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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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il s'arrêta et, debout sur la charrette, frappa dans
ses mains.
    « Je veux
embaucher quelqu'un qui parle ma langue ! » cria-t-il.
    Un vieil homme
s'approcha : visage usé, jambes aigres, silhouette squelettique – une
médiocre recrue pour les travaux de force.
    « Allons
discuter devant une boisson remontante, dit-il en observant la pâleur de Rob.
L'alcool de pommes fait merveille pour vous remettre l'estomac. »
    Ils
s'arrêtèrent à la première taverne et s'assirent dehors devant une table en
bois de pin.
    « Je
m'appelle Charbonneau, dit le Français dans le vacarme des quais. Louis
Charbonneau.
    – Rob J.
Cole. »
    Quand on
apporta l'alcool, ils trinquèrent et Rob sentit revivre.
    « Je
crois que j'ai faim », dit-il émerveillé.
    Charbonneau
ravi donna un ordre à la servante qui apporta un pain croustillant, un plat de
petites olives vertes et un fromage de chèvre que le Barbier lui-même aurait
trouvé savoureux.
    « Vous
voyez que j'ai besoin d'aide, je ne sais même pas commander un repas.
    – J'ai été
marin toute ma vie, dit Charbonneau quand mon premier bateau a fait relâche à
Londres, j'étais encore enfant et je me rappelle quelle nostalgie j'avais de ma
langue natale.
    – Moi, je suis
barbier-chirurgien et je vais en Perse acheter des médicaments rares et des
herbes médicinales. »
    C'est ce qu'il
avait décidé de dire, le vrai but de voyage risquant de le rendre suspect aux
gens d’église.
    « Une
longue route », dit Charbonneau en haussant les sourcils.
    Il posa une
olive sur la table chaude de soleil :
    « Voilà
la France... et les cinq duchés de Germanie gouvernés par les Saxons, dit-il en
prenant une seconde olive. Et la Bohême où vivent les Slaves et les Tchèques.
Ensuite, la terre des Magyars, un pays chrétien mais plein de cavaliers
barbares. Puis les Balkans : montagnes redoutables et redoutables
habitants. La Thrace, dont je sais seulement qu'elle marque l'extrême limite de
l'Europe, et qu'il s'y trouve Constantinople. Enfin, la Perse, où vous voulez
vous rendre. Ma ville natale est à la frontière de la France et des pays
germains, dont je parle les langues depuis mon enfance. Si vous m'engagez, je
vous accompagnerai jusque-là, dit-il en mangeant les deux premières olives.
Mais je devrai vous quitter pour être de retour à Metz, l'hiver prochain.
    –
D'accord », répondit Rob avec soulagement, Puis il croqua solennellement
les cinq dernières olives, l'une après l'autre, suivant son itinéraire de l'un
à l'autre des cinq pays qui restaient.

23. ÉTRANGER EN PAYS ÉTRANGE

 
    La France était moins verdoyante que l'Angleterre ais plus ensoleillée, le ciel
semblait plus haut, un bleu plus profond. Beaucoup de forêts, des fermes
coquettes, parfois des châteaux de pierre ou de grands manoirs en bois. Du
bétail paissait dans les prés et les paysans semaient du blé. Voyant des
bâtiments sans toit, Rob s'en étonna.
    « Il
pleut moins ici que chez vous : on peut mettre le blé dans des granges à
l'air libre. »
    Charbonneau
avait un grand cheval placide d'un gris clair presque blanc ; chaque soir
il le bouchonnait et polissait ses armes. C'était un bon compagnon. Tous les
vergers étaient en fleurs ; Rob s'arrêtait dans les fermes et, à défaut
d'hydromel, il achetait de l'eau-de-vie de pomme. Le Spécifique en fut que
meilleur.
    Les meilleures
routes, ici comme ailleurs, avaient été construites par les Romains pour leurs
troupes : rectilignes, elles communiquaient entre elles. « Un réseau
qui couvre le monde, disait Charbonneau avec admiration. De partout, il vous
mène à Rome. » Rob quitta pourtant la route romaine à la hauteur du
village de Caudry.
    « Ces
pistes forestières sont dangereuses, dit son compagnon.
    – Elles seules
me mènent aux petits villages où je travaille. Je souffle dans ma corne, comme
je l'ai toujours fait. »
     
    A Caudry, les
toits pointus étaient couverts de chaume ou de branchages ; les femmes
cuisinaient dehors et presque toutes les maisons avaient une table et des bancs
près du feu, sous un abri posé sur quatre troncs de jeunes arbres. C'était bien
différent d'un village anglais, mais Rob ne changea rien à ses habitudes. Il
tendit le tambour à Charbonneau, qui s'amusa beaucoup de voir Cheval caracoler
en mesure.
    « Aujourd'hui,
grand spectacle ! »
    Le compère
traduisait immédiatement tout ce que disait Rob, et les spectateurs riaient des
mêmes histoires mais à

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