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Le neuvième cercle

Le neuvième cercle

Titel: Le neuvième cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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grandir. On procéda donc à l’opération inverse, cette fois au milieu des vociférations et des horions émanant des membres du S.D. qui abandonnèrent toute retenue pour donner libre cours à leurs impulsions pathologiques. Et de nouveau, ce fut le départ. Toutefois, le terminus n’était pas éloigné. Il s’appelait Schlier (Reld-Zipf) et c’était un camp de travail S.S. qui ne se composait guère que de quatre baraques et d’une cuisine. Deux d’entre elles furent immédiatement mises à la disposition des arrivants auxquels on enjoignit d’être prêts à passer à l’exploitation dans un délai de trois semaines. La durée des journées de travail varia alors entre quatorze et seize heures. C’est au beau milieu de ces préparatifs que le Sturmbannführer fit un jour son apparition pour jeter cette phrase en guise d’adieu :
    — « Dans trois semaines, c’est moi qui porterai votre uniforme et vous le mien… Souvenez-vous de cela ! »
    — Il se sépara des S.S. à peu près de la même manière en leur disant :
    — « Rendez-vous dans trois semaines ! Vous savez où. »
    — Les déportés ne réagirent pas autrement tellement grande était leur crainte d’être déçus au moment où ils reprenaient espoir. Krüger fut remplacé dans ses fonctions par le S.S. Untersturmbannführer Hansch qui assuma la direction des travaux d’implantation. Sur ces entrefaites, on atteignit le 1 er mai. Le drapeau du camp fut mis en berne en signe de deuil, à la suite de l’annonce du décès d’Hitler. À partir de cette date, les événements se précipitèrent. De jour en jour, presque d’heure en heure, les prisonniers volèrent de surprise en surprise. De sources non contrôlables, la nouvelle se répandit que les Américains n’étaient plus qu’à 30 kilomètres du camp. Une agitation confinant bientôt à la panique s’empara des S.S. ; seul le Untersturmbannführer Hansch conserva, du moins apparemment, son calme. Finalement, cependant, il se rendit compte qu’il n’y avait plus rien à tenter. Il donna l’ordre de détruire tous les billets qui ne présentaient pas un caractère irréprochable. C’est dans ces conditions que, sous l’œil attentif des S.S., les billets de banque et les vignettes furent brûlés. Quant au matériel proprement dit, il fut empaqueté dans des caisses que l’on répartit dans des camions qui s’ébranlèrent sous le commandement de Hansch. Après quoi, le Hauptscharführer Werner s’avança vers les prisonniers à qui il fit cette déclaration :
    — « La situation nous oblige à abandonner le camp. Les machines ne bougeront pas. Pour nous, il n’y aura rien de changé car nous allons gagner les montagnes pour y travailler jusqu’à la victoire qui ne saurait manquer de venir. »
    — Ces paroles tombèrent dans un silence d’épouvante, prévoyant sa fin, l’assistance sentait ses forces se vider complètement.
    — Cette nuit-là, personne ne put trouver le sommeil. Au petit jour, une première colonne comprenant soixante-dix prisonniers se tint prête à partir. Burger faisait partie de ce contingent qui fut embarqué dans des camions. Il était muni, comme ses camarades, d’un balluchon contenant du linge de rechange et quelques objets provenant du camp de concentration. Mais comme la place était très mesurée, le Hauptscharführer Werner ordonna finalement de laisser les paquets à demeure.
    — Devant le refus opposé par les déportés, il les fit descendre à coups de matraque et les obligea à disperser leur viatique. Après quoi, ils remontèrent à bord des véhicules, suivis d’une volée de bourrades. Le convoi se mit alors en marche. Tous les passagers avaient nettement l’impression d’effectuer leur dernier voyage. Malgré tout, ils conservaient encore chevillé au corps un semblant d’espoir. Ils ne voulaient pas s’avouer totalement vaincus, et ils appréhendaient au milieu d’une tension extrême le moment où les camions aborderaient un carrefour, pour essayer de deviner le lieu de leur destination… Serait-ce… Mauthausen ? Alors c’était à coup sûr la chambre à gaz !
    — Les minutes s’écoulaient avec une lenteur désespérante. Brusquement, le croisement attendu surgit ; les voitures le dépassèrent pour s’engager ensuite dans une route donnant sur la gauche. Les transportés se sentirent soulagés d’un grand poids. Mais ils ignoraient toujours le but de leur déplacement. Au

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