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Le mariage de la licorne

Le mariage de la licorne

Titel: Le mariage de la licorne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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de consulter.
    Il avait précisé :
    — Réputation qui peut très bien déteindre sur vous et vous porter grand préjudice.
    Il y avait très peu à rajouter. Quels que fussent les motifs qui avaient donné naissance à ce complot, jalousie ou désir de vengeance, le dommage était fait.
    Charles de Navarre remercia ses gens et fila discrètement jusqu’aux quartiers de Louis. Il frappa à la porte et, n’obtenant pas de réponse, entra.
    Louis reposait paisiblement en chemise de nuit, le dos appuyé contre plusieurs carreaux*. Il tourna la tête vers lui et fronça les sourcils. Son cœur battait la chamade. Il avait l’impression que quelque chose lui avait échappé, quelque chose de vaguement familier dont il aurait dû aisément se souvenir. Il savait également qu’il aurait dû reconnaître cet homme qui entrait et savoir ce qui se passait.
    — Comment te sens-tu ? demanda Charles poliment.
    — Fatigué. J’ai mal partout. Partout. Églantine est revenue ?
    — Qui ça ?
    Le bourreau ne répondit pas et regarda ses mains croisées pardessus l’édredon.
    — Écoute, Louis, on s’est joué de toi. Rien de cela n’aurait dû arriver.
    — Oh, on n’y peut rien.
    La voix du bourreau était sans timbre, comme s’il ânonnait quelque chose qu’il avait appris par cœur. Charles mit cela sur le compte de sa lassitude et de sa déception.
    — Pour le moment, il y a très peu que je puisse faire, tu comprends, dans la situation où je me trouve. Je suis coincé entre l’arbre et l’écorce. Mais je saurai bien trouver une solution.
    Louis ne fit qu’un vague signe d’assentiment. Ce comportement ne déconcerta pas le roi outre mesure puisque le bourreau était par nature économe de ses gestes tout autant que de ses paroles. Il fut donc aisé à Louis de camoufler le fait qu’il n’avait aucune idée de quoi il pouvait bien être question. Charles dit :
    — Je tenais à ce que tu le saches. Cela ne fait que confirmer ce que j’ai toujours su : n’ayant pas été corrompu par les intrigues, tu ne t’es pas suffisamment méfié. Même moi, je m’y suis fait bêtement prendre. J’ai réellement cru qu’elle était amoureuse de toi. J’aurais pourtant dû savoir qu’elle était de mèche avec son benêt de neveu. Enfin, quoi qu’il en soit, je puis t’assurer qu’Isabeau regrettera amèrement de m’avoir privé ainsi de ton soutien. Je m’apprêtais à te nommer conseiller, mais toute cette histoire vient annihiler cette idée, car mes ennemis ne pourraient qu’en profiter pour me discréditer. Que de grandes et belles choses eussions-nous pu accomplir ensemble !
    Louis fixait des yeux la flamme tremblotante de son chaleil*.
    — Je ne comprends pas, dit-il du même ton morne.
    Charles se leva et lui donna sur la main deux petites tapes rassurantes. Il dit :
    — Ça ne fait rien. C’est moi qui suis trop pressé. Repose-toi, mon ami. Demain, tu y verras plus clair.
    Isabeau était ravie : il ne se souvenait de rien. Il devait s’être cru victime d’un malaise puisqu’il n’avait parlé de rien et que, quelques jours après l’incident, il vint la rencontrer dans ses appartements. Il mit genou à terre devant elle.
    — Mon beau Louis, je me faisais beaucoup de souci pour toi, dit-elle en lui repoussant les cheveux en arrière et en lui caressant la joue.
    Il devait lui être resté juste assez de réminiscences inconscientes pour qu’il pût apprécier cela. C’était amplement suffisant. Il se laissa faire un moment, puis il posa sa main sur la sienne. La grande main descendit vers le poignet qu’elle prit afin d’abaisser doucement le bras d’Isabeau. Louis entreprit de retrousser la manche évasée de sa robe. À elle seule, cette caresse subtile était ardente, irrésistible. Isabeau haleta et rendit grâce tout bas aux talents culinaires de Desdémone. En fin de compte, il en connaissait peut-être davantage sur les femmes qu’un garçon de quinze ans.
    — Dites-moi tout, dit Louis qui déposait tout le long de l’avant-bras nu et rose une chaîne de petits baisers qui produisait un chatouillement exquis… sinon je briserai vos petits os.
    L’autre main de Louis empoigna le bras offert juste au-dessus du coude et il se releva pour poser le pied sur le barreau du siège d’Isabeau.
    — Quoi ? fit Isabeau, étourdie par ce revirement subit.
    — Ordre du roi. Il y a eu un ratage dans votre petit coup monté. Il vaut mieux que vous

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