Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
Vom Netzwerk:
pensa enfin
aux aromates du maristan.
    « Je m'en
sers quand j'ai disséqué des animaux. »
    Elle ne dit
rien, puis tenta de se dégager. Il sentit contre lui son corps familier et
l'odeur de ses cheveux roux.
    « Mary ».
    Elle se calma,
peut-être à cause de ce qu'elle devina dans sa voix. Pourtant, en s'approchant
pour l'embrasser, il s'attendait presque à être mordu et il lui fallut un
moment pour se rendre compte qu'elle lui rendait son baiser. Libérant ses
mains, il fut infiniment heureux de toucher des seins qui n'étaient pas raidis
par la mort mais par le désir. Il ne savait pas si elle pleurait ou gémissait
d'excitation. Sous son ventre chaud, les viscères gris et roses bougeaient et
roulaient comme des créatures marines, mais ses membres étaient souples, tièdes
et, quand il glissa en elle un doigt, puis deux, il la retrouva ardente,
onctueuse et vivante.
    Ils partirent
ensemble comme à l'assaut d'un ennemi invisible, d'un djinn à exorciser. Elle
enfonçait ses ongles dans son dos en se pressant contre lui, au rythme de mains
qui battent. Finalement ils se rejoignirent dans un cri et les enfants,
s'éveillant, crièrent aussi. Si bien que tous quatre riaient et pleuraient
ensemble – les adultes faisant les deux à la fois.
    Le petit Rob
J. se rendormit et Mary, en donnant le sein au bébé, raconta calmement à Rob
comment Ibn Sina était venu la voir pour lui dire ce qu'elle devait faire. Il
apprit ainsi comment sa femme et le vieil homme lui avaient sauvé la vie. Il
fut surpris et choqué de l'intervention d'Ibn Sina. Il avait déjà deviné le
reste.
    Quand Tarn fut
couché, il la prit dans ses bras et lui dit qu'il l'avait choisie pour toujours,
puis elle s'endormit à son tour. Il resta éveillé, les yeux au plafond. Les
jours suivants, elle sourit beaucoup mais avec encore un reste de crainte qu'il
s'irritait de ne pouvoir effacer malgré ses témoignages de reconnaissance et
d'amour.
    Un matin, soignant
l'enfant d'un courtisan, il vit près de son lit le tapis samanide, et reconnut
chez le petit malade le teint basané, le nez déjà busqué, les yeux de son
propre enfant. Mais c'étaient aussi les traits de William, le frère qu'il avait
perdu. Avant et après le voyage à Idhaj, il avait fait l'amour avec Mary :
pourquoi Tarn ne serait-il pas son fils ?
    Ils s'aimèrent
tendrement cette nuit-là. Pourtant, quelque chose avait changé. Il alla
s'asseoir seul dans le jardin baigné de lune, près des fleurs, maintenant
fanées par l'automne, qu'elle avait cultivées avec tant de soin. Tout change,
se dit-il. Elle n'était plus la jeune fille qui l'avait suivi dans le champ de
blé ; il n'était plus celui qui l'y avait Conduite.
    Et ce n'était
pas la moindre de ses dettes envers Ala. Il brûlait de s'en acquitter.

72. L'HOMME TRANSPARENT

 
    Un formidable nuage de poussière se leva vers l'est et, contrairement à ce que
l'on croyait, ce n'était pas une grande caravane, mais une armée qui marchait
vers Ispahan. Quand les soldats furent aux portes, on reconnut les Afghans. Ils
s'arrêtèrent hors de l'enceinte et leur commandant, un jeune homme en robe
bleue et turban de neige, entra dans la ville avec quatre officiers. Personne
ne l'arrêta ; l'armée d'Ala l'ayant suivi à Hamadhan, les portes n'étaient
gardées que par une poignée de vieux militaires qui s'enfuirent devant les
étrangers. Le sultan Masud parcourut donc les rues en toute sécurité. Les
Afghans mirent pied à terre près de la mosquée du Vendredi, y rejoignirent les fidèles
pour la troisième prière et restèrent ensuite plusieurs heures avec l'imam Musa
ibn Abbas et sa coterie de mullahs.
    La plupart des
habitants ne virent pas le sultan, mais, sachant qu'il était là, on monta sur
les remparts pour observer les hommes de Ghazna : des brutes en pantalons
déchirés et tuniques larges. Certains portaient le pan de leur turban autour du
visage pour se protéger de la poussière et du sable pendant le voyage. Leurs
légers matelas de campagne étaient roulés derrière la selle des poneys. Ils
s'amusaient à manier leurs arcs en regardant la riche cité, avec ses femmes
sans défense, comme des loups devant une garenne de lièvres. Mais ils étaient
disciplinés et patientèrent jusqu'au retour de leur chef.
    « Que
peut bien tramer Masud avec les mullahs ? demanda Rob à al-Juzjani.
    – Ses espions
l'ont sans doute informé de leurs mauvais rapports avec Ala ; pensant
régner ici un jour, il

Weitere Kostenlose Bücher