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Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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montre d’autres exemples de ces mouvements de balancier, et il est certain qu’aujourd’hui les historiens font plus volontiers référence aux contradictions du régime nazi et aux limites du pouvoir de Hitler qu’à la scénographie impeccable de Nuremberg, devenue l’emblème trompeur d’une réalité diamétralement opposée. Singulier régime, dans tous les cas, que ce III e  Reich, puisque les analyses les plus contraires peuvent en être données : l’apparente toute-puissance d’un Führer-guide masquerait-elle la réalité d’un pouvoir qui, comme un attelage fou, échappait à toutes guides ?
    Les intentionnalistes semblent pourtant avoir beau jeu. Quel autre dirigeant posséda jamais autant de pouvoirs que Hitler, quel dirigeant se vit-il reconnaître un aussi grand pouvoir ? Certes, cela n’advint pas en quelques jours et bien du chemin fut parcouru depuis le moment où Hitler parvint à la tête d’un gouvernement dans lequel il se trouvait en minorité.
    S’appuyant sur les pleins pouvoirs octroyés par le Reichstag, mettant habilement à profit la pression de son parti et la pusillanimité de ses alliés conservateurs, il prend rapidement l’ascendant sur eux et fait tomber une à une les places fortes qui, dans la société, s’opposaient à l’expansion de son pouvoir. Mise au pas de toutes les associations et organisations de la vie politique et sociale, instauration du parti unique, centralisation du Reich par l’élimination des pouvoirs des Länder, tout cela s’est produit à une cadence difficilement imaginable en janvier 1933.
    Le tournant décisif est atteint dès 1934, après la mort de Hindenburg, lorsque Hitler joint à la fonction de chancelier celle de président du Reich, devenant à ce titre le chef suprême des forces armées. Peu de temps avant, une SA frondeuse a été brutalement décapitée, de sorte que, dans le parti comme dans l’État, rien ne menace plus, même lointainement, son hégémonie. Au surplus, les succès qu’il remporte commencent à le garantir contre de nouvelles turbulences.
    À l’intérieur, redémarrage de l’économie grâce à un réarmement massif qui fait fondre le chômage comme neige au soleil. À l’extérieur, politique des faitsaccomplis qui libère l’Allemagne des entraves du traité de Versailles : voilà qui assoit le régime et consacre la popularité de son chef.
    Dans le gouvernement, après la démission de Hugenberg et de Papen en 1933-1934, ce sont, en 1937-1938, les derniers représentants des forces conservatrices qui sont éliminés : le ministre de l’Économie Schacht, le « magicien » qui a su financer la relance économique mais qui renâcle devant les conséquences d’un réarmement massif ; le ministre des Affaires étrangères Neurath et celui de la Défense Blomberg, réticents envers une politique expansionniste désormais à l’ordre du jour. Ribbentrop remplacera le premier, tandis que Hitler reprendra lui-même la charge du second. En décembre 1941, il y ajoutera, après la démission de Brauchitsch, celle de commandant en chef de l’armée de terre.
    Pouvoir exécutif, pouvoir législatif, pouvoir judiciaire, il les assume tous et les confond dans sa personne, annulant un développement constitutionnel séculaire. Et ce n’est pas pour revenir à une monarchie absolue dont l’absolutisme paraît bien pâle en comparaison.
    Car, chef de l’État, Hitler est également chef d’un parti unique qui a entrepris de jeter sur la population les filets de ses organisations et de lui inculquer le nouvel évangile national. Ce n’est pas non plus pour renouer avec la tradition de la tyrannie à l’antique ou imiter un quelconque despotisme oriental. Car Hitler prétend aussi être le « Führer », le guide de la nation allemande. En août 1934, il a adopté la désignation officielle de « Führer et chancelier du Reich », marquant ainsi que la fonction étatique, constitutionnellement fixée, doit s’effacerau profit d’une nouvelle source de légitimité, aussitôt théorisée par de complaisants juristes.
    Le Führer est l’incarnation de la volonté objective de son peuple, lui seul a capacité à décider de son destin ; en conséquence de quoi son autorité est « libre et indépendante, exclusive et illimitée », et sa volonté la source de tout droit 27 .
    Cela pourrait n’être que broderies de juristes, mais il se trouve qu’aux pouvoirs formels dont nous avons

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