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Le mariage de la licorne

Le mariage de la licorne

Titel: Le mariage de la licorne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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continuez.
    — Mondhéry et Longjumeau étaient en feu. Les villages des alentours aussi. On pouvait voir la fumée monter depuis les remparts. Avant d’arriver devant Paris, les Anglais avaient trouvé les ponts coupés à Rouen. Ça les a fait remonter la rive gauche. Vernon, Verneuil et Pont-de-l’Arche, tout a flambé. À Pâques, il y avait aux Carmes les prêtres de dix communes pour officier. Ça priait, je vous jure, plus que dans les monastères. Hum… pardon, mon père. Je ne vous avais pas remarqué.
    — Il n’y a pas d’offense, mon fils. Le Seigneur est bon et compréhensif. Il comprend notre propension à Lui parler davantage de nos malheurs que de nos joies.
    — Oui, sans doute. Hum. Toujours est-il qu’Édouard s’est arrêté à Poissy pour y construire un pont et fêter l’Assomption. Le lendemain, on donnait ordre de brûler les trois faubourgs. Tout homme avait la permission d’y prendre tout ce qu’il pourrait – bois, fer, tuiles et le reste. Ça s’est étendu du côté de Saint-Germain, de Bourg-la-Reine, de Saint-Cloud, et même de Boulogne, oui, si près de la Cité.
    — Quoi ? dit Louis.
    — C’est comme je vous dis. Croyez bien qu’il n’a pas manqué de gens pour tout saccager promptement. Les uns pleuraient, les autres riaient. Laissez-moi vous dire que ceux qui riaient ne causaient pas comme nous. Mais, vous savez, j’ai idée que le rire va bientôt leur rester en travers de la gorge. Il y a une limite à la bravade et à l’audace. Ils ne se rendent même plus compte qu’ils se trouvent engagés en plein cœur du royaume et, malgré tous leurs ravages, les forces du roi de France grossissent chaque jour. Surtout depuis qu’ils ont commis l’affront de venir traîner jusque devant les murs de Paris. Ça, c’est aller trop loin. Ça ne passe tout bonnement pas. Les bourgeois se sont toujours montrés d’une patience admirable. Mais quand le roi a parlé de faire démolir les maisons qui touchaient à l’enceinte de la ville, il a failli déclencher un soulèvement.
    Louis se retourna légèrement et son regard erra dans le vide. Il pensait à la boulangerie, à Hugues, Clémence et les enfants. Comment s’en étaient-ils sortis ?
    — Entrez donc vous chauffer et vous restaurer un brin, messire, appela Margot.
    Hubert renchérit :
    — Oui, excellente idée. Isolés comme nous le sommes ici, vous nous trouvez assoiffés de commérages.
    — Merci bien, mais je ne peux rester.
    Pourtant, il descendit quand même de cheval afin d’attirer de nouveau l’attention de Louis.
    — Autre chose, Baillehache. Il faut que vous sachiez que dans le petit bourg d’Orly, il y a eu deux cents morts. Tous entassés dans une église dont ils s’étaient fait un donjon illusoire (83) . Les Anglais ne respectent plus rien, pas même les lieux sacrés qui sont tenus depuis toujours pour inviolables. Tenez, j’y songe, en voici une autre preuve : près de Chanteloup, douze cents personnes s’étaient aussi enfermées dans une église. Il y en avait de tous âges. Même des femmes enceintes…
    Il secoua la tête.
    — En temps de crise, les gens deviennent comme fous. Le capitaine, celui qui était des nôtres je dis bien, craignant qu’ils ne se rendent, a fait mettre le feu à cette église. Tout a brûlé. Ceux qui essayaient de fuir les flammes en sautant par les fenêtres – il y en a eu au moins trois cents, je crois – se faisaient faucher par les Anglais postés en bas. Ils les ont massacrés jusqu’au dernier en se moquant d’eux pour s’être eux-mêmes foutus au feu. Moi-même qui m’y trouvais, je n’en ai réchappé que par la volonté de Notre-Seigneur.
    Lionel se signa, imité par les autres qui pinçaient les lèvres.
    — Qu’en est-il d’ici ? demanda Louis. Je ne reçois plus guère de courrier.
    — Ici ? C’est tout pareil. Caen a été pillé. Ils ont trouvé de quoi charger plusieurs vaisseaux. Et je ne parle pas de tout le drap qu’ils ont pris à Saint-Lô et Louviers.
    — Et que fait le roi ?
    Le messager se gratta entre les poils hérissés de son menton et dit :
    — Tenez-vous vraiment à le savoir ? Oui ? Eh bien, tout le secours que Jean a jugé bon d’offrir à la Normandie, ça a été d’envoyer à Caen le connétable et le comte de Tancarville. Or, ils se sont fait prendre tous les deux. Bien sûr, vous n’ignorez pas que Sa Majesté de Navarre se retrouve chez elle, bien à l’aise à

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