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Le mariage de la licorne

Le mariage de la licorne

Titel: Le mariage de la licorne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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de déplacer plus près de l’âtre de la grande pièce. Le chien se laissa tomber aux pieds de son maître. Louis s’accroupit devant l’homme et se hâta de lui libérer les pieds des sandales ainsi que des bandelettes de tissu trempé et à demi gelé ; il se mit à les lui frotter.
    — Sentez-vous quelque chose ?
    — Non…
    Les pieds du voyageur étaient exsangues. Margot revint avec la bassine qu’elle déposa devant eux. Louis dit, en se redressant :
    — Trempez-les et attendons. Halte-là, personne d’autre que Margot n’entre ici jusqu’à nouvel ordre, dit-il en levant les yeux vers la porte dans l’encadrement de laquelle venait d’apparaître comme par magie un groupuscule de curieux.
    La voix de Blandine se fit entendre :
    — On dirait une sorte de pèlerin, et il est aussi barbu qu’un Escot.
    — Alors, ça veut dire que c’est un homme de bien, dit Aedan. La porte se referma et Louis dit au voyageur :
    — Montrez-moi vos mains.
    Le bourreau dut peler ses bandelettes pour être capable de lui examiner les doigts. Il en profita aussi pour jeter un coup d’œil à ses oreilles et à son nez. Il fut soulagé de ne trouver nulle part ni tache ni décoloration de la peau qui eussent dénoncé un début de nécrose, mais la partie n’était pas encore gagnée pour autant.
    — Il était temps d’y voir, dit-il en s’accroupissant de nouveau devant l’homme grelottant et somnolent qui n’entendait peut-être pas.
    Il se remit à lui frotter les pieds vigoureusement. Margot fut de retour avec une petite casserole de vin qu’elle mit à chauffer dans l’âtre.
    — Aïe ! aïe ! cria le voyageur qui, soudain, s’anima.
    Margot se hâta de ressortir et n’oublia pas de refermer la porte.
    — Ça se met à m’élancer d’une façon insupportable, dit le visiteur.
    — Soyez reconnaissant. Sans cette douleur, vos pieds étaient perdus. C’est signe que la circulation se rétablit.
    — Oh… dans ce cas, je rends grâce au Seigneur pour cette douleur, de même que pour toutes les autres que j’ai pu ressentir.
    L’homme abaissa sur son sauveteur un regard intense. Louis se releva et s’éclaircit la gorge. Le retour de Margot avec des vêtements pliés appartenant à Hubert fut accueilli avec soulagement.
    — Il lui faudra de grands chaussons aussi, car ses pieds vont enfler, dit Louis.
    La grosse femme répondit, avec une bienveillance toute maternelle :
    — Bien entendu. Maintenant, nous allons sortir un moment pour vous permettre de retirer ces hardes trempées. Épongez-vous bien avec cette touaille* avant de vous rhabiller. Ensuite, vous goûterez un bolet de bon vin chaud. Ça va vous faire du bien. N’est-ce pas, maître ?
    — Hein ? fit ce dernier.
    Il gardait les yeux rivés sur le visage de l’homme qui avait enfin repoussé son capuchon raidi.
    — Oh ! vous savez, je ne suis pas particulièrement pudique, dit le voyageur qui commençait à se tortiller pour s’extraire de ses chausses sans avoir à se lever.
    — Peut-être pas, mais ayons tout de même un minimum de décence. Allez, maître. Venez.
    Elle pinça la manche de Louis pour l’entraîner hors de la pièce dont elle referma la porte. Quelque chose dans le regard du métayer incita la servante à s’en éloigner un peu sans poser de questions.
    — Ça va, vous pouvez rentrer, dit la voix du visiteur au bout de quelques minutes.
    Louis arrêta Margot d’un geste rapide et dit :
    — Laisse-nous seuls. J’appellerai au besoin.
    — À votre guise, maître.
    L’étrange personnage, très las, avait fermé les yeux et s’était appuyé la tête contre le dossier du fauteuil. Un merveilleux bien-être commençait à l’envahir en dépit des élancements. Il entendit la porte s’ouvrir et se refermer tout doucement. Le raclement d’un meuble que l’on déplaçait sur le dallage, quelques mouvements discrets, puis plus rien. Il ne venait pas à l’esprit de Louis que l’homme eût pu désirer qu’on lui accorde un peu plus de temps pour se reposer. Comme le visiteur n’en réclamait pas, Louis se contenta d’attendre avec lui.
    Enfin, le voyageur consentit à rouvrir les yeux. Louis avait déplacé un tabouret pour s’asseoir en face de lui. Il tenait un bol dans chaque main et ses yeux étaient de nouveau braqués sur un visage émacié où étincelaient des prunelles sombres et fiévreuses.
    — Buvez, dit-il en lui tendant l’un des bols.
    Les mains

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