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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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pouvons
t'apporter. »
    Rob écoutait
en silence.
    « J'ai un
don personnel, aussi fort que le tien, Jesse ben Benjamin. Je sais reconnaître
qui peut devenir médecin, et je sens en toi un besoin de guérir si puissant
qu'il te brûle. Mais cela ne suffit pas ; on ne fait pas un médecin avec
un calaat. Heureusement, car il y a déjà trop de médecins ignorants. Nous avons
cette école pour séparer le bon grain de l'ivraie, et nous sommes
particulièrement sévères avec ceux qui sont doués. Si nos épreuves sont trop
dures pour toi, oublie-nous, retourne à ton métier et à tes faux médicaments.
Devenir hakim, cela se mérite. Si tu le désires, tu dois t'éprouver toi-même
pour l'amour du savoir, rivaliser avec les autres étudiants et les dépasser.
Etudie avec la ferveur des bienheureux ou des maudits. »
    Rob respira,
son regard toujours fixé sur celui d'Ibn Sina, et se dit qu'il n'avait pas
traversé le monde pour échouer.
    Se levant
avant de prendre congé, il fut pris d'une inspiration soudaine.
    « Avez-vous
les Dix Traités sur l'œil, de Hunayn, maître ?
    – Bien
sûr », répondit Ibn Sina en souriant, et il s'empressa d'aller chercher le
livre pour le remettre à son étudiant.

41. LE MAIDAN

 
    Un matin, de très bonne heure, trois soldats frappèrent à la porte. Rob, inquiet,
ne savait à quoi s'attendre ; mais cette fois, ils n'étaient que
politesse, déférence, et les bâtons restèrent au fourreau. Le chef, qui avait
manifestement déjeuné d'oignons verts, s'inclina profondément.
    « Nous
sommes chargés de vous informer, maître, que la cour se réunira demain en
séance officielle après la deuxième prière. Les bénéficiaires d'un calaat sont
priés d'y assister. »
    Il se retrouva
donc le lendemain sous les voûtes dorées de la salle des Piliers. Le peuple manquait,
malheureusement. Le chah, vêtu de pourpre et d'écarlate, était superbe sous sa
lourde couronne d'or. Le vizir Qandrasseh portait comme d'habitude sa tenue
noire de mullah. Les bénéficiaires de calaat se tenaient à l'écart ; Rob
ne vit pas Ibn Sina et ne reconnut personne sauf Khuff, le capitaine des
Portes.
    « Qui
sont ceux-là ? lui demanda-t-il en désignant les personnages richement
vêtus, assis sur des coussins de chaque côté du trône.
    – L'empire est
divisé en quatorze provinces, qui comptent cinq cent quarante-quatre
" places considérables " : cités, villes fortifiées,
châteaux. Ces hommes gouvernent les principautés sur lesquelles règne le
chah », répondit Khuff avant d'aller se poster près de l'entrée.
    L'ambassadeur
d'Arménie arriva à cheval, encore jeune, brun, mais à part cela parfaite
éminence grise : jument grise, et queues de renards argentés sur une
tunique de soie grise. Il alla baiser les pieds du souverain, puis présenta de
somptueux cadeaux : cristaux, miroirs, pourpre, parfums et cinquante
zibelines. Ala remercia avec indifférence. A son tour, l'ambassadeur des
Khazars offrit trois beaux chevaux arabes et un bébé lion enchaîné qui, pris de
peur, souilla le tapis tissé d'or et de soie. Dans le silence général, le chah
impassible attendit que les esclaves aient évacué le tout. Enfin, on annonça
l'envoyé suivant, de l'émirat de Qarmate, qui chevauchait un cheval roux.
    Rob,
apparemment attentif et respectueux, se désintéressait de la cérémonie ;
il révisait mentalement ses cours. Les quatre éléments : terre, eau, feu,
air ; les qualités reconnues au toucher : froid, chaleur, sécheresse,
humidité ; les tempéraments : sanguin, flegmatique, cholérique,
saturnien ; les facultés : naturelle, animale, vitale. Il se
représentait les différentes parties de l'œil telles que les énumère Hunayn,
nommait les sept herbes et médications pour les douleurs, les dix-huit pour les
fièvres. Il récita même plusieurs fois les neuf premiers versets de la
troisième sourate du Coran, intitulée « La famille d'Imran ».
    Ces
intéressantes réflexions furent brusquement interrompues par un échange assez
vif entre Khuff et un homme aux cheveux blancs qui montait un alezan nerveux.
L'Excellence, qui représentait les Turcs seldjoukides, se plaignait d'être
introduit le dernier.
    « C'est
un affront délibéré à mon peuple ! »
    Sourd à tous
les apaisements, il tenta dans sa fureur de pousser son cheval jusqu'au trône.
Alors, Khuff, feignant d'attribuer la faute à la monture, et non au cavalier,
saisit la bride en

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