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Le mariage de la licorne

Le mariage de la licorne

Titel: Le mariage de la licorne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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terrible, celle des femmes est cruelle, énonça-t-il.
    Cinq minutes plus tard, Louis gémit :
    — L’enfant. Montre-le-moi, je t’en prie… Églantine.
    Isabeau fronça les sourcils. « Qu’est-ce que cela veut dire ? » pensa-t-elle.
    Louis s’écroula. Sans perdre de temps, les deux femmes se mirent au travail.
    Le matin était sale et disloqué. Il éclairait vilainement le plancher jonché de couvertures et de vêtements froissés. Une robe de soie pendait sur un tabouret renversé. Dans un coin, il aperçut sa propre tunique près de laquelle une coupe vide avait roulé. Juste à côté de lui, une masse de cheveux emmêlés, couleur de bronze. Louis se mit debout et tituba. Solennellement, comme un carrousel, la chambre commença à tourner autour de l’axe qu’il était. Il baissa les yeux sur ses chausses : elles étaient détachées et lui descendaient le long des jambes. Le corps parcouru de frissons, il fut incapable de les rattacher. Son cœur se mit à lui marteler cruellement la tête. Un affreux goût de bile se répandit sur sa langue. Soudain, la pièce interrompit sa danse folle : Isabeau s’était réveillée. Elle se retourna sur le dos et il put voir que l’un de ses poignets était encore lié à la patte du lit. Elle caressa du bout des doigts la bosse qu’elle avait sur la tête. Ses yeux d’acier étincelèrent de haine.
    — Je comprends tout, maintenant. Gardes ! Au violeur ! À moi ! Pris de panique, Louis voulut s’enfuir, mais il trébucha dans ses chausses et s’affala de tout son long au moment même où quelqu’un faisait irruption dans la pièce. C’était Philippe d’Asnières. Louis se débattit dans ses vêtements et tenta en vain de se relever : d’Asnières s’était mis à le bourreler de coups de pied enthousiastes.
    — Il serait bon d’appeler la garde, dit-il à la servante qui froissait l’ourlet de son tablier d’une main nerveuse.
    D’Asnières tint le bourreau en respect avec sa lame en attendant des renforts. Deux hommes d’armes furent introduits dans la chambre par Desdémone et se saisirent de Louis.
    — Un instant, dit d’Asnières, tandis que l’homme était fermement maintenu debout par les deux gardes.
    Le jeune homme lui administra un coup de genou dans les organes génitaux.
    — Voilà pour toi, sale pervers !
    Le bourreau poussa un cri et se rejeta en arrière avec une force surhumaine. Les gardes le retinrent vainement : les manches de sa chemise se déchirèrent. Ils le laissèrent donc s’étendre et le lâchèrent, reculant avec inquiétude. Les autres firent comme eux. Isabeau entreprit de défaire elle-même, avant que l’on ne s’avisât d’y prêter attention, le lien trop relâché qui, en principe, la retenait au lit.
    Après s’être plié en deux, le corps de Louis s’était arqué d’une façon invraisemblable et ses membres étaient agités par des spasmes rythmiques qui le faisaient grogner. Les deux femmes s’éloignèrent davantage en criant tandis que les hommes, y compris le jeune Philippe, bravèrent leur peur, leur curiosité se faisant la plus forte. Il était en effet inconcevable qu’un homme comme celui-là pût perdre la maîtrise de ses réactions. Pourtant, preuve en était faite par le visage blême, les yeux révulsés qui ne montraient que du blanc et les mâchoires serrées à outrance. De l’écume blanche parvenait à se frayer une sortie entre les lèvres minces de l’homme inconscient.
    — Il est possédé ! Appelez un prêtre, dit d’Asnières.
    Cette fois, tout le monde s’éloigna. Seule Desdémone trouva le courage de s’accroupir auprès de Louis pour tenter en vain de le tourner sur un flanc. Elle se mordait les lèvres et grelottait comme si elle était prise de fièvre. Tout ne se passait pas comme prévu.
    — Une créature diabolique, dit d’Asnières en jetant un regard appuyé en direction de sa tante. Voilà qui explique bien des choses.
    Isabeau frottait un poignet qui n’était endolori qu’en imagination.
    — Tais-toi, jeune sot ! gronda-t-elle.
    L’évêque invité fut bientôt déniché et ramené par l’un des gardes. Il apportait avec lui un rituel et quelques objets indispensables pour procéder à un exorcisme.
    — Emmenez-le et plongez-le dans l’eau froide, ordonna-t-il aux gardes.
    Puis, à d’Asnières :
    — Quant à vous, donnez-lui des gifles, fustigez-le, n’importe quoi pourvu qu’il reprenne ses esprits.
    — À

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