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Le Monstespan

Le Monstespan

Titel: Le Monstespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Teulé
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frisés » ou pire encore de « bâtards du
cotillon » !
    Montespan
s’était écrasé et ne l’avait plus ramené. Il ne s’était pas une nouvelle fois
surendetté et n’était pas venu ici pour se mettre à dos un cousin du monarque.
Simplement, il lui avait semblé que... Mais presque tous les officiers
— La Châtre, Martel, Charnel, Lestancourt, etc. - avaient ricané,
serviles, autour de Beaufort. Seul le chevalier de Saint-Germain avait observé
le marquis d’un air attentif. Le gros Vivonne s’était bidonné aussi (semblant
oublier que lui-même avait acheté une charge de marine sans jamais avoir
auparavant mis ses talons rouges dans une barque de rivière). Le cousin du roi,
très sûr de lui, s’était gaussé en étirant ses moustaches parfumées :
    — La plus
grande puissance mondiale devrait-elle craindre une bande d’éleveurs de chèvres
en burnous ? Allons donc, je n’aurai besoin que des blanchisseuses de
l’armée pour garder les fortifications de Gigeri et les redoutes du djebel
El-Korn. Servez-vous au cimetière.
    Les soldats
étaient alors allés desceller les pierres des mausolées pour terminer
l’édification de la muraille. La nuit suivante, dans le désert, une voix avait
psalmodié en arabe :
    — Le Ciel
a permis aux morts injustement privés de leurs tombeaux de se venger. Le
prophète a promis. Il transformera en cire de bougie le fer des boulets
ennemis !
    Montespan
avait observé avec inquiétude les feux que les Kabyles avaient allumés sur les
collines pour appeler la canonnerie turque et les douars éloignés à l’attaque
contre le camp chrétien. Et puis voilà.
     
    C’est la
révolte du Coran poussée par le sirocco ! Les étoiles crèvent les murs.
Les fortifications sont partout illustrées de chaudes fleurs et, dans le ciel,
ce sont des accidents de féeries scientifiques. La réserve de poudre et de
munitions explose, faisant d’un millier de Français autour un tas fumant.
L’ordre d’évacuer ce pays poivré a été donné. Les premières barques fuient en
déroute avec les nappes de brume. Près des tambours dorés et des rouges canons
abandonnés sur le sable, Montespan, dernier capitaine à terre, tente avec ses
mousquetaires de ralentir la progression de l’ennemi pour que les barques aient
le temps de rejoindre les navires qui les attendent au large. Mais l’armée
turque est épouvantable avec ses bruits de houle, hurlant comme une chienne,
hurlant comme une mer, avec des bâtons et des piques de fer, ses tambours et
ses grands cris de halle. Louis-Henri en a les yeux flottants. Il porte sur
l’épaule gauche, pendant devant et derrière, une double sacoche comme on en
pose sur le dos d’un cheval. Les sacoches de cuir ouvertes débordent de bijoux,
barres d’or, diamants en quantité, vaisselles fines et perles, qu’il a pillés,
vite fait, à son tour dans l’antre des pirates. Il n’a pas voulu laisser toutes
les richesses barbaresques volées dont le port est empli. Cela remboursera
cette expédition désastreuse, l’ensemble de ses dettes, et il pourra couvrir de
cadeaux Athénaïs. Même à cet instant, dans la lumière diluvienne des armes, il
pense à Elle. Sa vue erre. Mais quoi, elle lui est tout  – et
merci ! Puis il court vers la mer. Des soldats tentent en vain d’arracher
au sable une chaloupe où sont entassés des dizaines de blessés. Constatant que
la retraite est coupée, Louis Henri retourne sur la plage. Saisi d’une rage
incontrôlable, il affronte les premiers Kabyles. Il se précipite sur ses
adversaires sans la moindre prudence, embroche les premiers qui se trouvent à
portée sans même savoir comment il s’y est pris, ferraille avec la meute avec
une telle furie qu’il casse l’élan des ennemis. Voyant la chaloupe enfin à
flot, il rompt l’engagement et se jette dans l’eau avec les derniers soldats.
Furieux de les voir s’échapper, les Turcs les mitraillent à tout va. Freiné par
ses vêtements trop lourds, Louis Henri doit lutter de toutes ses forces pour
rejoindre l’embarcation dans laquelle il bascule, à bout de souffle. Des hommes
meurent autour de lui. Saint-Germain est encore touché à deux reprises. Dans un
dernier élan, il s’accroche à une rame. Louis-Henri le hisse lentement hors de
l’eau. Saint-Germain, dégoulinant, lui promet :
    — Je suis
très proche du roi et saurais lui dire votre perspicacité et votre héroïsme. Sa
Majesté vous

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