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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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rempli au puits
le plus proche, et se rendit à l'écurie où il avait laissé l'âne et la mule. II
y acheta des seaux en bois, de la paille et un panier d'avoine. Les animaux
soignés, il prit son costume neuf pour aller aux bains publics. Mais il
s'arrêta d'abord à l'auberge de Salman le Petit.
    « Je
viens chercher mes affaires, lui dit-il.
    – Elles sont
toujours là. Mais je me suis inquiété en ne te voyant pas revenir au bout de
deux nuits. On raconte qu'un dhimmi étranger s'est présenté à l'audience et a
obtenu un calaat du chah... C'était toi ? »
    Rob s'assit
lourdement.
    « Je n'ai
rien mangé depuis la dernière fois que je t'ai vu. »
    Il essaya
prudemment du pain et du lait de chèvre, puis, comme tout allait bien, des
œufs, un peu de fromage et un bol de pilah. Il sentit revenir ses forces. Aux
bains, il se lava longuement, détendant son corps meurtri. Les nouveaux habits
ne lui étaient pas familiers et il eut quelque difficulté à enrouler les
molletières ; quant au turban, cela exigeait tout un apprentissage. Il
garda donc son chapeau de cuir, en attendant.
    Rentré chez
lui, il se débarrassa de la souris et réfléchit. Il disposait maintenant d'une
modeste aisance mais ce n'était pas là ce qu'il avait demandé. Il commençait à
s'inquiéter quant survint Khuff, toujours bourru, qui déroula une sorte de
parchemin étrangement mince et se mit à lire à haute voix.
    Le texte
officiel du calaat, chargé de formules ampoulées, énumérait les innombrables
titres du souverain avant de confirmer la magnanime protection qu'il accordait
à Jesse, fils de Benjamin de Leeds, sous réserve de son obéissance aux lois,
etc.
    « Et
l'école ? demanda Rob, la voix enrouée d'angoisse.
    – L'école ne
me regarde pas », dit le capitaine, en partant aussi vite qu'il était
venu.
    Un peu plus
tard, deux gaillards déposaient devant la porte une chaise à porteurs d'où
sortait le hadji Davout Hosein, avec une quantité de figues pour porter chance
à la nouvelle maison. Ils les mangèrent, assis parmi les fourmis et les
abeilles, dans le fouillis du petit jardin.
    « Ce sont
d'excellents abricotiers », dit le hadji en connaisseur, puis il expliqua
tout au long comment les soigner en les taillant, en les arrosant et en les
nourrissant de fumier de cheval. Enfin, il se tut.
    « Oui ?
murmura Rob.
    – J'ai
l'honneur de te transmettre les félicitations et les vœux de l'honorable Abu
Ali Al-Husayn ibn Abdullah ibn Sina. »
    Le hadji
transpirait. Il était si pâle qu'on voyait encore davantage la tache du zabiba
sur son front. Rob avait pitié de lui, mais il n'en savourait pas moins ce
moment délicieux – plus doux, plus exquis, plus grisant que l'arôme des petits
abricots qui jonchaient le sol sous les arbres –, ce moment où Hosein remit à
Jesse, fils de Benjamin, une invitation à s'inscrire à la madrassa pour étudier
la médecine au maristan, où il pourrait, éventuellement, espérer devenir
médecin !

QUATRIÈME PARTIE

Le maristan

39. IBN SINA
     
    Sa vie d'étudiant commença par un matin
lourd et morne. Il s'habilla avec soin mais prit prétexte de la chaleur pour se
dispenser des molletières. Ayant essayé sans succès de percer le secret du
turban, il donna la pièce à un gamin des rues qui lui apprit à l'enrouler, bien
serré autour de son support conique, en repliant l'extrémité à l'intérieur.
Mais Khuff avait raison : le turban vert pesait plus de dix livres ;
il s'en débarrassa et retrouva son chapeau de cuir avec soulagement. C'est ce
qui le fit reconnaître immédiatement des jeunes gens qui bavardaient devant le
Grand Téton.
    « Voilà
ton Juif, Karim ! »
    Un des
étudiants assis sur les marches se leva et vint à lui. C'était le beau garçon
élancé qu'il avait vu houspiller un infirmier lors de sa première visite à
l'hôpital.
    « Je
m'appelle Karim Harun, et tu es Jesse ben Benjamin, n'est-ce-pas ? Le
hadji m'a chargé de te faire faire le tour de l'école et de l'hôpital et de
répondre à tes questions.
    – Ça va te
faire regretter le carcan, l'Hébreu ! » dit quelqu'un. Les autres se
mirent à rire.
    Toute l'école
était au courant de ses aventures. Ils commencèrent par le maristan, mais Karim
allait beaucoup trop vite, manifestement pressé d'en finir avec cette corvée.
Il expliqua que l'hôpital était divisé en deux sections, une pour les hommes et
une pour les femmes ; les patientes étaient soignées par des

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