Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le mariage de la licorne

Le mariage de la licorne

Titel: Le mariage de la licorne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
Vom Netzwerk:
semblait toujours leur venir après.
    — Louis. Dis-moi ce qui m’attend. Je t’en prie.
    Louis fronça les sourcils. Il avait toujours refusé de faire le récit de quelque exécution que ce soit à des curieux qui, quelquefois, avaient eu le mauvais goût de lui en réclamer. C’était là faire preuve d’un manque de respect fondamental à l’égard des victimes qui avaient déjà à subir la présence malsaine de telles gens lors de leurs derniers instants. Mais voilà que sa future victime le suppliait de décrire la mise à mort qui l’attendait. C’était encore pire. Il la prit par les épaules afin de la forcer à s’éloigner pour le regarder dans les yeux. Il demanda :
    — Pourquoi tenez-vous tant à savoir cela ? Cela ne vous fera aucun bien.
    — J’espérais que, peut-être, ce serait moins effrayant si je savais ce qui va se passer.
    Louis y réfléchit, puis il dit :
    — C’est justifié. Mais vous savez déjà comment ça va se passer. Ça ne sert à rien.
    — Oui, je sais. Et je ne sais pas.
    Elle jeta un regard horrifié au floternel* noir de Louis. Elle savait qu’il y cacherait sous peu son épée, derrière son dos. Elle éclata en sanglots avant de se jeter de nouveau dans ses bras. Il s’efforça de l’apaiser, en lui disant :
    — Dame, c’est simple. Suivez mes instructions et tout ira bien. En quatorze ans de carrière, je n’ai fait qu’un ratage avec l’épée et c’était à mes débuts. J’ai manqué mon coup et j’ai dû le finir avec la dague… Ça va, je n’ai rien dit. Si vous voulez éviter que je vous inflige des souffrances inutiles, restez calme et je promets de faire vite. Lorsque je dirai : « Maintenant », ne bougez plus.
    — Tu me parles de cela comme d’une simple formalité. Tu es odieux !
    Louis ne répondit pas. Il trouvait que les choses allaient trop loin. Qu’il eût mieux valu, comme d’habitude, sauf lorsque la torture était prescrite, de garder ses distances. De ne lui avoir permis aucune familiarité et d’éviter, dans la mesure du possible, tout contact visuel direct. C’était ce qu’il s’était donné pour règle et cela avait toujours bien fonctionné.
    Isabeau demanda :
    — Ne ressens-tu donc rien, d’avoir à me faire ça ? Rien du tout ? Elle chercha avidement dans le visage intraitable la plus petite expression de sympathie et ne trouva rien.
    — Je regrette, dit-il.
    — Non, tu ne le regrettes pas ! Cela t’est tout à fait égal. Isabeau s’arracha à son étreinte en titubant. Son bras accrocha la cruche qu’il rattrapa juste avant qu’elle ne renverse son contenu sur ses jupes. Il se rassit et dut lever la tête pour regarder la femme en larmes.
    — Ton seul souci est de me transformer en une chose laide et morte ! Tu es un ogre, un ogre !
    Elle se mit à lui frapper la poitrine et les épaules de ses petits poings mal assurés. Il ne se défendit pas. Elle le gifla une fois, puis une seconde fois, plus fort, puis une troisième fois, toujours sans susciter de réaction. Louis ne la quittait pas des yeux et se taisait. Cela, bien davantage que des paroles, la fit se ressaisir. Elle dit :
    — Pardonne-moi.
    Il se leva.
    — Vous faites erreur. Ça ne m’est pas égal.
    — Je sais.
    — Mais il ne fallait pas m’aimer. Voyez où ça vous mène. Je n’ai pas le droit d’aimer.
    — Je ne comprends pas.
    — Ça ne fait rien.
    Il ouvrit les bras.
    — Venez.
    De nouveau, il la prit dans ses bras. Ensemble, ils reculèrent contre le mur et se laissèrent glisser sur la couchette qui avait été prévue pour lui. Il lui couvrit les épaules à l’aide d’une couverture en camelin*. Elle se laissa faire et se pelotonna contre lui. Après un moment, il sortit de sa poche un sachet qu’il lui montra et dit :
    — Nous avons tous deux besoin de dormir. Vous êtes d’accord ?
    — Oui, mais seulement si tu ne me laisses pas seule.
    — Je serai là.
    Il se leva pour réclamer de l’eau bouillante au gardien.
    Lorsque la tisane fut prête, il la versa dans un seul gobelet qu’ils partagèrent. Il lui en laissa la plus grande partie. Alors qu’elle était gagnée par la somnolence, Isabeau remua.
    — Je crois que, bientôt, je ne penserai plus, dit-elle tout bas. J’ai encore une demande à te faire. La dernière.
    Louis baissa les yeux sur elle.
    — S’il te plaît, embrasse-moi.
    La grande main lui caressa les cheveux. Il lui donna le baiser d’un amant.
    Les

Weitere Kostenlose Bücher