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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Combien de temps prendra la traversée ?
    - Six ou sept semaines. ª Lizzie savait que c'était 260
    un minimum : si les vents détournaient le navire dt sa route, le voyage pouvait durer jusqu'à trois mois Les risques de maladie étaient alors beaucoup plu; grands. Toutefois, elle et Jay étaient jeunes, vigou reux et en bonne santé : ils survivraient. Et quelle aventure ce serait ! Elle avait h‚te de voir l'Amérique C'était un nouveau continent qu'elle allait découvrij et tout là-bas serait différent : les oiseaux, les arbres la cuisine, l'air, les gens. Elle en frissonnait chaque fois qu'elle y pensait.

    Elle habitait Londres depuis quatre mois et chaque jour la ville lui déplaisait davantage. La bonne société l'ennuyait à mourir. Elle et Jay dînaient souvent avec d'autres officiers et leurs épouses, mais les hommes discutaient parties de cartes et généraux incompétents. Les femmes ne s'intéressaient qu'aux chapeau* et aux domestiques. Lizzie était incapable de faire la conversation et, quand elle disait ce qu'elle pensait, elle les choquait toujours.
    Une ou deux fois par semaine, ils dînaient à Grosve-nor Square. Là, au moins, on parlait de choses réelles : les affaires, la politique, la vague de grèves et de troubles qui avait déferlé sur Londres ce printemps. Mais les Jamisson avaient sur les événements un poinl de vue résolument partisan. Sir George s'en prenait aux travailleurs, Robert prédisait une catastrophe et Jay proposait une intervention des militaires. Personne, pas même Alicia, n'avait assez d'imagination pour envisager le conflit du point de vue de l'autre camp. Lizzie n'approuvait pas, bien s˚r, la décision des travailleurs de se mettre en grève, mais elle estimait qu'ils avaient des raisons qui leur paraissaient valables. Jamais on n'admettait cette possibilité autour de la table soigneusement astiquée de Grosvenor Square.
    ´Je pense que vous allez être heureuse de retourner à Hallim House ª, dit Lizzie à sa mère.
    Mère acquiesça. ´ Les Jamisson sont très gentils, 261
    mais ma maison me manque, si modeste qu'elle soit. ª
    Lizzie rangeait dans un coffre ses livres préférés: Robinson Crusoé, Tom Jones, Roderick Random - rien que des récits d'aventures -, quand un valet frappa à la porte pour annoncer que Caspar Gordonson était en bas.
    Elle demanda à l'homme de répéter le nom du visiteur : elle avait du mal à
    croire que Gordonson oserait rendre visite à un membre de la famille Jamisson. Elle aurait d˚ refuser de le voir, elle le savait: il avait encouragé et soutenu la grève qui causait du tort aux affaires de son beau-père. Mais, comme toujours, la curiosité l'emporta ; elle dit au valet de le faire entrer dans le salon.
    Elle n'avait toutefois pas l'intention de lui réserver bon accueil. ´Vous avez causé pas mal de problèmesª, dit-elle en entrant.
    Elle fut surprise de ne pas trouver la brute agressive et pédante qu'elle s'attendait à voir, mais un homme myope à la mise peu soignée, avec une voix haut perchée et l'air d'un maître d'école distrait.
    ´Je vous assure que je n'en avais pas l'intention, dit-il. Enfin... si, bien s˚r... mais pas à vous personnellement.
    - Pourquoi êtes-vous venu ici ? Si mon mari était à la maison, il vous ferait jeter dehors.
    - Mack McAsh a été accusé d'incitation à l'émeute et conduit à la prison de Newgate. Il passera en jugement dans trois semaines à Old Bailey. C'est un crime passible de la pendaison. ª
    Ce rappel frappa Lizzie comme un coup au visage, mais elle dissimula ses sentiments. ´Je sais, dit-elle froidement. quelle tragédie... un vigoureux jeune homme avec toute sa vie devant lui.
    - Vous devez vous sentir coupable, dit Gordonson.
    - Stupide insolent! s'exclama-t-elle. qui a encouragé McAsh à penser qu'il était un homme libre ? qui

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    lui a dit qu'il avait des droits? Vous! C'est vous qui devriez vous sentir coupable !
    - Mais c'est bien le casª, dit-il calmement.
    Elle fut surprise: elle s'attendait à d'énergiques dénégations. L'humilité
    de l'avocat l'apaisa. Des larmes lui montèrent aux yeux, mais elle les refoula. Íl aurait d˚ rester en Ecosse.
    - Vous vous rendez compte que bien des gens reconnus coupables de crimes punis de mort ne finissent pas toujours au bout d'une corde ?
    - En effet. ª Bien s˚r, on pouvait garder espoir. Elle reprit un peu courage. Ćroyez-vous que Mack obtiendra une gr‚ce royale ?
    - Cela dépend de qui est

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