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Le mariage de la licorne

Le mariage de la licorne

Titel: Le mariage de la licorne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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de sabots au loin.
    — Moi, je sais un endroit où on pourra tous loger, dit soudain la voix enthousiaste de Sam, dont les boucles rousses ne cessaient de lui obstruer la vue.
    — Toi ? dit Louis dubitativement.
    — Oui, moi. Par ici, je vais vous montrer.
    Et ils prirent la direction de la forêt à la queue leu leu, avec en tête le gamin tout fier qui s’était muni d’un bâton de patriarche.
    Ils avaient atteint le cœur de la forêt lorsque Sam bifurqua et quitta le sentier. Pendant un temps qui leur parut assez long à tous, ils durent disputer leur chemin aux ronciers et aux buissons bas jusqu’à ce qu’ils parvinssent à une espèce de rocher moussu, envahi de lierres étouffants qui le faisaient presque disparaître. Sam se retourna vers le petit groupe et dit :
    — C’est mon grand-père qui m’a montré ça.
    Le garçon entreprit de repousser les lierres à un point précis. Louis s’approcha et aperçut dans le rocher, presque à fleur de terre, une ouverture permettant tout juste le passage d’un homme. Louis se retourna brusquement et dit :
    — Une torche.
    Toinot vint le rejoindre. Il ouvrit sa musette afin d’y prendre amadou et pierre à feu tandis que Thierry se mettait en quête de quelque bâton résineux. Pendant ce temps, Louis s’était accroupi et continuait à repousser les lierres avec précaution pour éviter de les endommager, car ils allaient peut-être devenir de précieux complices.
    — Je vois des marches, annonça-t-il aux autres.
    — Oui, et ce n’est pas tout. Attendez de voir ce qu’il y a à l’intérieur, dit Sam, qui s’apprêtait à plonger tête première dans l’orifice.
    Mais Louis le retint par l’épaule.
    — Pas si vite, jeune sot.
    Toinot remit à Louis une torche qui fumait en grésillant. Le géant poussa de côté Sam qui maugréait et lança la torche dans le trou. Ils l’entendirent dégringoler les marches pour s’arrêter quelque part au fond, très loin à ce qui leur sembla. Louis prêta l’oreille. Rien ne se passait. Il se tourna vers Sam :
    — Ça va, on peut y aller. Aucune bête là-dedans.
    C’était là une précaution élémentaire, mais cela n’empêcha pas Sam de continuer à ronchonner jusqu’à ce que Jehanne vînt le rejoindre devant le rocher.
    Louis fut le premier à entrer. Après quelques tâtonnements, il trouva devant lui un escalier étroit, en pierre grossièrement taillée, qui plongeait vers la lueur falote et grelottante de la torche. Deux personnes n’eussent pu se tenir côte à côte entre les parois de ce qui avait l’air d’être une grotte plongeante. Louis devait garder la tête penchée.
    — Attention de ne pas perdre pied, dit-il, et il entreprit de descendre.
    Une fois en bas, il ramassa la torche avant de faire quelques pas. Les murs ne l’enserraient plus. Bien au contraire, il marchait dans une longue allée voûtée large de sept pieds. Il se redressa, éberlué, et fit un tour sur lui-même en tenant la torche bien haut, tandis que les autres descendaient à leur tour. Leurs chuchotements émerveillés laissaient croire qu’ils venaient de pénétrer dans une chapelle.
    Ils se rassemblèrent dans une grande salle au centre de laquelle trônait un vieux puits. En se penchant au-dessus de la margelle, Louis put y voir son propre reflet accompagné d’une nouvelle torche.
    — L’eau est bonne, j’en ai bu une fois, dit Sam.
    Autour du puits bordé de dalles en schiste, trois grands parcs avaient été aménagés pour les bestiaux, et l’allée était bordée de deux autres chambres visiblement vouées à l’occupation humaine. Le soin apporté à ces lieux, de même que leur solidité, témoignaient de la longue clandestinité de ceux qui jadis avaient dû y habiter.
    Louis en fit le tour et, en compagnie de l’un ou l’autre des habitants du manoir, explora minutieusement chacune des grandes pièces. Soudain, Lionel s’émerveilla :
    — Là, sur ce mur, voyez : on dirait des signes runiques.
    Louis se fit arracher sa torche des mains par le moine qui se mit à étudier, fasciné, un enchevêtrement d’inscriptions circulaires et géométriques.
    — Ceci ne peut être l’œuvre d’anciens Celtes. Non, l’architecture en est visiblement romane, beaucoup plus récente. Comme c’est étrange.
    Les préoccupations du religieux n’arrivèrent guère à capter l’attention de Louis, qui ne voyait en cet endroit que le secours providentiel dont ils avaient

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