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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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était
devenu rubicond et ses cheveux avaient blanchi.
    « Je suis
le frère de Samuel, maître Horne. Rob J. Cole.
    – Ainsi c'est
toi ? Mais comme tu as grandi ! » Son regard se chargea de
tristesse.
    « Il n'a
vécu avec nous qu'une année à peine, dit-il. C'était un gentil garçon. Mme
Horne l'aimait beaucoup. On leur avait dit et répété : " Ne jouez pas
sur les quais. " Pour qu'un conducteur regarde derrière son chargement
avant de faire reculer ses quatre chevaux, il faut qu'une vie d'homme au moins
soit en péril, pas celle d'un enfant de neuf ans.
    – De huit
ans. »
    Horne le
regarda, surpris.
    « Si
c'est arrivé un an après que vous l'avez pris chez vous, il avait huit ans, dit
Rob qui parlait avec difficulté. Il avait deux ans de moins que moi, vous
voyez ?
    – Tu le sais
mieux que moi, fit l'homme doucement. Il est au cimetière de Saint-Botolph, au
fond à droite. On nous avait dit que ton père était enterré là. »
    Il hésita un
instant.
    « Les
outils de ton père sont toujours en bon état, sauf une scie, reprit-il,
embarrassé. Tu peux les reprendre.
    – Non,
gardez-les, je vous en prie, en souvenir de Samuel. »
     
    Comme il
traînait à travers la ville, près de Saint-Paul, quelqu'un lui frappa sur
l'épaule.
    « Je te
connais. Tu es Cole ? »
    Retrouvant
brusquement ses neuf ans, Rob se demanda un instant s'il allait sauter sur le
gars ou tourner les talons. Mais il remarqua qu'Anthony Tite avait maintenant
deux têtes de moins que lui, qu'il était seul et souriait. Du coup, il lui
rendit sa bourrade amicale, aussi heureux de le voir que s'ils avaient toujours
été copains.
    « Viens
bavarder, j'te paie à boire ; j'ai touché mon salaire de l'an
passé. »
    Il était
apprenti charpentier ; il avait la voix rauque et le teint jaunâtre de ces
malheureux qui sont toujours du mauvais côté de la scie, là où l'on respire
toute la sciure.
    Rob se
redressa.
    « J'ai
fini mon apprentissage », dit-il et il raconta ses voyages avec le
Barbier, savourant l'envie qu'il lisait dans les yeux de l'autre. Puis ils
parlèrent de la mort de Samuel.
    « J'ai
perdu ma mère et mes deux frères de la variole ces années-ci, dit Tite, et mon
père est mort des fièvres.
    – Il faut
retrouver ceux qui sont vivants. Personne ne peut me dire ce qu'est devenu le
dernier enfant que ma mère a mis au monde avant de mourir. C'est Richard
Bukerel qui l'avait placé.
    – Sa veuve
saurait peut-être quelque chose ? Elle est remariée à un marchand de
légumes nommé Buffington. Sa maison n'est pas loin d'ici : juste après
Ludgate. »
    C'était une
pauvre maison, entourée de champs de laitues et de choux. Mme Buffington lui
fit bon accueil.
    « Je me
souviens bien de vous et de votre famille », dit-elle en l'examinant comme
un légume exceptionnel. Mais elle ne se rappelait pas que son premier mari ait
jamais nommé la nourrice du petit Roger.
    « Personne
n'avait écrit son nom ? » demanda Rob.
    Elle tiqua.
    « Je ne
sais pas écrire. Vous ne pouviez pas le faire, vous son frère...  ? Mais
ne nous fâchons pas, reprit-elle en souriant, car nous avons partagé de durs
moments autrefois. »
    Alors il
s'aperçut à sa grande surprise qu'elle le regardait avec coquetterie, l'oeil
brillant. Le travail l'avait amincie, elle avait dû être belle et n'était guère
plus âgée qu'Editha. Mais il n'oublierait jamais que cette femme-là avait voulu
le vendre comme esclave. Il la quitta froidement et s'en alla.
    A
Saint-Botolph, le sacristain, un vieux aux cheveux sales, marqué de petite
vérole, lui apprit que le père Kempton, qui avait enterré ses parents, était
parti pour l'Ecosse, dix mois plus tôt. L'épidémie, dit-il, avait rempli le
cimetière ; depuis, les gens se pressaient à Londres, venant de partout,
et l'on a vite fait, n'est-ce pas, d'arriver au bout de ses quarante ans de
vie !
    « Mais
vous avez vous-même plus de quarante ans ? observa Rob.
    – Je suis
protégé par le caractère sacré de mon travail et par toute une vie innocente et
pure. »
    Il empestait
l'alcool.
    On ne retrouva
ni la tombe du père ni celle de Samuel, mais le jeune if avait grandi au-dessus
de Main. Avant de quitter Londres, le Barbier fit graver pour Rob une grosse
pierre portant leurs trois noms, avec les dates, et ils allèrent la déposer pied
de l'arbre.
    « Tu me
rendras ça sur tes premiers gains », lui dit-il. Puis il lui montra sur sa
carte de l'Angleterre

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