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Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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d’où les empiétements constants sur les prérogatives militaires et une attitude irrespectueuse des miliciens à l’égard des officiers. Dès lors, le conflit était inévitable : bien qu’il n’y ait jamais eu complot contre le III e  Reich, Hitler, non sans avoir cherché le compromis, décida de se débarrasser de Röhm et des leaders de la SA. La Nuit des longs couteaux (30 juin 1934) mit fin à la puissance des SA, dont les activités furent dès lors limitées à des fonctions sportives ou de bienfaisance. Et ainsi se bâtit la puissance de la SS, qui jusqu’alors avait été rattachée à la SA mais dont le leader, Himmler, avait été l’un des inspirateurs et des exécutants de la liquidation de ses rivaux. L’État SS succédait à l’État SA.
    Note
    1 . Peter H. Merkl, The Making of a Stormtrooper , Princeton University Press, 1980.

Le grand capital a-t-il soutenu Hitler ?
    Quelques hommes d’affaires et industriels prestigieux assis sur les bancs du procès de Nuremberg, et voilà le discrédit jeté durablement sur toutes les élites économiques allemandes. Est-ce à dire qu’elles furent toutes coupables, comme l’affirma longtemps une historiographie d’inspiration marxiste ? Comme souvent, avec le recul et les progrès de la recherche, l’histoire s’est dérobée aux schémas simplistes et a infirmé les poncifs d’origine marxiste qui dominaient les analyses de cette question.
    Le capitalisme allemand a connu dès la période de Guillaume II, dans les années 1890, un très fort développement. Le grand patronat représentait une puissance considérable au sein de la société allemande, qui perdura après 1933, le capital industriel et financier constituant l’un des principaux pouvoirs de la « polycratie » nazie, avec le parti, l’armée et la bureaucratie.
    Par « grand capital », on entend généralement les principaux actionnaires et dirigeants des plus importantes entreprises industrielles, commerciales et financières. Parmi elles, 158 sociétés avaient un capital social supérieur à 20 millions de Reichsmarks (RM) en 1927 : elles détenaient à elles seules plus de 46 % du capital total dessociétés par actions dont elles ne représentaient en nombre que 1,3 %.
    Les plus importantes, donc les plus influentes, étaient : le trust chimique de l’IG Farben ; Siemens et l’Allgemeine Elektrizitäts-Gesellschaft (AEG) dans la construction électrique ; les Aciéries réunies (Vereinigte Stahlwerke), ainsi que Krupp et Hœsch, les grands trusts sidérurgiques ; les grandes banques telles la Deutsche Bank, la DiscontoGesellschaft, la Dresdner Bank, etc. La plupart avaient atteint un très haut niveau de concentration : les Konzerne, groupes industriels à concentration verticale (l’IG Farben contrôlait toute sa chaîne de production chimique, de la source d’énergie au comptoir de vente), et les cartels, à concentration horizontale (les ententes entre les différentes sociétés du cartel de l’acier leur permettaient de contrôler près de 80 % de la production intérieure).
    Puissance économique, le grand patronat allemand était aussi une puissance politique du fait de la force de ses organisations professionnelles. Leur vocation était double : négocier avec les syndicats ouvriers (eux aussi très influents bien qu’également divisés en plusieurs tendances) ; discuter des questions de politique économique avec le gouvernement et l’administration.
    Il était donc logique qu’un parti aspirant au pouvoir cherche à se ménager les faveurs de ces groupes de pression qui pesèrent très lourd dans le destin de la république de Weimar, ou, tout au moins, de ne pas les compter parmi ses adversaires résolus. Or le NSDAP en était, semble-t-il, assez loin.
    Du fait de sa vocation « ouvrière », en effet, le Parti national-socialiste des travailleurs allemands n’avait guère de quoi susciter l’enthousiasme des grands industriels à l’origine. Le programme nazi en 25 points de 1920 demandait « la suppression des revenus obtenus sans travail et sans peine, et l’affranchissement de la servitude capitaliste », c’est-à-dire celle de l’intérêt (point 11), la confiscation des bénéfices de guerre (point 12), la nationalisation des Konzerne (point 13), la « participation » (sans autre précision) aux bénéfices des grandes entreprises (point 14), la remise des grands magasins à l’administration

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