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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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premier moment
triste et glacé, elle détesta Londres et s'en méfia.
    Il y avait à
peine la place de débarquer : plus d'une vingtaine de sombres vaisseaux de
guerre étaient à l'ancre et les bateaux de commerce remplissaient le port. Tous
quatre, épuisés, allèrent dans une des auberges du marché que Rob se rappelait
à Southwark, mais c'était un pauvre gîte, où grouillait la vermine, pour
ajouter à leurs malheurs.
    Le lendemain
matin, il sortit très tôt à la recherche d'un logis et traversa le pont de
Londres, bien entretenu, qui seul lui parut familier dans la ville en
évolution. Les prés et les vergers avaient fait place à un méandre de rues
aussi tortueuses que celles du Yehuddiyyeh. Au nord, les vieilles demeures de
son enfance, entourées de champs et de jardins, étaient remplacées par des
forges et des ateliers, dans la fumée, le bruit des marteaux et la puanteur des
tanneries. Rien ne le satisfaisait : Cripplegate trop près des marais,
Holborn et Fleet Street trop loin du centre, Cheapside trop peuplé de petits
commerces. Plus au sud, l'encombrement était peut-être pire, mais il y avait
vécu une époque héroïque. Il se retrouva au bord du fleuve.
    La rue de la
Tamise était la plus importante de Londres. Toute une population de petites
gens vivait dans un labyrinthe entre le dock de Puddle et la colline de la
Tour ; la rue elle-même formait avec ses quais le centre prospère des
échanges commerciaux. Plus au nord, elle devenait sinueuse, tantôt étroite,
tantôt large, avec des grandes maisons, de petits jardins ou des entrepôts,
mais partout une circulation humaine et animale dont il se rappelait bien la
vitalité et le bourdonnement.
    On lui indiqua
dans une taverne une maison à louer non loin de Walbrook, et il pensa que le
voisinage de la petite église Saint-Asaph plairait à Mary. Le propriétaire,
Peter Lound, vivait au rez-de-chaussée. Le premier étage, libre, comportait une
petite pièce et une grande, avec un escalier raide donnant sur la rue. Il n'y
avait pas de punaises, le loyer semblait raisonnable et la maison était bien
située, à proximité des .demeures et des boutiques de riches marchands. Rob
alla sans tarder chercher sa famille à Southwark.
    « Ce
n'est pas encore très bien, mais ça ira, qu'en penses-tu ? »
    Mary hésita et
sa réponse se perdit dans le bruit assourdissant des cloches de Saint-Asaph qui
sonnaient à toute volée.
    Aussitôt
qu'ils furent installés, il se précipita chez un marchand d'enseignes pour
faire graver des lettres noires sur une planche de chêne, qu'il fixa près de la
porte de la maison ; ainsi chacun pouvait voir que c'était là le domicile
de Robert Jeremy Cole, médecin.
    Mary trouva
d'abord agréable de vivre chez les Britanniques et de parler anglais, bien
qu'elle continuât à utiliser l'erse avec ses enfants, car elle voulait leur
enseigner la langue des Ecossais. On trouvait tout ce que l'on voulait à
Londres : une couturière lui fit une jolie robe marron, longue, avec une
encolure ronde et des manches si larges qu'elles s'épanouissaient en plis
somptueux autour de ses poignets. Elle commanda pour Rob un pantalon gris, une
tunique et, malgré ses protestations, deux robes de médecin, dont une pour
l'hiver avec un capuchon garni de renard.
    Il portait
encore la tenue européenne qu'il avait achetée à Constantinople, après
l'itinéraire suivi d'un village juif à l'autre, comme au long d'une chaîne,
maillon par maillon. Il avait taillé sa barbe en bouc et Jesse ben Benjamin
ayant disparu, Robert Jeremy Cole s'était joint à une caravane pour ramener sa
famille au pays. Mary, toujours économe, coupait dans le caftan les vêtements
de ses fils. Ceux de Rob J. servaient ensuite à Tarn, bien que l'aîné fût grand
pour son âge, alors que son frère restait plus petit que la moyenne à cause
d'une grave maladie contractée pendant le voyage.
    Dans la ville
franque de Freising, les enfants avaient été pris d'une amygdalite purulente,
accompagnée d'une forte fièvre. Rob J. s'était bien guéri, mais la maladie
avait affecté la jambe gauche de Tarn : elle devenait livide et
apparemment sans vie. La caravane qui les avait amenés refusant d'attendre, Rob
l'envoya au diable et poursuivit le long traitement : bandages chauds et
humides renouvelés jour et nuit, patients exercices pour faire travailler les
muscles et les articulations entre ses grandes mains qui massaient la petite
jambe avec de

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