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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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abattit son premier
assaillant. Un « tir parthe » exemplaire salué par les cris
d'enthousiasme des habitants sur leur mur.
    Mais une pluie
de flèches lui avait déjà répondu. Quatre avaient aussi touché le cheval blanc,
qui vomit un flot de sang avant de vaciller et de s'écrouler sur le sol avec
son cavalier mort. Les Afghans attachèrent une corde aux chevilles d'Ala et le
tirèrent dans leur camp, laissant derrière lui un sillage de poussière grise.
Et, sans savoir pourquoi, Rob fut particulièrement choqué qu'ils aient traîné
le roi la face contre terre.
     
    Il mena le
cheval brun dans l'enclos des écuries royales, le dessella et lui dit au revoir
avec une tape amicale sur la croupe, puis, l'ayant vu rejoindre le troupeau, il
referma soigneusement la porte. Dieu sait à qui il appartiendrait le
lendemain ! Dans l'enclos des chameaux, il choisit deux jeunes et fortes
chamelles. La première essaya de le mordre quand il s'approcha pour la brider
mais le bon Mirdin lui avait appris comment convaincre les chameaux, et un
solide coup de poing dans les côtes la rendit plus docile. Sans doute instruite
par l'exemple, la seconde ne fit pas de difficultés. Il monta sur la plus
grande et mena l'autre au bout d'une corde.
    La ville était
devenue folle, les gens affluaient de partout, portant des ballots, menant des
bêtes chargées de leurs biens. Au marché, des commerçants avaient abandonné
leurs marchandises, et Rob, ayant surpris des regards de convoitise autour des
chamelles, tira son épée et la garda ostensiblement sur ses genoux. Il dut
faire un détour pour éviter l'est d'Ispahan, où se pressaient tous ceux qui
espéraient fuir par la porte orientale, à l'opposé du camp ennemi.
    Quand il
arriva chez lui, Mary ouvrit la porte à son appel, blême et l'épée de son père
à la main.
    « Nous
rentrons », dit-il, et malgré sa peur elle murmura une prière d'action de
grâces.
    Il ôta le
turban et l'habit persan pour remettre son caftan noir et son chapeau de cuir.
Ils prirent le Canon d'Ibn Sina, les dessins anatomiques, roulés dans
une tige de bambou, le cahier de notes et les instruments, l'échiquier de
Mirdin, des vivres et quelques drogues, l'épée de Cullen et une petite boîte
contenant leur argent ; tout cela fut chargé sur l'une des chamelles. Sur
les flancs de l'autre, il suspendit, d'un côté un panier de roseaux, de l'autre
un sac grossièrement tissé. Dans une fiole où restait un peu de buing, il
trempa le bout de son petit doigt qu'il fit sucer par Rob J. et Tarn ;
quand ils furent endormis, il installa l'aîné dans le panier, le bébé dans le
sac et Mary monta entre eux sur le dos de la grande chamelle.
    Il ne faisait
pas tout à fait nuit quand ils quittèrent pour toujours la maison du
Yehuddiyyeh, mais ils n'osèrent pas attendre car les Afghans pouvaient entrer
dans la ville d'un instant à l'autre. L'obscurité était totale lorsqu'ils
franchirent la porte occidentale déserte. La piste de chasse qu'ils suivirent à
travers les collines passait si près du camp de Ghazna qu'ils entendaient les
soldats chanter et crier, s'excitant au pillage.
    Un instant, un
cavalier sembla galoper à leur suite, puis le bruit des sabots s'éloigna.
L'effet du buing commençant à se dissiper, Rob J. gémit et se mit à pleurer,
assez fort pour les trahir, se dit son père, craignant le pire, mais Mary calma
l'enfant en lui donnant le sein. Il n'y eut pas de poursuite. Ils laissèrent
derrière eux le camp ennemi et, lorsque Rob se retourna, il vit un large nuage
rose monter à l'horizon. Ispahan était en flammes.
    Ils voyagèrent
toute la nuit. Aux premières lueurs de l'aube, les collines étaient dépassées.
Pas de soldats en vue. Rob avait le corps engourdi, et les pieds plus
douloureux encore dès qu'il arrêtait de marcher. Les enfants pleurnichaient,
leur mère gardait les yeux clos dans un visage défait. Il fallait avancer coûte
que coûte vers l'ouest, forçant à chaque pas les jambes épuisées, jusqu'au
premier village juif.

SEPTIÈME PARTIE

Le retour

75. LONDRES

 
    Ils traversèrent la Manche le 24 mars 1043 et accostèrent à Queen's Hythe en fin
d'après-midi. S'ils étaient arrivés à Londres par un beau jour d'été, peut-être
le reste de leur vie aurait-il été différent, mais Mary mit pied à terre sous
une averse de grésil, portant l'enfant qui, comme son père, n'avait pas cessé
de vomir depuis la France jusqu'à la fin du voyage. Dès ce

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