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Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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Henry A. Turner, « aucun nom du grand capital industriel et financier n’accorda sa signature », à l’exception de Schacht lui-même, de Thyssen et du banquier von Schroeder, tous trois connus depuis longtemps pour leurs sympathies nazies 5 .

    Au total, les grands industriels et financiers firent preuve de passivité face à la nomination de Hitler. Bien que très divisés, la plupart étaient d’accord pour en finir avec le système parlementaire et pour favoriser l’avènement d’un régime présidentiel de nature plus autoritaire. Mais leurs préférences – et leur argent – allèrent beaucoup plus volontiers aux partis conservateurs et nationalistes.
    Leurs responsabilités dans l’effondrement de la république de Weimar ne doivent pas pour autant être minorées, même si toutes les analyses récentes insistent sur les faiblesses de l’ensemble des partis politiques et des groupes sociaux face à la montée du nazisme. Mais la perception traditionnelle du nazisme se trouve en revanche bouleversée. Le parti nazi, parti de masse, comptant sur l’énergie et la mobilisation de ses militants, n’eut pas besoin de l’argent du grand capital pour accéder au pouvoir. Il ne fut donc pas, après 1933, débiteur envers les milieux d’affaires.
    Dans les premières années du régime, les industriels s’accommodèrent assez bien de la nouvelle situation, au point de conclure une alliance tant avec l’État et le parti, qu’avec l’armée. Cette alliance se traduisit d’abord par la nomination de Schacht au ministère de l’Économie à l’été 1934. Dès 1933, il était redevenu président de la Reichsbank, poste qu’il conserva jusqu’en janvier 1939. Du 21 mai 1935 jusqu’en octobre 1936, il fut en outreplénipotentiaire général à l’Économie de guerre. Or, si Schacht n’avait pas entraîné de ralliements massifs avant 1933, il constitua un gage de sécurité pour des milieux d’affaires restés méfiants envers les projets des nazis.
    Cette alliance s’illustra ensuite par des soutiens importants des grands patrons au parti nazi, alors minoritaire dans le ministère de coalition constitué le 30 janvier 1933. Le 20 février, Göring parvint pour la première fois à obtenir des fonds substantiels en vue des élections législatives de mars 1933. Le 23 mars, jour du discours d’habilitation de Hitler au Reichstag, après une séance orageuse, la puissante Association de l’industrie allemande proclama, sous la houlette de Gustav Krupp et les violentes pressions de Fritz Thyssen, sa confiance envers le nouveau gouvernement.
    Ce revirement reposait en fait sur des intérêts communs plus que sur une communauté de vues. Hitler avait besoin des grands capitalistes pour mener à bien sa politique de réarmement et enclencher la lutte contre le chômage, qu’il exposa en personne aux industriels le 29 mai 1933. Ceux-ci comptaient sur le nouveau gouvernement pour assurer la stabilité économique, et surtout la stabilité sociale qui prit la forme d’une mise au pas de la classe ouvrière.
    Les premières lois promulguées par l’État nazi dans le domaine économique et social renforcèrent ainsi les structures capitalistes existantes. En juillet 1933, les lois sur la cartellisation et la concentration obligatoire entérinèrent la puissance déjà assise du capital monopoliste : entre 1931 et 1938, le nombre de sociétés par actions tomba d’environ 10 000 à un peu plus de 5 000, tandis que leur capital social moyen augmentait de 2,25 à 3,39 millions de Reichsmarks.

    La loi sur « la préparation organique de l’économie allemande », de février 1934, réorganisait celle-ci sur des bases apparemment nouvelles. Elle regroupait d’une part les secteurs et les branches d’activité au sein de sept Reichsgruppen et plus de 600 Fachgruppen et Unterfachgruppen. D’autre part, elle créait un réseau d’organisations territoriales : les 23 chambres économiques régionales, la seule réelle innovation, et une Chambre économique nationale du Reich. Mais, contrairement aux visées corporatistes de la tendance de gauche du parti, cette organisation fut essentiellement « horizontale » et non « verticale » : au lieu d’intégrer toute la chaîne de production, de l’ouvrier au patron, d’un même secteur ou d’une même branche, dans une organisation unique, elle établissait une séparation nette entre les sphères de direction et le monde du

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