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Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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ses opposants, la gauche marxiste en premier lieu, dont les militants, par milliers, allèrent peupler les nouveaux camps de concentration, tel le sinistre camp de Mauthausen. Les Juifs, surtout, subirent de plein fouet la violence redoublée des nazis. Les humiliations dont ils furent les victimes dans les rues de Vienne, les pressions qui s’exercèrent sur eux pour qu’ils émigrent, et bientôt la spoliation de leurs biens dans tout le Reich forment un crescendo qui trouva ses points culminants dans l’expulsion sommaire des Juifs de la région des Sudètes, puis de 15 000 à 20 000 Juifs de nationalité polonaise résidant dans le Reich, et dans l’explosion de haine de la Nuit de cristal.
    Notes
    32 . Les Archives secrètes de la Wilhelmstrasse. T. I, De Neurath à Ribbentrop (septembre 1937-septembre 1938) , Plon, 1950, doc. 1, pp. 1-12.
    33 . Franz von Papen, chancelier en 1932, avait facilité l’ascension de Hitler au pouvoir. Hugenberg était chef des Casques d’acier, principale ligue paramilitaire de droite de l’époque.

La Nuit de cristal : récit d’un pogrom
    L’Histoire : La nuit du 9 au 10 novembre 1938 est restée dans l’histoire comme la « Nuit de cristal ». Pouvez-vous nous expliquer dans le détail ce qui s’est passé à ce moment-là ?
    Saul Friedländer : Le 7 novembre, un jeune Juif polonais habitant à Paris, Herschel Grynszpan, désireux de protester contre le sort réservé aux Juifs polonais, dont ses propres parents, brutalement chassés par-delà la frontière de Pologne, achète un revolver, se présente à l’ambassade d’Allemagne et est envoyé au bureau du premier secrétaire, Ernst vom Rath. Il lui tire dessus et le blesse mortellement : vom Rath vivra encore deux jours, jusqu’au 9.
    Or, tous les 9 novembre, les vétérans du parti nazi se réunissaient à Munich pour commémorer le putsch manqué de 1923 ; Hitler était toujours présent à ces réunions. Donc, le 9 dans l’après-midi, vom Rath meurt à Paris. Hitler l’apprend le soir à Munich. S’ensuit une conversation entre lui et Goebbels. On sait aujourd’hui, parce qu’un fragment du journal de Goebbels a été retrouvé en ex-Union soviétique et publié très récemment, que Hitler lui a donné à ce moment-là l’ordre demettre en route le mécanisme d’un pogrom à l’échelle nationale.
    Hitler parti, Goebbels fait devant les dignitaires du parti un bref discours leur annonçant que vom Rath est mort, utilisant cette formule ambiguë en fait parfaitement comprise par les assistants : là où la colère populaire se manifestera, il ne faudra pas que la police intervienne pour l’empêcher de s’exprimer. Ce qui signifie qu’il faut que la violence se déchaîne et que rien ne doit l’arrêter. Suivent des instructions très précises : il faut mettre le feu aux synagogues, détruire les magasins juifs.
    L’H. : Il s’est agi, du début à la fin, de crimes commis par les SS ?
    S. F. : C’était quelque chose de tout à fait organisé, et perpétré par des SA, des SS, des membres des Jeunesses hitlériennes et du Front du travail ; mais tous avaient reçu l’ordre de se présenter en civil pour donner l’impression qu’ils étaient des Allemands « ordinaires ».
    L’H. : Revenons à la soirée du 9. Une fois ces ordres donnés… ?
    S. F. : Cela se déclenche de la manière suivante : toute la vieille garde qui était présente à Munich – ce sont tous des Gauleiter (chefs régionaux) ou de très hauts membres du parti – se rue vers les téléphones pour informer ses troupes de ce qui vient d’être décidé. Et la machine se met en marche. Cela se passe partout de la même façon : les unités de SS et de SA se présentent à des points de rassemblement d’où elles se dirigent vers les quartiers juifs.
    Prenons un exemple précis, celui de la ville d’Innsbruck – l’Autriche a été annexée à l’Allemagne par l’Anschluss de mars 1938. Il y a encore quelquesfamilles juives à Innsbruck, bien que l’ordre ait été donné aux Juifs de province de se rassembler à Vienne s’ils ne pouvaient pas émigrer. De petits groupes de SS se rendent d’une adresse à l’autre et exécutent les responsables de la communauté, tandis que d’autres mettent à sac les magasins juifs et brûlent les synagogues. Richard Berger, le plus haut dignitaire de la communauté, est sorti de son lit et emmené en voiture, en pyjama ; on lui dit

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