèle était creusée dès le 10 et la troisième, juste contre les fossés, dans la nuit du 18 au 19. L’assaut de la ville basse fut donné le 20 et celle-ci fut emportée. Restait la ville haute dont le siège était également à faire. Tout était à recommencer sauf qu’une partie de l’artillerie lourde de la ville basse, récupérée, put être mise en batterie contre la ville haute. Puis, Suchet ouvrit de nouveau la première parallèle.
À ce moment, l’armée espagnole de secours enfin sortie de Valence approcha de Tarragone. Elle comptait quatorze mille fantassins et deux mille cavaliers d’une valeur très inférieure aux troupes de Suchet. Toutefois son chef, le général Campoverde, malgré sa supériorité numérique, n’osa pas attaquer et, attendant l’arrivée de renforts, battit en retraite vers Villanova.
Profitant de ce répit inespéré, Suchet laissa à sa cavalerie le soin d’observer les mouvements de l’armée de secours et décida de donner l’assaut à la ville haute. Il fut déclenché le 28 juin. Enragés par la résistance de l’ennemi, les soldats de Suchet, déchaînés, firent peu de prisonniers. La ville n’eut pas l’opportunité de se rendre et les civils subirent le contrecoup de l’assaut, mais ce qui restait de la garnison mit bas les armes.
Le pari de Suchet s’était révélé payant car, ayant reçu enfin des renforts, l’armée de Campoverde s’apprêtait, en accord avec la garnison, à essayer de faire lever le siège le lendemain. Les pertes de part et d’autre étaient assez lourdes : quatre mille trois cents tués, plus de trois mille blessés du côté français ; près de douze mille tués chez les Espagnols, mais la place était enfin entre les mains des Français.
L’armée du marquis de Campoverde tenait toujours la campagne. Malgré la fatigue et les pertes éprouvées par ses troupes pendant le siège de Tarragone, Suchet décida de se lancer à sa poursuite et si possible de l’obliger à livrer combat. Il laissa sur place le général Montmarie pour remettre la ville en ordre. Puis il se rendit à Barcelone pour se concerter avec le général Mathieu. Il devait prendre les mesures pour empêcher l’armée de Valence de fuir par la mer. En fait, celle-ci retraitait par l’intérieur vers le haut Aragon, ce qui ne faisait pas l’affaire des soldats valenciens qui cherchaient précisément un point d’embarquement pour se faire transporter par la flotte anglaise. Refusant partout le contact et reculant jusqu’à Agramont au pied des Pyrénées, cette armée espagnole finit par se diviser en fragments se dispersant comme ils le pouvaient avec la cavalerie française à leurs trousses. Certains parvinrent à Mataro au nord de Barcelone, où les Anglais avaient mis à terre cent cinquante mille rations dont les troupes de Suchet s’emparèrent. Campoverde lui-même dut s’enfuir. Seuls trois mille hommes parvinrent à gagner le petit port de Arens del mar où la flotte les recueillit. L’armée de secours avait cessé d’exister.
Seul le Mont Serrat, à proximité de Barcelone, restait aux mains des rebelles. En principe, il avait été convenu que Macdonald s’en emparerait pendant que Suchet assiégeait Tarragone, mais l’incident de Figueras l’en avait empêché. Suchet décida d’en faire son affaire et chargea les généraux Frère et Harispe de l’opération, puis les renforça et vint lui-même superviser ce mini-siège. Malgré un terrain d’approche difficile, la place tomba le 25 juillet.
Cinq jours auparavant, en arrivant à son ancien quartier général de Reuss, Suchet avait eu la
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