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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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communaux, il joignit les immenses terres, biens du clergé régulier car les couvents étaient fort riches, ce qui eut pour conséquence de lui aliéner le peu de moines qui ne lui étaient pas ouvertement défavorables. Pour en tirer profit, il dut procéder par tâtonnement. Le principe assez simple consistait à les louer aux communes qui durent verser dans le trésor public les trois quarts des revenus qu’elles en tiraient. Mais l’action des guérillas, celle de la junte insurrectionnelle et des troupes régulières espagnoles furent autant de motifs pour excuser les municipalités de ne payer qu’en partie, voire pas du tout, ce dont elles étaient redevables et à la fin du compte les recettes qu’en tira Suchet furent très inférieures à ce à quoi il s’était attendu.
    Toutefois, le principe de rendre les communes responsables de la rentrée des fonds avait du bon. La méthode parut à Suchet tellement avantageuse qu’il ordonna de l’étendre aux impôts indirects sur le sel, le tabac, le papier timbré, les cartes à jouer, la poudre à fusil et… les bulles du pape. Chaque année, chaque commune était taxée globalement à ce sujet et, si elle estimait l’assiette trop élevée, elle avait la possibilité de porter l’affaire devant le tribunal de l’intendant. Mais elle devait commencer par payer sans attendre la décision de la juridiction.
    Suchet trouva une autre source de revenus tout à fait originale. Il existait en Aragon une voie d’eau de communication nommée « canal impérial », car elle avait commencé à être creusée sous Charles Quint. Elle joignait la Navarre et l’Aragon. Ce canal servait à la fois à la navigation et à l’irrigation des terres. Au fil des ans, il était un peu tombé en désuétude et les revenus qu’en tirait la couronne s’étaient vus ramenés presque à rien. Le général s’appliqua à le faire remettre en état pour en tirer de substantiels gains.
    Après quoi, il se pencha sur les problèmes de l’industrie qui pourrait participer aux efforts de guerre ; il fit établir à Saragosse une raffinerie de salpêtre dont il eut l’habileté de confier la direction à un ancien colonel de l’armée espagnole. Il fit également redémarrer la poudrerie de Villafeliche qui était arrêtée. Le seul regret de Suchet fut de devoir faire brûler en place publique toutes les marchandises anglaises saisies par la douane sur ordre exprès de l’empereur. Leur vente aux enchères aurait, estimait le général, apporté des sommes appréciables au Trésor.
    Grâce à son action continue, sans à-coups et sans faire appel à des mesures coercitives, il réussit à gagner la confiance des Aragonais par nature susceptibles et soupçonneux. Et un autre de ses coups de maître pour tranquilliser la population consista à ne pas heurter les convictions religieuses des habitants même si elles étaient largement faites de superstitions et à ménager le clergé séculier car le clergé régulier lui était résolument hostile.
    **
    En Aragon, comme dans toute l’Espagne en 1809, le clergé était d’autant plus puissant que le gouvernement se montrait faible. D’ailleurs, cette situation perdurait depuis plusieurs siècles. Il était fort riche et si la haute hiérarchie était composée de personnages cultivés à l’esprit éclairé, les prêtres de base aussi misérables que leurs ouailles étaient ignorants, incultes et d’une foi d’autant plus étroite qu’ils n’avaient aucun espoir de sortir de leur condition. Les quelques mesures prises à leur encontre par Joseph, telle la suppression de l’Inquisition, avaient dressé les curés contre lui et ils apportaient appui et encouragement à la rébellion, prêchant ouvertement la révolte, certains n’hésitant pas à faire le coup de feu contre les Français. La dévotion qu’affichait le roi était qualifiée en chaire de « momeries ».
    Suchet reprit son clergé en main, tout en faisant preuve de beaucoup de déférence vis-à-vis de lui. Il ne s’occupa pas du bas clergé, estimant que sa mise au pas était l’affaire de la hiérarchie. L’Aragon comptait un archevêché, Saragosse, et six évêchés dont trois seulement étaient pourvus : Huesca, Jaca et Tarazone. Les trois autres, Teruel, Albarracin et Barbastro, se voyaient administrés par leur chapitre puisqu’ils étaient vacants. L’archevêque de Saragosse était pratiquement inconnu dans la province. Madrilène, il

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