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Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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Führer, ces slogans devenaient un enjeu pour des paladins avides d’obtenir ses faveurs et qui les transformaient en réalité au terme d’un processus de surenchère constante.
    Hitler était-il aussi éloigné des affaires que le disent les fonctionnalistes ? Il est vrai qu’il manifestait peu d’intérêt pour certains domaines et que beaucoup de décisions prises sous le III e  Reich furent le résultat souvent erratique d’âpres marchandages entre ministères et organisations du parti bien plus que l’expression de sa volonté. Mais, d’un autre côté, il est certain qu’il tenait en main la politique militaire bien avant de devenir pendant la guerre un commandant en chef omniprésent, etqu’il conduisait sans partage la politique extérieure, décidant de la paix et de la guerre.
    Quant à la politique antijuive, il la suivait avec une attention soutenue, sans omettre les détails. Même si ses interventions dans les premières années du régime eurent un caractère plutôt sporadique, elles n’en fixaient pas moins la direction générale dans laquelle devaient se mouvoir ceux qui avaient à traiter de cette question.
    Que son idéologie ait été consistante et conséquente, comment en douter ? La définir comme une simple somme de refus et de rejets (l’antisémitisme. l’anticommunisme, l’antilibéralisme, etc.), c’est ignorer la doctrine raciste qui faisait sa cohérence et donnait de très concrètes directives pour passer à l’action.
    Serait-ce un hasard ? Le rôle de Hitler dans la politique du régime est d’autant plus direct et évident que la question concernée est plus proche du noyau de ses convictions. C’est lui qui imposa à des alliés conservateurs réticents la loi du 14 juillet 1933 prévoyant la stérilisation des personnes atteintes de maladies héréditaires ; c’est lui qui prit l’initiative de faire rédiger les fameuses lois de Nuremberg interdisant les rapports sexuels entre Juifs et Allemands ; c’est lui qui ordonna l’extermination des malades mentaux, de l’intelligentsia polonaise et des cadres de l’État soviétique ; c’est lui, enfin, qui conçut et lança la Solution finale.
    Même s’il subsiste des incertitudes sur les circonstances précises de cette derrière décision, on peut raisonnablement soutenir qu’il fut ici un acteur irremplaçable : s’il était mort au printemps 1941, aucun de ses lieutenants, Himmler compris, ne l’aurait vraisemblablement prise.
    En réalité, non seulement l’idéologie constitue uneclé essentielle pour comprendre la trajectoire du régime, mais elle peut également contribuer à rendre compte de son développement anarchique. En y voyant l’effet d’un calcul machiavélique, les intentionnalistes donnent une explication platement utilitariste à un phénomène qui avait partie liée avec deux dispositions idéologiques cruciales.
    D’une part, Hitler était un social-darwiniste convaincu ; dans la lutte pour la vie, le plus fort l’emporte, et c’est ainsi seulement que les sociétés s’améliorent. Les innombrables conflits qui opposaient ses subordonnés ne pouvaient donc que lui apparaître comme une école de sélection nécessaire et bénéfique, et il les acceptait d’autant plus volontiers que les questions en jeu se trouvaient en dehors de ses grands centres d’intérêt.
    D’autre part, la manière dont il concevait ses relations avec ses lieutenants était le revers logique de son attitude face à l’État. Sa méfiance envers l’administration, sa haine des juristes, qui sont abondamment documentées, découlaient d’une aversion profonde pour un type de rapports humains médiatisés par la loi, qui est par nature froide, impersonnelle et générale. Le lien personnel fondé sur la fidélité et la confiance, tel était son idéal, et l’on comprend que la fixation juridique des compétences, qui aurait seule permis de limiter les effets centrifuges du système, sortait de son cadre de pensée, lui était même antithétique.
    Plus profondément, ce rejet des institutions, accusées d’immobiliser artificiellement le « mouvement de la vie », et la préférence accordée au rapport d’homme à homme sur la relation de type rationnel-juridique exprimaient un refus de la civilisation moderne, dont l’État est une manifestation évidente.

    Hitler se montrait par là l’héritier fidèle d’une des tendances les plus anciennes du nationalisme allemand, qui

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