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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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d'un cheval intelligent.
    « Parle-nous
de ce patient, Askari.
    – C'est Amahl
Rahin, un chamelier qui est arrivé il y a trois semaines avec une violente
douleur aux reins. Nous avons cru d'abord qu'il s'était blessé, étant soûl, à
la colonne vertébrale, mais la douleur a gagné rapidement le testicule droit et
la cuisse.
    – Et
l'urine ?
    – Jusqu'au
troisième jour elle était jaune et limpide ; le matin du troisième jour,
elle contenait du sang et dans l'après-midi, il a évacué six calculs urinaires,
quatre comme des grains de sable et deux de la taille d'un petit pois. Depuis,
il ne souffre plus et son urine est claire, mais il refuse de s'alimenter.
    – Qu'est-ce
que vous lui avez proposé ?
    – Le menu
habituel, répondit l'étudiant perplexe. Plusieurs sortes de pilah, des œufs de
poule, du mouton, des oignons, du pain... Il ne touche à rien. Son intestin a
cessé de fonctionner, son pouls s'affaiblit et il perd ses forces »
    Ibn Sina hocha
la tête et les regarda tous.
    « De quoi
souffre-t-il, alors ?
    – Je pense,
maître, dit un autre assistant en s'armant de courage, que ses intestins noués
bloquent le passage de la nourriture ; le sentant, il refuse d'avaler quoi
que ce soit.
    – Merci, Fadil
ibn Parviz, dit le médecin-chef avec courtoisie. Mais, dans ce cas, le patient
mange et rejette sa nourriture. »
    Puis il
attendit, et personne n'intervenant, il s'approcha du malade.
    « Amahl,
dit-il, je suis le médecin Husayn, fils d'abd-Ullah, fils d'al-Hasan, fils
d'Ali, fils de Sina. Voici mes amis, qui sont aussi les tiens. D'où
viens-tu ?
    – Du village
de Shaini, maître, murmura l'homme.
    – Ah ! Un
homme de Fars ! J'ai vécu d'heureux jours là-bas. Les dattes de l'oasis de
Shaini sont grosses et sucrées, n'est-ce pas ? »
    Des larmes
apparurent dans les yeux d'Amahl et il acquiesça en silence.
    « Askari,
va tout de suite chercher des dattes et un bol de lait chaud pour notre
ami. »
    Un moment plus
tard, médecins et étudiants virent le malade manger avec avidité.
    « Doucement,
Amahl. Doucement... Askari. Tu veilleras à changer le régime de notre ami.
    – Oui, maître
répondit l'assistant tandis que le groupe s'éloignait.
    – Vous ne
devez jamais oublier cela en soignant nos malades : ils viennent à nous
mais ne deviennent pas comme nous, et très souvent leur nourriture n'est
pas la nôtre. Ce n'est pas parce qu'il rend visite à la vache que le lion
aimera le foin. Les gens du désert vivent surtout de caillé et de laitages,
ceux de Dar-ul-Maraz mangent du riz et des aliments secs. Dans le Khorasan, on
n'aime que la soupe à la farine ; les Indiens mangent des pois et autres
légumineuses, avec de l'huile et des épices. Ceux de Transoxiane préfèrent le
vin et la viande, surtout celle du cheval. Les habitants de Fars et d'Arabistan
sont grands consommateurs de dattes. Pour les Bédouins c'est la viande, le lait
de chamelle, les criquets. Les peuples de Gurgan, de Géorgie, d'Arménie, les
Européens prennent des boissons alcoolisées aux repas et mangent la chair des
bœufs et des porcs. »
    Ibn Sina
regarda durement son assistance.
    « Nous
les terrifions, jeunes maîtres. Nous sommes souvent incapables de les sauver,
et quelquefois c'est notre traitement qui les tue. Au moins, ne les laissons
pas mourir de faim. »
    Et le chef des
princes s'en alla, les mains derrière le dos.
    Le lendemain,
dans un petit amphithéâtre aux degrés de pierre, Rob suivit son premier cours à
la madrassa. Nerveux, il était en avance et restait assis, seul, au quatrième
rang, quand il arriva une demi-douzaine d'étudiants ; ils se moquaient,
non sans envie, d'un camarade qui devait passer ses examens.
    « Plus
qu'une semaine, Fadil ! Je parie que tu en as la colique !
    – Ta gueule,
Abbas Sefi, nez de Juif, queue de chrétien ! répliqua Fadil. Ça ne risque
pas de t'arriver : tu marineras ici encore plus longtemps que Karim
Harun... ! Tiens, qui c'est ça ? Salut ! Comment t'appelles-tu,
dhimmi ?
    – Jesse ben
Benjamin.
    – Ah ! Le
fameux prisonnier ! Le barbier-chirurgien au calaat. Tu verras : il
ne suffit pas d'une ordonnance royale pour faire un médecin. »
    La salle se
remplissait. Fadil interpella Mirdin Askari qui allait s'asseoir.
    « Askari !
Voilà un autre Hébreu qui veut devenir charlatan ! Vous serez bientôt plus
nombreux que nous. »
    Askari lui
jeta un coup d'oeil glacial et se détourna comme d'un insecte

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