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Le mariage de la licorne

Le mariage de la licorne

Titel: Le mariage de la licorne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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blessé jusqu’à la maison.
    James de Pipe s’approcha pour dire à Louis quelque chose que Lionel traduisit :
    — Il nous permet de retourner au manoir pour que vous puissiez mieux y soigner l’Escot*, à condition de vous souvenir que vous devez leur prodiguer des soins, à eux aussi.
    — Ça va. Allons-y.
    Il acquiesça et marcha sans y penser en tête du cortège qui s’ébranla vers la maison. James de Pipe et ses sbires n’en prirent pas ombrage. Ils se contentèrent de suivre les brancardiers en chantant un vieux refrain qui offensait la mémoire de Sir William Wallace (72) .
    — La ferme ! Que la lèpre vous ronge les génitoires et vous laisse avec des voix de gueuses, saletés d’Anglesches, gronda Aedan que son petit-fils ne quittait pas d’une semelle.
    Le cortège arriva dans la cour en éparpillant les volailles caquetantes. Louis s’arrêta près du seuil et fit face aux Anglais. Il ouvrit la porte derrière son dos avant de faire signe à Hubert et Thierry, à qui on livra d’abord le passage.
    —  Gentlemen first (73) , dit James de Pipe à Louis, avec un sourire narquois.
    Il poussa le bourreau devant lui et se tordit le cou pour claironner, à sa bande :
    —  Mick, One-Eye, Robert, with us. The rest of you fellows, go and have a look at that mangy little village down the hill. Oh, and check up the barn on your way there, will you (74)  ?
    Les serviteurs s’étaient regroupés dans la grande pièce et formaient cocon autour de la civière qui venait d’être déposée sur le sol dallé. Aedan avait tenu à s’asseoir en prenant appui contre le mur, Sam à ses côtés. Depuis le coin de la pièce où il se tenait, le père Lionel semblait attendre, ses mains maigres frileusement cachées à l’intérieur de ses amples manches. Jehanne avait trouvé refuge auprès de lui. Son visage était à demi enfoui dans la bure et elle observait la scène d’un seul œil. Louis avançait lentement, impassible, les bras le long du corps, encadré par deux des Anglais. Le chef se tenait toujours juste derrière lui. Il avait passé un bras par-dessus son épaule afin de lui maintenir sa dague sous le menton.
    — Ne tentez rien contre eux, dit le maître, surtout à Toinot qui suivait leurs moindres gestes d’un air belliqueux.
    Et il attendit lui aussi. Quelques ordres brefs furent donnés, et deux des hommes entreprirent de fouiller bruyamment la pièce, bousculant les meubles, jetant par terre de la vaisselle en bois et en terre cuite qui se fracassa bruyamment. Les coffres ouverts n’eurent rien d’autre à leur offrir que du linge ou des objets personnels.
    Le chef fit asseoir Louis avec rudesse sur l’un des coffres fouillés qui étaient poussés devant la table. L’autre chef obligea le père Lionel à rédiger une lettre qu’il lui dicta, car il ne savait ni lire ni écrire. Ses acolytes entreprirent de fouiller les autres pièces du manoir, y compris les combles. Ils revinrent bredouilles et la mine renfrognée.
    — Me voici donc leur tabellion*, remarqua Lionel doucement. Mais nous devrions éviter de nous comporter comme des gens que ces démonstrations impressionnent.
    — Pourquoi donc ? C’est ce qu’ils veulent, dit Louis, qui inclinait la tête un peu aimablement vers James de Pipe.
    — À propos, avec quoi m’avez-vous recousu, espèce de boucher ? dit Aedan en se redressant. Avec des tripes de chat ? Parce que ça me tourmente comme s’il y en avait un qui essayait de me sortir du ventre.
    James de Pipe s’esclaffa. Le second cavalier vint rejoindre son compagnon et dit, d’une voix assez forte pour que tous pussent l’entendre :
    —  I like hearing French, but too much of it gives me a headache (75) .
    — Donne, saynewer. Spit out your coin (76) , dit le chef en empoignant les cheveux de Louis et en lui tirant la tête en arrière.
    Le colosse esquissa un petit mouvement du bras pour désigner son côté droit. L’Anglais se pencha pour arracher la bourse qui pendait à la ceinture de son otage et la soupesa en émettant un grognement dubitatif.
    — C’est tout ce que j’ai, dit Louis.
    Des hennissements furieux montèrent soudain de la cour. Ils furent suivis des cris de plusieurs hommes et du tapage produit par divers objets que l’on bousculait. Louis tenta de se lever, mais il fut rassis de force par le chef qui regardait en direction de la fenêtre aux volets clos.
    —  What the (77) …
    La porte d’entrée s’ouvrit

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