Le pays de la liberté
ses pieds, regardanl Mack d'un úil noir.
´Pouvez-vous porter Bess jusqu'à la maison? demanda Lizzie à Mack.
- Bien s˚r. ª II la prit dans ses bras.
Ils traversèrent les champs jusqu'à la maison et l'amenèrent dans la cuisine. quand Mack la déposa sur une chaise, elle avait repris conscience.
Sarah, la cuisinière, était une Noire entre deux ‚ges toujours en sueur.
Lizzie l'envoya chercher le cognac de Jay. Après une gorgée, Bess déclara qu'à part des côtes endolories elle se sentait très bien et qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle s'était évanouie. Lizzie lui dit de manger quelque chose et de se reposer jusqu'au lendemain.
En quittant la cuisine, elle remarqua l'air grave de Mack. ´ qu'y a-t-il ?
demanda-t-elle.
- J'ai d˚ avoir un coup de folie, dit-il.
- Comment pouvez-vous dire une chose pareille? protesta-t-elle. Lennox a désobéi à un ordre que je lui donnais !
- C'est un homme vindicatif. Je n'aurais pas d˚ l'humilier.
- Comment peut-il se venger de vous ?
- Facilement. C'est lui le régisseur.
- Je ne le permettrai pas, déclara Lizzie d'un ton décidé.
- Vous ne pouvez pas me surveiller toute la journée.
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- que le diable l'emporte. ª Elle ne pouvait pas laisser Mack subir les conséquences de ce qu'il avait
fait.
´Je m'enfuirais bien si je savais o˘ aller. Avez-vous jamais vu une carte de Virginie ?
- Ne faites pas cela. ª Elle plissa le front d'un air songeur, puis une idée lui vint. ´Je sais ce qu'il faut faire : vous pouvez travailler dans la maison. ª
II sourit. ´J'aimerais bien. Mais je ne vaudrais sans doute pas grand-chose comme maître d'hôtel.
- Non, non... pas comme domestique. Vous pourriez vous charger des travaux. Il faut que je fasse repeindre et installer la nursery. ª
II prit un air méfiant. ´ Vous parlez sérieusement ?
- Bien s˚r !
- Ce serait... ce serait merveilleux d'échapper à Lennox.
- Et moi, je me sentirais plus en sécurité si vous n'êtes pas loin. Moi aussi, j'ai peur de Lennox.
- Avec raison.
- Il va vous falloir une chemise neuve, un gilet et des chaussures d'intérieur. ª
Elle était ravie à l'idée de l'habiller convenablement.
´quel luxe! fit-il avec un grand sourire.
- C'est décidé, dit-elle d'un ton déterminé. Vous pouvez commencer tout de suite. ª
Les esclaves de la maison commencèrent par se montrer un peu grincheux quand on leur parla de la fête. Ils regardaient de haut ceux qui travaillaient aux champs. Sarah, notamment, n'était pas contente à l'idée de devoir faire la cuisine pour ćette racaille qui mange de la bouillie et du pain de maÔsª. Mais Lizzie les traita de snobs, les amadoua et, au bout du compte, ils se mirent de la partie.
Le samedi au coucher du soleil, tout le personnel de la cuisine préparait un banquet. Pepper Jones, le joueur de banjo, était arrivé ivre à midi.
McAsh lui avait fait boire des litres de thé, puis l'avait fait dor-348
mir dans un appentis et maintenant il était dégris( Son instrument se composait de quatre cordes e boyau tendues sur une calebasse et émettait un son mi-chemin entre un piano et un tambour.
Tout en circulant dans la cour pour vérifier les prt paratifs, Lizzie se sentait tout excitée. Elle attenda la fête avec impatience. Bien s˚r, elle n'allait pas s joindre aux réjouissances : elle devait jouer la Dam généreuse, sereine et hautaine. Mais elle serait ravi de regarder les autres s'amuser.
quand la nuit tomba, tout était prêt. On avait mi en perce un nouveau tonneau de cidre. Plusieur gros jambons grésillaient sur des feux en plein ail Des centaines de patates douces cuisaient dans de marmites d'eau bouillante. Et de longs pains blanc de quatre livres attendaient d'être tranchés.
Lizzie marchait de long en large, impatiente, atten dant que les esclaves rentrent des champs. Elle espé rait qu'ils allaient chanter. Elle les avait parfoi entendus, de loin, entonner des mélodies plaintives 01 des chansons de travail bien rythmées, mais ils s'arré taient toujours quand un des maîtres approchait.
Comme la lune se levait, les vieilles arrivèrent d leurs cases, leur bébé
sur la hanche et les petits qu commençaient à marcher traînant dans leurs jupes Elles ne savaient pas o˘ étaient ceux qui travaillaien aux champs : elles les nourrissaient le matin, puis n les voyaient pas avant la fin de la journée.
Les autres savaient qu'ils devaient venir à la mai son ce soir. Lizzie avait dit à Kobe de
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